DOSSIER专 栏© Imagine ChinaLes prix <strong>de</strong>s logements n’ont cessé <strong>de</strong> grimper obligeant l’employé qui veut <strong>de</strong>venir propriétaire à aller vivre en lointaine banlieue. 房 价 不 断 攀 升 , 致 使 想 买 房 的 公 司 职 员 只 能 到 远 郊 生 活 。Prix immobiliers : l’esca<strong>la</strong><strong>de</strong>Après être montés en flèche, les prix <strong>de</strong> l’immobilier, pilier essentiel <strong>de</strong> <strong>la</strong> croissance, s’infléchissenten réponse aux mesures anti-spécu<strong>la</strong>tion.Le Chinois moyen qui rêve <strong>de</strong> <strong>de</strong>venirpropriétaire <strong>de</strong> son logement n’a généralementpas le choix. Il sait qu’acquérir unappartement l’obligera à <strong>de</strong>s sacrifices financiers,parce que les prix ne cessent <strong>de</strong>grimper. Corol<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> l’achat : l’éloignementdu lieu <strong>de</strong> travail. Durant <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière décennie,en eff<strong>et</strong>, les prix <strong>de</strong>s logements n’ontcessé <strong>de</strong> grimper obligeant l’employé oul’enseignant chinois qui veut <strong>de</strong>venir propriétaireà passer chaque jour beaucoup <strong>de</strong>temps dans les transports. « A Pékin, les prix<strong>de</strong>s logements qui ne cessent <strong>de</strong> grimperne sont plus à <strong>la</strong> portée <strong>de</strong> <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>shabitants », expliquait, il y a peu, un analysteà l’AFP.Le problème <strong>de</strong> <strong>la</strong> cherté du logementn’est évi<strong>de</strong>mment pas circonscrit à <strong>la</strong> seulecapitale. Dans les autres gran<strong>de</strong>s villeschinoises, l’immobilier — pilier essentiel<strong>de</strong> <strong>la</strong> croissance en <strong>Chine</strong> — affiche souvent<strong>de</strong>s montants assortis <strong>de</strong> taux <strong>de</strong> croissanceannuels à <strong>de</strong>ux chiffres. Les donnéesrécentes du Bureau national <strong>de</strong>s statistiquesen attestent : <strong>de</strong> mars 2009 à mars 2010, <strong>la</strong>hausse <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s logements dans lesgran<strong>de</strong>s villes chinoises a été, en moyenne,<strong>de</strong> 11,7%. Quant au prix <strong>de</strong>s terrains, il aurait,sur <strong>la</strong> même pério<strong>de</strong>, grimpé en moyenne<strong>de</strong> 25%, d’après le ministère <strong>de</strong>s Terrains<strong>et</strong> <strong>de</strong>s Ressources. Comparé au premiertrimestre 2009, le produit intérieur brut <strong>de</strong><strong>la</strong> <strong>Chine</strong> a grimpé <strong>de</strong> 11,9% au premier trimestre2010.EmballementC<strong>et</strong> emballement <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> l’immobiliern’a évi<strong>de</strong>mment pas échappé à <strong>la</strong> Banquemondiale qui, fin mars 2010, conseil<strong>la</strong>it auxautorités chinoises <strong>de</strong> calmer le jeu <strong>et</strong> <strong>de</strong>prendre rapi<strong>de</strong>ment une série <strong>de</strong> mesuresvisant à encadrer le crédit <strong>et</strong> à réguler certainstaux d’intérêts. Un an auparavant, enpério<strong>de</strong> <strong>de</strong> sale temps boursier, <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>,dans <strong>la</strong> foulée <strong>de</strong> son p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> re<strong>la</strong>nce, avaitaffiché, en moyenne sur toute l’année 2009,un taux <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> 8,7%. Durant leseul <strong>de</strong>rnier trimestre 2009, <strong>la</strong> croissanc<strong>et</strong>ournait autour <strong>de</strong> 11 %. Soit un pourcen-120Connexions / juill<strong>et</strong> 2010
L’urbanisation 城 市 化tage supérieur aux prévisions ! En instaurantdébut 2009, dans le cadre du p<strong>la</strong>n <strong>de</strong>re<strong>la</strong>nce, une nouvelle politique monétairecib<strong>la</strong>nt le marché immobilier <strong>et</strong> assortied’une injection <strong>de</strong> 763 milliards d’euros<strong>de</strong> prêts, <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> avait vu juste. Le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong>re<strong>la</strong>nce chinois avait porté ses fruits, maisen 2010, les crédits ayant explosé <strong>et</strong> les prixétant repartis à <strong>la</strong> hausse (12,8% en glissementannuel, d’avril 2009 à avril 2010, dansles 70 villes chinoises les plus importantes),le gouvernement chinois a choisi <strong>de</strong> resserrerl’étau.Sale temps pour les propriétaires ?Tenant compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> menace qui pesait surl’économie chinoise mais aussi sur <strong>la</strong> stabilitésociale du pays, il a édicté une série<strong>de</strong> mesures draconiennes visant à enrayer<strong>la</strong> spécu<strong>la</strong>tion. Fin avril 2010, ces mesuresanti-spécu<strong>la</strong>tion étaient mises en p<strong>la</strong>ce.La première mesure « coup d’arrêt à <strong>la</strong> spécu<strong>la</strong>tion» visait les propriétaires d’au moinsun logement <strong>et</strong> qui souhaitaient en acquérirun <strong>de</strong>uxième, voire un troisième. C<strong>et</strong>tecatégorie-là s’est vu infliger <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong>crédits immobiliers supérieurs d’au moins1,1% aux taux directeurs. En outre, contrairementaux primo-acquéreurs qui peuventse contenter <strong>de</strong> verser 40% du prix, ceuxqui sont déjà propriétaires doivent s’acquitterd’au moins 50% du prix d’achat. Enfin,à l’égard <strong>de</strong> ceux qui possè<strong>de</strong>nt déjà <strong>de</strong>uxpropriétés <strong>et</strong> souhaitent en acquérir un<strong>et</strong>roisième, le Conseil d’Etat invite les banquesà être fermes en n’accordant pas <strong>de</strong>crédits à tout candidat multipropriétaire.C<strong>et</strong>te mesure s’applique aussi aux personnesqui veulent acquérir un bien dans uneville, mais qui, <strong>de</strong>puis un an au moins, n’yont payé ni impôts ni cotisation sociale.A côté <strong>de</strong>s mesures imposées aux propriétaires,le gouvernement chinois s’est attaquéaux entreprises publiques : 78 d’entreelles ont été contraintes <strong>de</strong> se r<strong>et</strong>irer dumarché <strong>de</strong> l’immobilier, parce qu’ellesauraient participé à <strong>la</strong> hausse <strong>de</strong>s prix.65,4 millions <strong>de</strong> logements vi<strong>de</strong>sQuant aux promoteurs, ils ont été priés <strong>de</strong>ne pas accumuler les appartements dansleur portefeuille immobilier, mais plutôt<strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> les vendre. Reste à savoirsi les promoteurs ont vraiment l’intention<strong>de</strong> suivre ce conseil en m<strong>et</strong>tant envente sur le marché, d’un seul coup, les65,4 millions <strong>de</strong> logements vi<strong>de</strong>s, •••Real estate,une valeur sûre à long terme ?Qu’il y ait une révision ou une réévaluationdu marché immobilier n’est pas faux, reconnaîtGuo Bai, attachée sectorielle économie<strong>et</strong> finance du service économique <strong>de</strong> l’ambassa<strong>de</strong><strong>de</strong> France en <strong>Chine</strong>.En 2009 <strong>et</strong> au début <strong>de</strong> 2010, <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> acommencé à imposer <strong>de</strong>s ajustementsréglementaires — pas si imperceptiblesque ce<strong>la</strong> — ausecteur <strong>de</strong> l’immobilier, visantnotamment une limitation du « Toutnombre <strong>de</strong> biens que peutacquérir tout propriétairechinois.Reste que, contrairement à <strong>la</strong>pratique internationale, <strong>la</strong> pratiquechinoise ne calque pasle prix d’un bien sur sa valeur<strong>de</strong> location ou sur le niveau <strong>de</strong>vie moyen <strong>de</strong>s ménages. En<strong>Chine</strong>, les loyers d’une habitation n’ont pasréellement bougé <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années, assureGuo Bai. En revanche, le prix <strong>de</strong> vente <strong>de</strong>slogements continue <strong>de</strong> grimper. Une augmentation<strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> l’immobilier à l’achatou à <strong>la</strong> vente ne signifie pas nécessairementqu’une bulle est en train <strong>de</strong> se former ouse formera, prévient l’attachée sectoriellequi s’interroge sur <strong>la</strong> spécu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>l’immobilier. Les prix vont-ils continuer <strong>de</strong>grimper ou vont-ils, à un moment donné,s’effondrer <strong>la</strong>mentablement ? Aujourd’hui,personne ne peut le prédire.Les optimistes ou ceux qui estiment quel’immobilier constitue un bon paraventcontre les risques d’inf<strong>la</strong>tion continuerontcertainement d’ach<strong>et</strong>er <strong>de</strong>s biens, poursuitl’attachée. Dans les limites désormais imposées.De nombreux riches Chinois, qui ciblentles p<strong>la</strong>cements immobiliers, affirmentcependant qu’à Pékin en particulier, il n’y apas (ou plus) <strong>de</strong> bonnes options d’investissementfinancier sur le long terme. Et, <strong>de</strong>leur côté, les investisseurs se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ntpour combien <strong>de</strong> temps encore le prixdu mètre carré grimpera, en particulier aucœur <strong>de</strong> Pékin.appartement<strong>la</strong>issé vi<strong>de</strong>n’est soumisà aucun<strong>et</strong>axe .»Les plus-values <strong>et</strong> les zones d’ombreDepuis plusieurs années, beaucoup <strong>de</strong>biens neufs (appartements pour <strong>la</strong> plupart)sont vendus cash à <strong>de</strong>s candidats propriétairesqui n’ont nullement l’intention <strong>de</strong> s’yinstaller. Laissés vi<strong>de</strong>s, les appartementsne sont pas souvent mis en location, insistel’attachée sectorielle.Etonnant ? Non, celui quiachète un appartement<strong>et</strong> le <strong>la</strong>isse totalement vi<strong>de</strong>attend tout simplementque le prix <strong>de</strong> reventegrimpe — ce qui s’estpassé ces <strong>de</strong>rnières années— afin <strong>de</strong> le recé<strong>de</strong>r,assorti d’une soli<strong>de</strong> plusvalue.Celle-ci n’est pas<strong>la</strong> seule bonne aubainedu ven<strong>de</strong>ur : tout appartement<strong>la</strong>issé vi<strong>de</strong> n’est soumis à aucun<strong>et</strong>axe tandis que, par une sorte <strong>de</strong> règlementtacite, le futur propriétaire <strong>de</strong> l’appartements’acquitte, en cash, <strong>de</strong> <strong>la</strong> transaction. Unezone d’ombre <strong>de</strong> plus pour <strong>la</strong> cote <strong>de</strong>s valeursimmobilières…Autre donne importante du marché <strong>de</strong>l’immobilier en <strong>Chine</strong> : les ach<strong>et</strong>eurs nesont pas soumis à <strong>la</strong> loi d’airain, pourtantuniverselle, <strong>de</strong> l’offre <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Lefait qu’il y ait beaucoup <strong>de</strong> biens à vendresur le marché, à Pékin ou dans une autre villechinoise, n’engendre pas une diminutionautomatique <strong>de</strong>s prix ! Au contraire, même.Les Chinois ne manquent pas <strong>de</strong> liquidité <strong>et</strong>le crédit est toujours bon marché.Quant aux fonctionnaires chinois attachésau secteur <strong>de</strong> l’immobilier, ils éviteraienttout simplement <strong>de</strong> tuer <strong>la</strong> poule aux œufsd’or. Selon l’un d’entre eux qui s’est exprimésous couvert <strong>de</strong> l’anonymat, l’administration<strong>de</strong>s biens immobiliers aurait aussi seszones d’ombre : les montants empochéspar les gouvernements provinciaux proviendraient,à plus <strong>de</strong> 50%, <strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong>stransferts immobiliers. Pourquoi changerune métho<strong>de</strong> gagnante ? •Christine SimonConnexions / juill<strong>et</strong> 2010 121