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n’a pas parlé pour vous ? !<br />
— Je ne sais pas… Curiosité féminine. Mais votre lettre ne prouve rien, répondit-elle en se<br />
redonnant du courage. Vous étiez <strong>de</strong>stiné à ma <strong>de</strong>uxième sœur, si j’ai bien compris vos<br />
paroles. Elle est morte <strong>de</strong>puis longtemps, or votre frère est heureux <strong>de</strong> savoir que vous<br />
aimez une femme.<br />
— Ce n’est pas pour cela que j’en serai aimé, déclara-t-il froi<strong>de</strong>ment.<br />
— Je n’ai jamais dit que le duc m’aimait.<br />
— Alors pourquoi voulez-vous l’épouser ? Cédric vous aime.<br />
— Il aime un rêve. Je n’y corresponds certainement pas.<br />
— Acceptez donc <strong>de</strong> le rencontrer. Vous verrez ensemble vos erreurs.<br />
Éline resta un moment silencieuse, puis céda :<br />
— Soit. Je ne pense pas que d’ici là Korta ait tué le Masque.<br />
Axel crut bondir au prénom. L’esprit perdu par son amour et ses frères, il n’avait pas fait<br />
le rapprochement entre le duc d’Alekant et Korta-le-fourbe. La révélation se montrait <strong>de</strong><br />
taille, mais il jugea préférable <strong>de</strong> ne rien montrer. Son rôle n’était pas <strong>de</strong> dévoiler les<br />
véritables agissements <strong>de</strong> celui-ci et du Masque. Il n’était pas sensé en savoir autant sur les<br />
<strong>de</strong>ux personnages. Il retint son étonnement et poursuivit la discussion comme si <strong>de</strong> rien<br />
n’était. Trop accaparée par ses propres pensées, Éline ne s’en rendit pas compte.<br />
— Je n’ai pas été présenté à cet homme, mais je suis sûr que Cédric terrassera le Masque<br />
en premier.<br />
Éline eut le même haussement d’épaules que son père et laissa passer un brin <strong>de</strong> silence<br />
pour suivre ses pensées.<br />
— C’est <strong>de</strong> la Fille-aux-<strong>yeux</strong>-bleus que parle le prince Cédric dans sa lettre ? C’est elle que<br />
vous aimez ?<br />
— Oui, répondit Axel avec franchise.<br />
— J’aurais tellement souhaité la rencontrer un jour. On dit qu’elle soigne tous les maux.<br />
Peut-être aurait-elle le pouvoir <strong>de</strong> sauver Éloïse ? Vous l’avez revue <strong>de</strong>puis ?<br />
— Oui. Mais je l’ai <strong>de</strong> nouveau perdue.<br />
Il se laissa bercer par ses propres paroles. <strong>Les</strong> <strong>yeux</strong> égarés sur la falaise <strong>de</strong> la Forêt<br />
Interdite, il espérait la voir apparaître.<br />
Éline s’appuya aussi sur la fenêtre taillée dans l’épaisseur <strong>de</strong> la pierre, et fixa <strong>de</strong> même le<br />
paysage. Elle n’avait pas perdu son envie <strong>de</strong> mourir, mais l’existence d’une personne pouvant<br />
sauver sa sœur, et donc la sauver elle-même, apaisait son désespoir. La Fille-aux-<strong>yeux</strong>-bleus<br />
existait vraiment. Il suffisait d’observer le regard d’Axel pour le croire. Une espérance était<br />
née et son cœur se posait la même question que le jeune homme : où était-elle ?<br />
Éléa s’assit en renversant la tête en arrière. <strong>Les</strong> quelques cheveux non retenus par sa<br />
large tresse se collèrent à sa peau. Elle avait chaud. L’entraînement s’était montré assez<br />
douloureux. Elle s’étira, son léger corsage glissa sur son épaule gauche.<br />
— Tiens-toi bien, digne <strong>de</strong> ton rang ! corrigea Jerry.<br />
Il s’assit en face d’elle dans une petite salle isolée sur un côté du Grand Arbre. Éléa se<br />
redressa, serra les pieds et ses jambes entrelacées d’amalyses, rétablit son corsage, tira<br />
légèrement sur sa jupe pour qu’elle parvienne le plus près possible <strong>de</strong> ses genoux, et sourit<br />
innocemment à Jerry. Il n’avait pas envie <strong>de</strong> rire. Qu’avait-il donc <strong>de</strong> si sérieux à lui dire ?<br />
— Je ne t’ai pas caché ton i<strong>de</strong>ntité parce qu’il était trop hasar<strong>de</strong>ux que tu relèves tes