Urbanisation de la Chine, utopie et réalité d o ssier - ccifc
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DOSSIER专 栏La popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> municipalité est celle<strong>de</strong> l’ensemble du territoire administratifqui inclut <strong>de</strong> <strong>la</strong> campagne. La popu<strong>la</strong>tionlocale est <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l’agglomérationurbaine proprement dite, détentriced’un hukou local. La popu<strong>la</strong>tion urbain<strong>et</strong>otale est celle <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nts<strong>de</strong> l’agglomération, y compris leswaidiren. Le recensement <strong>de</strong> 2000* est unebonne référence pour évoquer les problèmesstatistiques dans le calcul <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<strong>de</strong>s villes chinoises car il a permis<strong>de</strong> comptabiliser pour <strong>la</strong> première fois lespopu<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> migrants. On remarqueral’écart extraordinaire entre <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<strong>de</strong> <strong>la</strong> municipalité <strong>de</strong> Chongqing <strong>et</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tionurbaine. Il faut en eff<strong>et</strong> savoirque sur le territoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> municipalité <strong>de</strong>Chong-qing, <strong>de</strong> nombreux espaces sontconsacrés à l’agriculture ou à <strong>de</strong>s paysagesnaturels. Autre écart frappant, celuientre <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion urbaine locale <strong>et</strong> <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion urbaine totale pour Shenzhen<strong>et</strong> Dongguan.*Les chiffres compilés par J-F Doul<strong>et</strong> s’inspirentdu recensement <strong>de</strong> 2000 <strong>et</strong> <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> KamWing Chan (Université <strong>de</strong> Washington).•••habitants qui comptent pour près<strong>de</strong> 80% du total. Par contre, <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>compte re<strong>la</strong>tivement peu <strong>de</strong> villes intermédiaires.Et les experts estiment que,dans le contexte chinois, trop d’entre ellesn’atteignent pas une taille suffisante pourenclencher un cercle économique vertueux.Il est possible qu’à terme, <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>connaisse une forte dichotomie entre <strong>de</strong>smégalopoles bien ancrées dans <strong>la</strong> mondialisation<strong>et</strong> le reste du système urbain à <strong>la</strong>traîne. C’est pourquoi, <strong>de</strong>puis les années 80,<strong>de</strong>s stratégies politiques ont visé à rééquilibrerce système urbain. La plus récente,qui date du début <strong>de</strong>s années 2000, intitulée« Développement du Grand Ouest »,cherche à valoriser les villes du centre <strong>et</strong> <strong>de</strong>l’ouest <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>.C. : Où en est le taux <strong>de</strong> croissance urbain annuel?J.-F. D. : Depuis le début <strong>de</strong>s années 90, l<strong>et</strong>aux <strong>de</strong> croissance urbain se situe entre2,5 <strong>et</strong> 3% par an 1 , soit <strong>de</strong> 16 à 19 millionsd’urbains supplémentaires par an — untiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion française ou <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tionentière <strong>de</strong> <strong>la</strong> Roumanie. C’est un <strong>de</strong>staux les plus élevés du mon<strong>de</strong>. Ce chiffrecorrespond au taux <strong>de</strong> croissance réel,établi grâce aux calculs critiques <strong>et</strong> scientifiquesd’experts chinois <strong>et</strong> internationaux.Le chiffre officiel, lui, n’est que <strong>de</strong> 1%. Mais lerecensement <strong>de</strong> 2000 a mis en évi<strong>de</strong>nce legrand écart entre les statistiques officielles,dont le critère est seulement l’acquisitionou non d’un hukou urbain, <strong>et</strong> <strong>la</strong> réalité physique<strong>de</strong> <strong>la</strong> présence <strong>de</strong>s nouveaux urbainsen ville (voir graphique 1). Comme il estdifficile d’anticiper sur les comportementsmigratoires, il est impossible d’affirmer <strong>la</strong>permanence <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te présence physique.Lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise économique <strong>de</strong> 2008-2009,quelques millions <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nts urbains <strong>de</strong><strong>la</strong> faça<strong>de</strong> littorale sont effectivement r<strong>et</strong>ournésdans leur vil<strong>la</strong>ge natal. Mais ils ensont revenus. Et les experts indépendantsestiment aujourd’hui que l’urbanisationchinoise est structurelle, avec un processusmigratoire <strong>de</strong> plus en plus permanent.Certains d’entre eux récusent pourtant l<strong>et</strong>erme d’ « exo<strong>de</strong> rural » puisqu’il n’y a pasdétachement total du mon<strong>de</strong> rural <strong>et</strong> queles paysans migrants restent très attachésà leur vil<strong>la</strong>ge où ils envoient <strong>de</strong> l’argent,<strong>la</strong>issent leurs enfants <strong>et</strong> reviennent régu-46Connexions / juill<strong>et</strong> 2010