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Les yeux de Leilan

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Une amalyse ondula dans la verdure. La jeune fille la prit délicatement dans sa main. La<br />

plante glissa sur son poignet, formant un gros bracelet.<br />

— Donne-moi ta main, je vais faire venir cette amalyse sur ton bras, proposa-t-elle. Si tu<br />

contrôles ta peur, elle ne te fera rien. Pense à quelque chose d’agréable et <strong>de</strong> doux.<br />

Axel n’aimait pas la chose gluante. La sentir sur sa peau ne l’inspirait pas du tout, mais il<br />

avait confiance en cette merveilleuse nymphe <strong>de</strong>s bois. Penser à quelque chose <strong>de</strong> doux avec<br />

elle n’était pas difficile. Il suffisait <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r ses lèvres rosées délicatement <strong>de</strong>ssinées pour<br />

rêver <strong>de</strong> poser les siennes <strong>de</strong>ssus. Agréable et doux. Il contempla chaque grain <strong>de</strong> sa peau<br />

satinée pour s’arrêter sur ses <strong>yeux</strong>. Quel bleu !<br />

Sans qu’il s’en aperçoive, l’amalyse venait sur son poignet. Ce fut lorsqu’il sentit un<br />

contact aussi doux que <strong>de</strong> la soie qu’il le réalisa. Il regarda la plante ; sensible à ses<br />

sentiments, elle <strong>de</strong>venait d’un blanc éblouissant et passait en caresse. Axel n’aurait jamais<br />

pu croire qu’elle serait si veloutée et si légère !<br />

La jeune fille en <strong>de</strong>meurait bouche bée.<br />

— Jamais une seule <strong>de</strong> mes amalyses n’a pris cette couleur, murmura-t-elle comme pour<br />

elle-même. Il reste toujours <strong>de</strong>s reflets verts… Tu peux sortir <strong>de</strong>s Bois Obscurs ! Tu ne crains<br />

plus rien <strong>de</strong>s amalyses ! s’écria-t-elle joyeusement. Tu en as conquis une et les autres le<br />

sauront…<br />

Le glapissement d’un aigle passant au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la forêt l’interrompit brutalement. Elle se<br />

leva d’un bond. En quelques secon<strong>de</strong>s, l’amalyse revint sur son poignet et toutes celles qui se<br />

trouvaient dans l’eau en sortirent pour reprendre leur place sur son corps. La jeune fille<br />

rassembla plusieurs herbes déjà coupées ; elle partait. Pourquoi ? L’insouciance avait disparu<br />

<strong>de</strong> son visage, et Axel lisait même <strong>de</strong> l’inquiétu<strong>de</strong> dans son regard.<br />

Il se leva et la retint par la main. Il pouvait la protéger si elle était en danger ! Elle se<br />

retourna, saisie par sa présence. Elle semblait l’avoir oublié pendant un instant.<br />

— Je… je dois m’en aller. <strong>Les</strong> charatons vont te conduire jusqu’à l’orée <strong>de</strong> la forêt, près<br />

d’un village. Il ne pleuvra pas cette nuit mais il fera très froid. Tu ne peux pas rester avec tes<br />

vêtements mouillés.<br />

Elle ajouta un au revoir navré en plongeant son regard dans le sien. Mais Axel serra sa<br />

main. Il se moquait du temps, <strong>de</strong> la nuit et du froid !<br />

— Je ne peux savoir ni ton nom, ni qui tu es ? !<br />

— Trop indiscret ! lança-t-elle en lui glissant <strong>de</strong>s doigts.<br />

Elle allait se sauver <strong>de</strong>rrière le ri<strong>de</strong>au <strong>de</strong> feuillage coulant et rampant d’un saule quand<br />

elle se ravisa, un sourire d’enfant malicieux sur les lèvres.<br />

— Fais attention, les charatons sont principalement carnivores !<br />

Elle disparut sur cette pirouette, laissant Axel anéanti par sa fuite. Elle s’était volatilisée<br />

tellement vite, si brusquement !<br />

— Trop indiscret ? !<br />

Il secoua lentement la tête sans comprendre et resta un moment immobile. Nis, qui avait<br />

réussi à trouver un moyen pour rejoindre son maître, lui poussa le dos <strong>de</strong> son nez dégorgeant<br />

d’herbe. Axel se retourna et posa la main sur son chanfrein. Il caressa tout songeur les<br />

naseaux blancs.<br />

Des grognements le firent sortir <strong>de</strong> ses pensées : les petites bêtes se disputant<br />

auparavant <strong>de</strong>s fruits l’avaient entouré. Guère plus grosses qu’une main, elles affectaient<br />

chacune une agressivité étonnante : poils hérissés, griffes acérées sorties et <strong>yeux</strong> rouges,

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