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Devant <strong>de</strong>s flammes<br />
Axel se leva en milieu <strong>de</strong> matinée. Il <strong>de</strong>scendit ensommeillé, encore empreint <strong>de</strong> ses<br />
rêves, le corps toujours présent avant l’esprit. Ophélie rougit à son arrivée : elle s’était jetée<br />
dans ses bras, la veille, parce qu’il lui avait ramené sa petite sœur. Elle espérait qu’Axel ne<br />
se soit pas imaginé n’importe quoi sur son compte. Elle le trouvait bien séduisant, mais son<br />
cœur était déjà pris par un autre homme aux <strong>yeux</strong> verts.<br />
Le jeune homme était loin <strong>de</strong> se préoccuper <strong>de</strong> la sorte. Depuis qu’il avait envoyé son<br />
pavallois vers Pandème, il avait du mal à penser à autre chose qu’à sa belle mystérieuse.<br />
Malgré les Fées, il avait rêvé d’elle encore toute la nuit et il était décidé à la revoir.<br />
Accoudé au comptoir près <strong>de</strong>s fourneaux, il questionna Ophélie sur le lieu le plus probable<br />
pour rencontrer la Fille-aux-<strong>yeux</strong>-bleus. Avec un air faussement candi<strong>de</strong>, la jeune fille<br />
s’approcha <strong>de</strong> lui en essuyant ses mains pleines <strong>de</strong> farine sur un torchon :<br />
— Elle essaye d’être partout, à chaque endroit où nous avons besoin <strong>de</strong> ses soins. Comme<br />
elle l’a été pour toi. Ne la cherche pas, tu ne la trouveras pas ainsi. Continue ton chemin.<br />
Avec <strong>de</strong> la chance, elle réapparaîtra.<br />
Axel lui sourit : ce peuple ne savait décidément pas parler sans mystères ! Il <strong>de</strong>vait se<br />
satisfaire <strong>de</strong> ne plus être quelqu’un à éviter. Bien, il allait poursuivre son chemin vers le<br />
palais, mais par les abords <strong>de</strong> la forêt puisque c’était sa seule piste !<br />
Il allait la saluer et partir quand il se ravisa :<br />
— Dis-moi, est-ce que les Yeux-d’Utahn ont un rapport avec Utahn Qashiltar, le Haut<br />
commandant <strong>de</strong>s armées <strong>de</strong> Scyl ?<br />
— Oui… ce sont trois guerriers scylès.<br />
Sur le moment, Axel fut effondré d’avoir vu juste. Il avait déjà côtoyé le pouvoir <strong>de</strong> ces<br />
hommes, lors <strong>de</strong> visites <strong>de</strong>s différents États belliqueux <strong>de</strong>s Pays Insolites. Il avait été plus<br />
d’une fois mal à l’aise et pris au dépourvu par leurs regards. Il se rendait compte qu’il avait<br />
tout intérêt à les éviter, pour le message qu’il portait et pour lui-même.<br />
— Ils sont au château, ou dans la campagne ? voulut-il savoir.<br />
— N’importe où. Ils sont arrivés <strong>de</strong>puis une <strong>de</strong>mi-lune. Ils vont et viennent dans les<br />
villages, restent ou non près <strong>de</strong> Korta-le-fourbe. C’est difficile à savoir. Ils cherchent <strong>de</strong>s<br />
informations sur le Masque ou la Fille-aux-<strong>yeux</strong>-bleus. Ils sauront que tu les as vus.<br />
Axel resta pensif un instant puis son regard tomba sur le petit déjeuner qu’Ophélie allait<br />
porter dans la salle <strong>de</strong>s repas. Il engloutit un gros morceau <strong>de</strong> fromage <strong>de</strong> brebis et prit une<br />
grosse galette beurrée très tentante.<br />
— Je ne crois pas que cela les avancera à grand-chose, mais je saurai tenir compte <strong>de</strong> ton<br />
avertissement. Merci pour tout, Ophélie.<br />
Il remercia aussi les villageois pour leur accueil et leurs vivres, et reprit sa route sur sa<br />
monture vigoureuse.<br />
Le soleil avait eu du mal à percer. Le ciel était encore blanc et brumeux. Axel ne voyait<br />
plus le château royal. Plus vaporeux, le temps n’enlevait plus les distances aujourd’hui.<br />
Traversant un immense champ <strong>de</strong> lin, le jeune homme se laissa emporter par le flot <strong>de</strong> fleurs<br />
bleues qui ondulaient sous la brise telles les vagues d’une mer calme. Puis, comme il l’avait<br />
décidé, il longea la forêt par l’intérieur enveloppé dans un air chaud et immobile. Nis trottait