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Urbanisation de la Chine, utopie et réalité d o ssier - ccifc

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L’urbanisation 城 市 化Dans ses campagens publicitaires, Dior est passé <strong>de</strong> l’image <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme fatale (ostentatoire) à celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> jeune fille en fleur (empathique). 在 迪 奥 的 广 告 宣 传 中 , 女 主 角 的 形 象 从 有 着 不 可 抗 拒 的 诱 惑 力 的 女 人 ( 卖 弄 风 情 ) 变 成 了 花 漾 少 女 ( 有 亲 和 力 )。© Imagine China© DRsent. Leur intelligence <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommationne porte pas seulement sur <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>tion(meilleur rapport qualité/prix) mais aussipar <strong>la</strong> maîtrise du symbolique. Bref, ils n’ontaucun complexe avec <strong>la</strong> consommation.C. : Pouvez-vous nous donner <strong>de</strong>s exemples <strong>de</strong>réussite <strong>de</strong> marques internationales ?C. B. : Les Chinois que j’ai rencontrés lors<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te enquête atten<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s marquesqu’elles leur racontent une histoire. II sontsensibles aux marques pionnières. Ainsi,le fait qu’une marque ait été <strong>la</strong> première à« faire confiance » aux Chinois compte. C’estle cas pour Nokia, vénérée pour avoir été<strong>la</strong> première à commercialiser <strong>de</strong>s portablesdotés <strong>de</strong> caractères chinois ou <strong>de</strong> Vuittonpour avoir voulu très tôt vendre <strong>de</strong>s sacs àtoutes les Chinoises. Du côté <strong>de</strong> l’accompagnementdans <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>rnité, Nike estplébiscité. « J’ai le même confort à porterNike que d’aller à <strong>la</strong> pêche », nous a-t-onconfié. Dans toute <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>, certaines marquesperm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> se sentir bien, entier,en accord avec le mon<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rne. Quantaux marques chinoises, Lining par exemple,elles sont plutôt considérées comme <strong>de</strong>scopies <strong>et</strong> suscitent moins d’intérêt. « Quandje porte une marque chinoise, personne neva me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce que c’est ; donc je n’intéressepas. »C. : Les marques nationales émergent-elles dansles villes du « second tiers » ?C. B. : Dans certaines villes, on adore l’idéeque bientôt <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>s marques nationalessera aussi bonne que celle <strong>de</strong>s marquesinternationales. « Ce sera <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> ségrégationcontre le ma<strong>de</strong> in China », entendon.Si les signes extérieurs continuent d’êtrevéhiculés par les marques internationales,les marques nationales sont massivementprésentes dans <strong>la</strong> maison : produits b<strong>la</strong>ncs(Haier), alimentation <strong>et</strong> alcools. A <strong>la</strong> différence<strong>de</strong> Pékin <strong>et</strong> Shanghai, les alcoolsétrangers se boivent à l’extérieur dans cesvilles, où nous avons observé une volonté<strong>de</strong> consommer chinois, une affection pourles marques nationales <strong>et</strong> locales les marquesinternationales étant plutôt réservéesà l’ostentation formelle.C. : Quelle marge <strong>de</strong> manœuvre ont les marquesinternationales dans ces villes ?C. B. : La marque internationale doit raconter<strong>de</strong> <strong>la</strong> nouveauté, <strong>de</strong> l’ouverture,<strong>de</strong> <strong>la</strong> culture, quelque chose en plus. Pourl’instant, les marques chinoises n’offrentrien <strong>de</strong> nouveau. Elles ne véhiculent pasce supplément <strong>de</strong> sens par-<strong>de</strong>là le produitqui donne aux marques internationalesune longueur d’avance. Mais celles-ci nedoivent pas s’arcbouter sur <strong>la</strong> qualité <strong>et</strong>l’ostentatoire. Elles doivent plutôt faire résonnerleur symbolisme <strong>de</strong> façon subtile,spécifier leur luxe <strong>et</strong> trouver <strong>de</strong>s passerellesentre les systèmes <strong>de</strong> valeurs chinois <strong>et</strong> occi<strong>de</strong>ntaux,mais aussi japonais, coréens, <strong>et</strong>c.selon les cas. Ce<strong>la</strong> ne veut pas dire siniser nim<strong>et</strong>tre Confucius à toutes les sauces, maisfaire <strong>de</strong> l’observation fine. Qu’est-ce quibloque ? Qu’est-ce qui amuse ? Qu’est-cequi, après tout, n’est pas si différent ? Avec <strong>la</strong>montée en qualité <strong>de</strong>s marques chinoises,seules les marques internationales empathiquesavec <strong>la</strong> culture chinoise auront dusuccès. Celles qui se contentent <strong>de</strong> favoriserl’ostentation connaîtront <strong>de</strong>s revers. Lesmarques internationales doivent pouvoirdire qu’elles sont à <strong>la</strong> pointe <strong>de</strong> <strong>la</strong> technique,<strong>de</strong> l’innovation, <strong>de</strong> <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>rnité <strong>et</strong>qu’elles reconnaissent <strong>la</strong> société chinoise.« Miss Dior » a réussi à p<strong>la</strong>ire à <strong>de</strong>s p<strong>et</strong>itesjeunes filles qui cachent leur parfum dansleur sac, parce que ce parfum raconte lecôté un peu sulfureux du Dior international<strong>et</strong> que, en même temps, Sofia Coppo<strong>la</strong>photographie, une très p<strong>et</strong>ite fille toute enrose qui « s’adresse à moi sans me prendrepour une nouille ». Pour réussir, les marquesinternationales doivent entrer en résonanceavec quelque chose <strong>de</strong> chinois, <strong>de</strong> manièr<strong>et</strong>rès contemporaine. Elles doivent proposerune belle échappée hors <strong>de</strong>s contraintesdu symbolique. Lorsque Lancôme sort leparfum « Miracle », ça marche parce que,comme nous le confiait une mère <strong>de</strong> 30ans, qui vit avec ses beaux parents, « Miracle» évoquait une maison, avec un balcond’où regar<strong>de</strong>r au loin. « Magnifique », autresuccès, table sur l’image <strong>de</strong> l’actrice AnneHathaway, à <strong>la</strong> fois p<strong>et</strong>ite princesse <strong>et</strong> diablequi s’habille en Prada. •Propos recueillis par Anne GarrigueConnexions / juill<strong>et</strong> 2010 129

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