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Les yeux de Leilan

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Axel avait raison. On s’écartait maintenant sur son passage. Le jeune homme avait<br />

l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s entrées théâtrales <strong>de</strong> son oiseau et ne s’en souciait plus. Il se contenta <strong>de</strong> lire<br />

la missive sans prêter attention aux regards émerveillés qui désormais le suivaient.<br />

Le prince Cédric se mourait d’impatience et, à la lecture <strong>de</strong> la lettre d’Axel, il n’avait pu<br />

s’empêcher <strong>de</strong> rêver un peu plus sur Leïlan : il le pressait <strong>de</strong> courir jusqu’au château royal et<br />

<strong>de</strong> rentrer avec une <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> la princesse Éline, s’il ne pouvait pas obtenir un message<br />

<strong>de</strong> sa part.<br />

Axel sourit. Il se <strong>de</strong>mandait lequel avait raison, <strong>de</strong> Cédric ou <strong>de</strong> Philip. Fallait-il croire aux<br />

pouvoirs <strong>de</strong>s Fées à en oublier sa propre vie ou, au contraire, rester incrédule et froid jusqu’à<br />

l’événement final ? Peu importait, il avait hâte <strong>de</strong> voir la tête <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>vant leur princesse<br />

respective. Il était impatient <strong>de</strong> voir leur bonheur se concrétiser. Ils étaient ses frères.<br />

Il s’éloignait <strong>de</strong>s étals <strong>de</strong>s marchands et <strong>de</strong> leurs cris. <strong>Les</strong> rues <strong>de</strong> la ville s’élevaient <strong>de</strong><br />

plus en plus et les maisons se raréfiaient, laissant place à <strong>de</strong>s ateliers, <strong>de</strong>s logis d’artisans,<br />

ceux <strong>de</strong>s domestiques du château, puis se trouvaient les pressoirs et les lavoirs alimentés<br />

d’une source provenant <strong>de</strong> la Montagne Blanche. Le palais, à l’écart, se dressait en partie sur<br />

un mont du même nom que la ville. Sa base, entourée <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>s douves reliées à la mer<br />

et au lac du Passage <strong>de</strong>s Cinq Rivières, était recouverte <strong>de</strong> lierre vert et <strong>de</strong> fleurs blanches.<br />

Rien ne laissait penser que la peur avait envahi ce lieu. À part peut-être le silence. <strong>Les</strong><br />

drapeaux azur assombris par la lumière grise flottaient aux tourelles. Seul un léger<br />

chuintement s’entendait dans les bannières aux lunes d’argent.<br />

Pendant qu’Axel se restaurait avant <strong>de</strong> partir, les Acéens lui avaient appris que toute la<br />

noblesse du pays ou <strong>de</strong> passage s’était cloîtrée dans le château, désertant ainsi les comtés et<br />

les duchés <strong>de</strong>puis l’apparition du Masque. Seul Korta-le-fourbe s’aventurait à l’extérieur pour<br />

commettre ses crimes. Le jeune homme allait pénétrer dans un mon<strong>de</strong> véritablement séparé<br />

<strong>de</strong> la réalité par un fossé.<br />

En empruntant une interminable passerelle au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s douves colorées d’un bleu<br />

étrange, Axel ressentit un léger malaise. Il eut même l’impression <strong>de</strong> percevoir cette o<strong>de</strong>ur<br />

particulière <strong>de</strong>s Brumes Infernales. Il crut à une simple appréhension <strong>de</strong> sa part et il la<br />

négligea. Pourtant, une vague suivit le moindre pas <strong>de</strong> Nis sous les planches.<br />

Dépassant quatre têtes <strong>de</strong> pont, il trouva contre toute attente le pont-levis baissé, mais<br />

une herse aussi. Deux gar<strong>de</strong>s se trouvaient en faction avec le visage <strong>de</strong> marbre habituel. À<br />

son arrivée, l’expression ne varia pas, mais ils croisèrent leurs armes d’hast en signe d’arrêt.<br />

Axel posa pied à terre et leur expliqua – plusieurs fois – le but <strong>de</strong> sa visite, mais leur<br />

comportement n’évolua pas. À bout <strong>de</strong> patience, il sortit la missive <strong>de</strong> son roi <strong>de</strong> sa bourse<br />

<strong>de</strong> cuir et brandit le sceau royal étoilé sous leurs nez. Un homme apparut subitement dans la<br />

bretèche et la herse se leva. Sans prononcer un mot, il fit signe au jeune homme <strong>de</strong><br />

s’approcher et <strong>de</strong> le suivre.<br />

Axel fut outré <strong>de</strong> cette manière d’accueillir les gens. Il était peut-être d’allure miteuse,<br />

crotté <strong>de</strong>s pieds jusqu’à la taille, mais son roi recevait n’importe lequel <strong>de</strong> ses sujets, et tout<br />

voyageur, sans se soucier <strong>de</strong> leur apparence. <strong>Les</strong> habitants <strong>de</strong> ce château <strong>de</strong>vaient être bien<br />

précieux pour négliger l’arrivée d’un messager d’un pays voisin.<br />

Tout râleur, il s’avança dans la cour quand une vision terrible faillit l’arrêter : trois<br />

hommes aux cheveux platine attendaient dans les écuries que le palefrenier finissent <strong>de</strong><br />

seller leurs chevaux ! <strong>Les</strong> Scylès n’étaient pas directement partis après leur défaite comme il<br />

l’aurait cru ! <strong>Les</strong> <strong>de</strong>ux guerriers du matin portaient <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>aux sur les <strong>yeux</strong>, mais le chef à

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