DOSSIER专 栏AREP en <strong>Chine</strong>Un succès bâti sur le dialogueEtienne Tricaud, est directeurgénéral déléguéd’Arep, une filiale <strong>de</strong> <strong>la</strong>SNCF qui regroupe architectes,urbanistes, ingénieurs<strong>de</strong>signers <strong>et</strong> économistes.Quatre cents personnes travaillentau siège (Paris) ainsi qu’en région ou àl’étranger, où Arep a <strong>de</strong>ux bureaux permanents(Pékin <strong>et</strong> Hanoi). La <strong>Chine</strong>, un<strong>de</strong>s premiers pays dans lequel Arep a misle pied, représente 10% <strong>de</strong>s activités dugroupe ( moitié <strong>de</strong> l’international)Connexions : Pouvez-vous nous présenter votresociété <strong>et</strong> son activité en <strong>Chine</strong> ?Etienne Tricaud : Les liens entre Arep <strong>et</strong><strong>la</strong> SNCF expliquent que notre cœur dumétier tourne autour <strong>de</strong>s transports <strong>et</strong><strong>de</strong> l’urbanisme <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité. Ce<strong>la</strong> correspondà <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong> nos activités, maisnous avons développé un savoir-faire sur<strong>de</strong> nombreux autres programmes : aménagementd’espaces publics, bâtiments àvocation publique, programmes mixtes <strong>de</strong>plus en plus agglomérés <strong>de</strong> façon <strong>de</strong>nseautour <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> transport. C<strong>et</strong>te évolutionse r<strong>et</strong>rouve partout mais se passedifféremment selon les pays. Au Japonou dans certains pays d’Asie du Sud-est,l’aménagement <strong>de</strong> secteurs urbains importantsest confié à <strong>de</strong>s opérateurs privés. EnFrance, les grands opérateurs sont publics(sociétés d’économie mixte) <strong>et</strong> aménagent<strong>de</strong>s ZAC où interviennent <strong>de</strong>s promoteursprivés. En <strong>Chine</strong>, c’est encore différent : lesgrands opérateurs chinois peuvent êtrepublics, parapublics ou privés. Les chemins<strong>de</strong> fer ne participent pas (encore) audéveloppement immobilier. En revanche,nous travaillons <strong>de</strong> plus en plus avec <strong>de</strong>ssociétés <strong>de</strong> métro qui, à l’instar <strong>de</strong> ce quis’est fait à Paris pour le quartier Seine RiveGauche, veulent construire au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>sinfrastructures ferroviaires. Nous travaillonssur <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> ce type à Shenzhen, <strong>et</strong> àHangzhou (Qibao).C.: Comment se passe votre travail en <strong>Chine</strong> ?E. T. : Nous avons beaucoup travaillé jusqu’àprésent sur <strong>de</strong>s bâtiments, <strong>de</strong>s espacespublics, ou <strong>de</strong> nouveaux développementsurbains comparables à <strong>de</strong>s ZAC françaises,même si les surfaces bâtiessont en moyenne« Tous nosdix fois plus importantesen <strong>Chine</strong>. Nous réalisons clients nouségalement <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>sposent <strong>la</strong> mêmeurbaines ou <strong>de</strong> grandsaménagements. Maintenant— <strong>et</strong> c’est assezquestion :commentnouveau —, nous commençonsà voir poindre articulerle souci <strong>de</strong> solliciter <strong>de</strong>s cultureéquipes d’architectes<strong>et</strong> d’urbanistes sur <strong>de</strong>slocale <strong>et</strong>proj<strong>et</strong>s plus <strong>la</strong>rges : <strong>de</strong>sgrands territoires, <strong>de</strong>sprovinces. Au Vi<strong>et</strong>nam,nous travaillons sur <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> ce type.Le développement influence les esprits, <strong>et</strong>les autorités réfléchissent à <strong>de</strong> nouvellesmétho<strong>de</strong>s pour penser leur développementterritorial. Ils font appel à <strong>de</strong>s équipespluridisciplinaires.En <strong>Chine</strong>, on est un peu à l’aube <strong>de</strong> cemouvement. Dans c<strong>et</strong> esprit, nous allonssans doute travailler sur le grand Wuhan.Ces « grands territoires » constituentun domaine <strong>de</strong> développement pournos proj<strong>et</strong>s. Reste que <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong> nosproj<strong>et</strong>s sont plus « c<strong>la</strong>ssiques ». Jusqu’icinos clients ont été soit <strong>de</strong> grandsopérateurs <strong>de</strong> transports, — les chemins<strong>de</strong> fer pour plusieurs gares, le métro <strong>de</strong>Shenzhen, le métro <strong>de</strong> Hangzhou —soit <strong>de</strong>s collectivités locales — étu<strong>de</strong>d’urbanisme sur Pékin <strong>et</strong> sur Tianjinnotamment —, soit encore <strong>de</strong> grandsopérateurs public, parapublics ou privés.Ces notions évoluent en <strong>Chine</strong>, où l’ontrouve <strong>de</strong> grands groupes qui prennentun statut privé, tout en étant financéspar <strong>de</strong>s capitaux publics. On voit aussiapparaître <strong>de</strong>s développeurs avec <strong>de</strong>scapitaux mixtes. Nous travaillons aussiavec <strong>de</strong>s développeurs purement privés.C.: Pourquoi vos clients chinois vous choisissent-ils?E. T. : Alors que tous nos concurrentsétaient chinois, lemaire <strong>de</strong> Chengdua choisi notre proj<strong>et</strong>pour <strong>la</strong> grand p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>Tianfu, parce que, nousa-t-il confié, c’était àson avis le proj<strong>et</strong> leplus « chinois ». Il aapprécié que nous luiparlions <strong>de</strong> <strong>la</strong> culture<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong>sa ville. En revenantaux sources, nous luiavons proposé <strong>de</strong> faire<strong>de</strong> ce lieu hautementsymbolique, où vontse croiser les <strong>de</strong>ux premières lignes <strong>de</strong>métro, non une « cité interdite » maisun lieu très ouvert, conçu autour <strong>de</strong> <strong>la</strong>culture, <strong>de</strong> l’agrément, d’un parc. Le mairea été satisfait <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te manière d’écrireune nouvelle page <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> saville au profit <strong>de</strong> ses habitants <strong>et</strong> <strong>de</strong> sonimage.En fait, nous sommes choisis, je crois,à cause <strong>de</strong> notre approche, fruit d’undialogue très poussé avec nos commanditaires<strong>et</strong> nos partenaires. Tousnos clients nous posent <strong>la</strong> même question: comment écrire une architecturechinoise contemporaine ? Commentarticuler culture locale <strong>et</strong> mondialisation? Aujourd’hui, pour faire face auxénormes besoins en construction <strong>et</strong> enaménagement urbain, <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> importe<strong>de</strong>s « modèles » architecturaux <strong>et</strong> urbains.Il n’y a pas <strong>de</strong> honte à ce<strong>la</strong>. L’histoire <strong>de</strong>l’architecture s’est faite ainsi. L’architectureitalienne a envahi toute l’Europe à <strong>la</strong> Renaissance.Quand on se promène à Cracovie,on se croirait parfois en Toscane, <strong>et</strong>personne n’y voit rien à redire. Mais •••mondialisation ? »74Connexions / juill<strong>et</strong> 2010
L’urbanisation 城 市 化L’aire <strong>de</strong> <strong>la</strong> gare <strong>de</strong> l’Ouest à Xizhimen, Pékin. 110 000 m 2 comprenant un hub ferroviaire, un centre commercial, <strong>de</strong>s bureaux <strong>et</strong> un hôtel北 京 西 直 门 火 车 站 。11 万 平 米 的 场 地 包 括 一 个 铁 路 交 通 枢 纽 、 商 务 中 心 、 写 字 楼 和 酒 店 。© DRLe Binkang transportation complex <strong>de</strong> Hangzhou.杭 州 地 铁 滨 康 站 交 通 综 合 体© DRLe centre olympique <strong>et</strong> centre d’exposition <strong>de</strong> Hangzhou. 杭 州 奥 林 匹 克 体 育中 心 和 国 际 展 览 中 心© DRConnexions / juill<strong>et</strong> 2010 75