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Urbanisation de la Chine, utopie et réalité d o ssier - ccifc

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L’urbanisation 城 市 化gouverneur <strong>de</strong> <strong>la</strong> province qui lui-mêmevous perm<strong>et</strong>tra d’accé<strong>de</strong>r au secrétaire duParti <strong>de</strong> <strong>la</strong> province <strong>et</strong> ce n’est qu’aprèsce<strong>la</strong> que vous pourrez envisager <strong>de</strong> remonterau niveau d’un vice-ministre, puis« Ledu ministre. C’est ainsique je m’inscris dans cemarché aux opportunitésconsidérables. L’inversene marche pas. Sije vais voir un ministre endisant que c’est Wen Jiabaoqui m’envoie, il aural’impression d’être prispour un p<strong>et</strong>it garçon.Il me recevra aimablementmais rien n’en sortira.Et si je reviens vers le maire, il n’aurapas envie <strong>de</strong> me faire travailler. Alors quesi je suis monté au somm<strong>et</strong> grâce à lui <strong>et</strong>que je vienne le remercier, il m’en sera reconnaissantcar je lui aurai donné <strong>de</strong> <strong>la</strong>face. Si vous ne donnez pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> face auxgens, vous n’obtiendrez rien en <strong>Chine</strong>, enparticulier <strong>de</strong>s pouvoirs publics qui ont<strong>la</strong> haute-main sur <strong>la</strong> ville. Il faut gar<strong>de</strong>ren vue que, quelque soit l’organisationadministrative <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>, le politiquecontinue à prédominer, alors que, dansnos pays occi<strong>de</strong>ntaux, l’économique apris le pas sur le politique.C. : Une question délicate : <strong>de</strong>vez-vous faire faceà beaucoup <strong>de</strong> corruption pour faire avancer vosaffaires ?J. M. : Pas plus qu’ailleurs. La corruption estpartout dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> construction.Nier que ce<strong>la</strong> existe serait ne pas comprendrece qu’est l’être humain, croirenaïvement en sa pur<strong>et</strong>é. Nous sommestous <strong>de</strong>s Janus. La faça<strong>de</strong> lisse <strong>et</strong> aimableest adossée à une faça<strong>de</strong> <strong>de</strong> brute.Ce<strong>la</strong> dit, en <strong>Chine</strong>, actuellement, je croisque le sens du <strong>de</strong>voir est plus développéqu’ailleurs, avec bien sûr <strong>de</strong>s excès <strong>et</strong> <strong>de</strong>szones noires.C. : Ne craignez-vous pas qu’à terme, les Chinoishésitent à confier à <strong>de</strong>s étrangers <strong>la</strong> maîtrise <strong>de</strong>leur approvisionnement en eau ?J. M. : Non. Le croire serait une aberration.En <strong>Chine</strong>, aucune société ne possè<strong>de</strong>l’eau qui reste <strong>la</strong> propriété <strong>de</strong> l’Etat chinois,selon <strong>la</strong> page 9 <strong>de</strong> <strong>la</strong> constitution <strong>de</strong> <strong>la</strong>RPC réécrite en 1982, qui stipule que lesressources naturelles ne peuvent être cédéesà personne. Nous nous contentonsd’apporter notre savoir-faire en termes <strong>de</strong>gestion pour mieux utiliser l’eau <strong>et</strong> m<strong>et</strong>treprotectionnismeconsiste àprotéger ce quenous n’avonsdéjà plus. »en p<strong>la</strong>ce un cycle <strong>de</strong> l’eau propre. Si, <strong>de</strong>main,les Chinois ne sont pas satisfaits <strong>de</strong>nous, ils savent qu’ils peuvent nous m<strong>et</strong>tre<strong>de</strong>hors. Nous avons apporté un savoirfaire,<strong>de</strong>s technologies. Mais aujourd’hui,ceux qui maîtrisent s’appellentZhou Xiaohua(déch<strong>et</strong>s), Li Hao (eau),Jiang Zemin (énergie).C’est eux qui ont faitVeolia. Moi j’ai eu uneidée <strong>et</strong> j’ai expliquécomment construireune infrastructure. Jepossè<strong>de</strong> <strong>la</strong> galerie maisles artistes, ce sont eux.C . : P e n s e z -vous que le marché chinois est ouvert ?J.M. : Comme partout ailleurs, c’est unecompétition ouverte <strong>et</strong> celui qui présente<strong>la</strong> meilleure offre l’emporte. Notreavenir passe impérativement par <strong>la</strong> sinisation.Pour l’instant, nous sommes encoreconsidérés comme une entreprisefrançaise, mais notre personnel occi<strong>de</strong>ntalest une espèce en voie d’extinction.Il sera remp<strong>la</strong>cé par <strong>de</strong>s Chinois. Mais lefait <strong>de</strong> se siniser ne signifie pas que nousn’allons pas créer <strong>de</strong>s flux économiquesqui vont profiter à notre pays d’origine,sous formes <strong>de</strong> divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>s. La plupart <strong>de</strong>sgens qui s’achètent <strong>de</strong>s chaussures Tod’sne savent pas qu’elles sont italiennes. Ilsles achètent parce qu’elles leur p<strong>la</strong>isent.Veolia, en <strong>Chine</strong>, commence à faire partiedu paysage comme Jialefu (Carrefour). Lavision protectionniste qui existe <strong>de</strong> toutesparts, en <strong>Chine</strong>, comme en Occi<strong>de</strong>nt,me parait une aberration. Nous sommesles occupants temporaires d’un vil<strong>la</strong>ge<strong>de</strong> 40 000 km <strong>de</strong> diamètre. Quand, dansles années 50, on voyageait <strong>de</strong> France en<strong>Chine</strong>, c’était un événement. Moi je le fais<strong>de</strong>ux fois par mois.J’irai plus loin. En Europe, nous ne sommespas au bout du tunnel. Il va falloir apprendreà partager. Quand je sillonne <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>,je vois toujours <strong>de</strong> <strong>la</strong> misère. Je vois <strong>de</strong>sprogrès importants pour toute une partie<strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, mais <strong>la</strong> vraie misère, <strong>la</strong>gran<strong>de</strong> pauvr<strong>et</strong>é, touchent encore <strong>de</strong>scentaines <strong>de</strong> millions <strong>de</strong> personnes. La<strong>Chine</strong> est <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> — ou troisième —puissance économique mondiale maisen termes <strong>de</strong> PNB, par tête d’habitants,elle est encore au-<strong>de</strong>là du 100 e rang. Mesvoyages me conduisent à penser que lesgens sont moins misérables en ville dansun environnement industrieux avec unepopu<strong>la</strong>tion nombreuse que perdus au finfond <strong>de</strong>s campagnes.C. : Quels sont les défis que Veolia peut contribuer àrelever en <strong>Chine</strong> en matière d’urbanisation ?J. M. : Il faut rendre l’urbanisation vivable,créer <strong>de</strong>s infrastructures qui perm<strong>et</strong>tentà <strong>de</strong>s villes immenses <strong>de</strong> fonctionner. Anous <strong>de</strong> trouver les moyens <strong>de</strong> transporter,<strong>de</strong> chauffer, d’éc<strong>la</strong>irer, <strong>de</strong> traiter <strong>et</strong>recycler les déch<strong>et</strong>s, <strong>de</strong> fournir une eau<strong>et</strong> un air aussi purs que possible. Veoliaa un rôle important dans ce mon<strong>de</strong> urbain.L’eau est vitale. Le « tout voiture » estimpensable <strong>et</strong> il faut éviter <strong>de</strong> récréer lesgh<strong>et</strong>tos urbains.Les Chinois <strong>de</strong>vront m<strong>et</strong>tre à profit nosexpériences réussies — <strong>et</strong> ratées — pourconstruire leur propre ville. Nous venonsd’ailleurs moins pour apporter nos réussitesqu’expliquer nos échecs. Il faut aussiune réflexion sur le vol<strong>et</strong> social, commentréussir à vivre en ban<strong>de</strong>s é<strong>la</strong>rgies plutôtque dispersées <strong>et</strong> antagonistes. Les villescréent <strong>de</strong>s gangs qui ne sont pas tous vêtus<strong>de</strong> blousons <strong>de</strong> cuir. Il existe aussi <strong>de</strong>sgangs dans les beaux quartiers qui portentpoch<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> chemises b<strong>la</strong>nches <strong>et</strong>s’organisent pour profiter exclusivement<strong>de</strong>s grands mouvements économiques. Acause du système familial <strong>et</strong> c<strong>la</strong>nique, <strong>la</strong><strong>Chine</strong> a <strong>de</strong>s atouts pour réussir là où nousavons échoué. Mais c<strong>et</strong> esprit <strong>de</strong> c<strong>la</strong>n sedésagrège très vite. Quand, dans les années50, nous nous sommes urbanisés,les gens sont arrivés dans <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux piècescuisine en <strong>la</strong>issant les grands-parentsau vil<strong>la</strong>ge — situation que nous trouvonsactuellement en <strong>Chine</strong>. Et nous avonscommencé à nous déciviliser. La cité enOcci<strong>de</strong>nt est brutale <strong>et</strong> les cercles se resserrent.Mais qui sont les plus dangereux ?Les gens issus <strong>de</strong>s cités inhumaines ounous quand nous ne leur perm<strong>et</strong>tons pas<strong>de</strong> partager <strong>la</strong> connaissance. Si nous voulonstout gar<strong>de</strong>r, si nous ne partageonspas le gâteau, on viendra nous le prendre.Le protectionnisme consiste à protéger ceque nous n’avons déjà plus. Nous n’avonsplus les ressources élémentaires qui nousperm<strong>et</strong>traient <strong>de</strong> vivre comme nous vivonsactuellement. Nous sommes dansun mon<strong>de</strong> ouvert où les gens voient surl’écran ceux qui sont repus. •Propos recueillis par Anne GarrigueConnexions / juill<strong>et</strong> 2010 97

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