You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Traître<br />
Des cris d’oiseaux résonnèrent dans les oreilles d’Éléa. Sortant <strong>de</strong>s brumes du sommeil,<br />
elle redressa la tête. Le soleil réchauffait déjà le sol détrempé. Elle était toujours dans les<br />
bras d’Axel. Un puissant glapissement la secoua : un <strong>de</strong> ses oiseaux éclaireurs était passé<br />
près <strong>de</strong> la petite ouverture. Elle se précipita vers celle-ci. Le mouvement réveilla le jeune<br />
homme.<br />
— Que se passe-t-il ? grommela-t-il, dépouillé <strong>de</strong> son rêve.<br />
Elle se pencha à l’ouverture, bascula même. Axel prit peur et la rattrapa avant l’acci<strong>de</strong>nt.<br />
— Des soldats ! <strong>Les</strong> pleutres ! !! fit-elle avec rage. Ils s’atten<strong>de</strong>nt à ce que nous soyons<br />
déjà partis ! Et <strong>de</strong>ux Scylès ! ! ! Ils ont différé leur départ ! Cette fois, ils vont avoir <strong>de</strong>s<br />
nouvelles d’Erwan et <strong>de</strong>s miennes !<br />
Elle allait pour se ruer sur ses bottes quand les bras d’Axel la retournèrent.<br />
— Non ! Tu m’as dit que tu ne pouvais pas encore te battre aujourd’hui !<br />
— Tu te prends pour Jerry ? ! Laisse-moi partir !<br />
— Je n’ai jamais dit que cet oiseau <strong>de</strong> malheur était idiot ! Je ne veux pas que tu fasses<br />
une bêtise qui pourrait avoir <strong>de</strong> graves conséquences !<br />
Il la retenait. Il n’était jamais raisonnable pour lui-même !<br />
— Axel, tu m’ennuies, prévint-elle en perdant patience.<br />
— Et si tu ne peux plus bouger pendant trois jours supplémentaires après ? Ou même plus<br />
encore ? As-tu pensé à ces éventualités ?<br />
Il avait touché le point sensible.<br />
— As-tu une meilleure solution ou continues-tu à me faire perdre mon temps alors qu’ils<br />
arrivent ?<br />
— Oui… tu vas me donner une chemise noire, un foulard et ton masque.<br />
— Tu es fou ? !<br />
— Tu n’as pas le choix, stipula-t-il. Et tu peux le faire, c’est… moins qu’une cape.<br />
— Ce n’est pas le problème…<br />
Il avait déjà enlevé sa chemise et la jetait sur le côté. Il lui tendit une main ouverte avec<br />
<strong>de</strong>s <strong>yeux</strong> impatients.<br />
— Alors, dépêche-toi <strong>de</strong> prendre une décision, ils approchent. J’entends <strong>de</strong>s cris.<br />
<strong>Les</strong> oiseaux avaient fini par réveiller tout le mon<strong>de</strong> et les villageois avaient enfin aperçu<br />
le pourquoi <strong>de</strong> leur agitation. Une trentaine <strong>de</strong> soldats arrivaient par l’est.<br />
Victoire céda. Elle porta la main à sa chaîne et ferma les <strong>yeux</strong> en prévision <strong>de</strong><br />
l’aveuglement passager. Elle fit apparaître une chemise et un foulard qu’elle jeta à Axel. Elle<br />
siffla son cheval aussi dignement qu’un gamin <strong>de</strong>s rues et s’assit sur une botte <strong>de</strong> foin dans<br />
un coin. Elle était vexée ou plutôt blessée : elle n’aimait par être éconduite au rang <strong>de</strong>s<br />
inutiles. En plus, elle s’inquiétait pour Axel. Elle le regarda s’habiller discrètement. Elle se<br />
rassura <strong>de</strong>vant la découpe <strong>de</strong> son dos doré par le soleil <strong>de</strong> son pays. Utilisée à bon escient,<br />
sa musculature <strong>de</strong>vrait lui permettre d’en arrêter plus d’un.<br />
Axel finit par mettre ses bottes et s’approcha d’elle. Posant les mains <strong>de</strong> part et d’autre du<br />
corps <strong>de</strong> la jeune fille, il pencha son visage vers le sien.<br />
— N’interviens pas, s’il te plaît. J’ai eu un très bon maître d’armes, moi aussi.