协 会associations© DRFormation (le centre a formé plus <strong>de</strong> 10 000 femmes <strong>de</strong>puis son ouverture en 1998) <strong>et</strong> soutien psychologique pour les femmes rurales.Centre <strong>de</strong> Développement Culturel <strong>de</strong>s Femmes Rurales <strong>de</strong> PékinDu magazine Rural Women à <strong>la</strong> création d’une ONG activeDepuis plus <strong>de</strong>15 ans, c<strong>et</strong>te association chinoise s’engage pour l’amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> condition <strong>de</strong>s femmesruralesEn 1993, une équipe <strong>de</strong> femmes engagéesfon<strong>de</strong>, avec le soutien <strong>de</strong> l’influente Fédération<strong>de</strong>s Femmes <strong>de</strong> <strong>Chine</strong> 1 , le magazineRural Women qui a pour vocation <strong>de</strong>contribuer à l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> condition <strong>de</strong><strong>la</strong> femme dans les campagnes en diffusant<strong>de</strong>s connaissances sur <strong>la</strong> santé, le droit, lestechniques agricoles, le commerce <strong>et</strong>c.Distribué dans une vingtaine <strong>de</strong> provincesle magazine est lu par plusieurs dizaines<strong>de</strong> millions <strong>de</strong> paysannes. Des reportagesdressent le portrait <strong>de</strong> femmes qui confientleurs espoirs <strong>et</strong> leurs maux. Véritable fenêtresur <strong>la</strong> situation <strong>de</strong>s femmes dans lescampagnes chinoises, <strong>la</strong> publication estsoutenue par <strong>de</strong>s mécènes comme <strong>la</strong> FondationFord qui a <strong>la</strong>rgement contribué àson financement.Forte <strong>de</strong> sa connaissance du terrain, XieLihua, <strong>la</strong> fondatrice <strong>et</strong> éditrice en chef <strong>de</strong>Rural Women, prend conscience <strong>de</strong> l’évolutionrapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s déséquilibres villes-campagnes<strong>et</strong> mesure les conséquences engendréespar l’immense vague <strong>de</strong> travailleursruraux qui migrent vers les villes <strong>de</strong> <strong>la</strong> côteEst. Soutenue par <strong>la</strong> 4 e Conférence Mondialesur les Femmes <strong>de</strong> l’ONU (Pékin,1995) ainsi que par <strong>de</strong>s ONG internationales,elle déci<strong>de</strong> d’ouvrir à Pékin le Club<strong>de</strong>s Femmes Migrantes (CFM) en 1996<strong>et</strong> le Centre <strong>de</strong> Formation Pratique pourles Femmes Rurales (CFPFR) en 1998.« Nous nous sommes rapi<strong>de</strong>ment renducompte que les paysannes venues à Pékinpour trouver du travail sont souvent démunies<strong>et</strong> vulnérables. Sans éducation, ellesignorent leurs droits, ne sont pas forméesaux métiers urbains <strong>et</strong> ont parfois besoin<strong>de</strong> soutien psychologique. Le club animeaujourd’hui un réseau <strong>de</strong> 2 000 femmes àPékin. Depuis 10 ans nous en avons aidéplus <strong>de</strong> 10 000. Des activités régulièresvisent à sortir les femmes <strong>de</strong> leur isolementsocial, à les informer <strong>et</strong> conseiller sur leursdroits au travail, leur santé <strong>et</strong>c., via <strong>de</strong>s ateliersou notre hotline. De plus, le club a <strong>la</strong>spécificité d’être géré par <strong>de</strong>s femmes migrantes.», explique Wu Zhiping, l’actuellesecrétaire générale <strong>de</strong> l’association.Rapi<strong>de</strong>ment, une équipe <strong>de</strong> volontaires seconstitue, les programmes se multiplient <strong>et</strong>le CFPFR diversifie ses activités : cours <strong>de</strong>management <strong>et</strong> <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> coopérativerurale, formation en gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> personnesâgées, couture, informatique… Le centrereçoit dans ses locaux <strong>de</strong> Pékin environ1 300 étudiantes par an, venues <strong>de</strong> toute <strong>la</strong><strong>Chine</strong>, <strong>et</strong> a formé plus <strong>de</strong> 10 000 femmes<strong>de</strong>puis son ouverture en 1998. Les stagessont gratuits <strong>et</strong> durent d’une semaine àtrois mois.En 2001, afin <strong>de</strong> garantir l’indépendancefinancière <strong>et</strong> stratégique <strong>de</strong>s activités, XieLihua déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> regrouper les <strong>de</strong>ux entités<strong>et</strong> les différents programmes sous <strong>la</strong>forme d’une ONG 2 , <strong>la</strong> première en <strong>Chine</strong>dédiée aux femmes rurales ou migrantes :le Centre <strong>de</strong> Développement Culturel <strong>de</strong>sFemmes Rurales <strong>de</strong> Pékin.146 Connexions / juill<strong>et</strong> 2010
Aujourd’hui, l’ONG emploie 60 personnes,<strong>et</strong> possè<strong>de</strong> une équipe d’une centaine<strong>de</strong> volontaires parmi lesquels un réseaud’avocats bénévoles spécialisés dans ledroit du travail. Les ressources financièresproviennent pour moitié <strong>de</strong> l’étranger :subventions gouvernementales (UnionEuropéenne, Etats-Unis, Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne,Australie…), fondations, mécènes…Actuellement, l’accent est mis sur <strong>la</strong> recherche<strong>de</strong> subventions d’entreprises. Lecentre souhaiterait recevoir le soutien <strong>de</strong>pays étrangers pour l’ai<strong>de</strong>r à professionnaliserses équipes afin d’améliorer <strong>la</strong> qualité<strong>de</strong>s programmes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s formations.Des programmes pilotesA<strong>la</strong>rmés par les statistiques dramatiquesconcernant le suici<strong>de</strong> <strong>de</strong>s femmes dans lescampagnes, (selon l’Organisation Mondiale<strong>de</strong> <strong>la</strong> Santé, <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> est le seul paysdans le mon<strong>de</strong> où le suici<strong>de</strong> concerne plus<strong>de</strong> femmes que d’hommes), l’ONG déci<strong>de</strong><strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en p<strong>la</strong>ce à partir <strong>de</strong> 2000un programme pilote <strong>de</strong> prévention danssix vil<strong>la</strong>ges <strong>de</strong> <strong>la</strong> province du Hubei oùles taux <strong>de</strong> suici<strong>de</strong>s, ou <strong>de</strong> tentatives, sontanormalement élevés.Selon Mme Wu « dans le p<strong>et</strong>it vil<strong>la</strong>ge <strong>de</strong>Qinglong, 20 femmes s’étaient suicidées<strong>et</strong> 23 femmes avaient fait <strong>de</strong>s tentatives <strong>de</strong>为 农 家 女 提 供 培 训 ( 自 1998 年 开 办 以 来 , 中 心 培 训 了 上 万 名 妇 女 ) 和 心 理 支 持© DRsuici<strong>de</strong>. Nous les avons réunies dans ungroupe <strong>de</strong> prévention animé par <strong>de</strong>s psychologuesqui les ont accompagnées versle r<strong>et</strong>our à l’estime <strong>de</strong> soi. Nous nous sommesrendu compte que souvent <strong>la</strong> violenceconjugale ou <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é étaient <strong>la</strong> cause<strong>de</strong> leur désespoir. Ces 23 femmes vontbeaucoup mieux désormais <strong>et</strong> aucune d’ellesn’a <strong>de</strong> nouveau tenté <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre fin à sesjours. Il faut dire qu’au départ nous avonsété mal accueillis par les autorités localesqui avaient peur que nous accentuionsleurs problèmes en nous mê<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> ce quine nous regardait pas, mais avec ces résultatspositifs, les autorités sont désormais<strong>de</strong> notre côté. De même, nous avons p<strong>et</strong>ità p<strong>et</strong>it inclus les hommes dans le groupe<strong>de</strong> prévention <strong>et</strong> nous les avons aidés àprendre conscience <strong>de</strong> leurs erreurs dansleur re<strong>la</strong>tion conjugale. Certains marissont <strong>de</strong>venus volontaires <strong>de</strong> notre ONG,c’est un vrai succès selon nous. ».Les proj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> l’ONG évoluent à <strong>la</strong> vitesse<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>Les changements économiques <strong>et</strong> sociauxtrès rapi<strong>de</strong>s dans les campagnes contraignentl’ONG à adapter ses programmesaux nouvelles problématiques rencontréespar les femmes.Selon madame Wu : « Beaucoup <strong>de</strong> parentsqui sont partis travailler provisoirementdans les villes déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> s’yinstaller <strong>et</strong> font venir leurs fils pour leursdonner une meilleure éducation. Mais lesfill<strong>et</strong>tes sont <strong>la</strong>issées dans les campagnes<strong>et</strong> sont élevées par les grands-parents, ou,dans bien <strong>de</strong>s cas, livrées à elles-même ».L’ONG a initié <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> protection<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> ces fill<strong>et</strong>tes qui durantl’adolescence ne reçoivent pas d’éducationsexuelle <strong>et</strong> qui sont plus vulnérablesaux abus.Désormais, les programmes s’é<strong>la</strong>rgissentégalement vers d’autres popu<strong>la</strong>tions :programme <strong>de</strong> soutien psychologiquepour <strong>de</strong>s personnes âgées isolées dans lequartier <strong>de</strong> Dongcheng à Beijing ou dansles vil<strong>la</strong>ges, campagnes <strong>de</strong> formation pourles femmes élues dans les vil<strong>la</strong>ges 3 …Jusqu’à présent, l’une <strong>de</strong>s actions les plusimportantes du centre était le programmed’alphabétisation : plus <strong>de</strong> 350 c<strong>la</strong>ssespour femmes organisées chaque annéedans les campagnes. « Aujourd’hui, lespaysannes n’ont plus seulement besoind’apprendre à lire, elles ont besoin <strong>de</strong>se cultiver, <strong>de</strong> lire pour apprendre <strong>de</strong>sconnaissances, d’aller sur Intern<strong>et</strong> pours’ouvrir <strong>et</strong> é<strong>la</strong>rgir leur regard. », dit MmeWu. « C’est pour ce<strong>la</strong> que nous avons crééen 2008 un programme <strong>de</strong> bibliothèquesrurales qui sont non seulement <strong>de</strong>s lieuxculturels mais aussi <strong>de</strong>s centres où créerun lien social. » Les bibliothèques ruralessont re<strong>la</strong>tivement simples à installer <strong>et</strong> nenécessitent pas un gros investissement :50 000 Rmb. « Nous avons déjà ouvert40 bibliothèques rurales <strong>de</strong>puis 2008 <strong>et</strong>nous envisageons d’en ouvrir 80 c<strong>et</strong>teannée. Les bibliothèques sont tenues par<strong>de</strong>s femmes qui reçoivent durant trois ansune formation dans notre centre <strong>de</strong> Pékin.Ce sont principalement <strong>de</strong>s entreprisesou <strong>de</strong>s mécènes qui financent ce type <strong>de</strong>proj<strong>et</strong>, c’est un excellent moyen pour uneentreprise étrangère <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> <strong>la</strong> RSEen <strong>Chine</strong>. » •F l or e C oppi nSite Intern<strong>et</strong> : www.nongjianv.org/english/1 www.women.org.cn/english2 Sur les ONG en <strong>Chine</strong> lire l’article publié sur le site <strong>de</strong>l’ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong> France en <strong>Chine</strong> : http://www.ambafrancecn.org/Etat-<strong>de</strong>s-lieux-<strong>de</strong>s-ONG-chinoises.html?<strong>la</strong>ng=fr; sur lestatut <strong>de</strong> l’ONG « Centre Culturel <strong>et</strong> <strong>de</strong> Développement <strong>de</strong>sFemmes Rurales <strong>de</strong> Pékin » : http://www.nongjianv.org/web/english/aboutus/askedquestions.html3 Voir le site Intern<strong>et</strong> Women Vil<strong>la</strong>ge Head (en chinois) : http://www.nvcunguan.org/Connexions / juill<strong>et</strong> 2010 147