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sur toute la ligne. Si Zucca avait eu <strong>le</strong> moindre soupçon sur Brunel, il aurait envoyédeux de ses hommes chez l’avocat, à son bureau. Une bal<strong>le</strong> dans la tête, pour seulcommentaire. Le ménage aurait été fait dans la foulée. Zucca avait passé l’âge destergiversations. Il y avait une ligne. Droite. Et rien ne devait l’infléchir. C’est ainsi qu’ilavait réussi.Et Zucca, un boulot comme ça, il ne l’aurait pas confié à Manu Ce n’était pasun tueur. Batisti avait envoyé Manu chez Brunel pour son compte. J’ignorais pourquoi.À quel<strong>le</strong>s fins. Quel jeu il jouait sur cet échiquier pourri ? Babette était catégorique. Ilne trempait plus dans <strong>le</strong>s affaires. Manu avait marché dans la combine. Un travailpour Zucca ne se refusait jamais. Il faisait confiance à Batisti. Et on ne crachait passur autant de pognon aligné.J’en étais arrivé à ces conclusions. El<strong>le</strong>s étaient boiteuses. El<strong>le</strong>s sou<strong>le</strong>vaientencore plus de questions qu’el<strong>le</strong>s n’en résolvaient. Mais je n’étais plus à ça près. Etj’étais allé trop loin. Je voulais <strong>le</strong>s avoir, tous, en face de moi. La vérité. Dussè-je encrever.- On ferme dans une heure. Amène la paperasse.Il raccrocha. Batisti avait donc <strong>le</strong>s documents. Et il avait fait tuer Zucca parUgo. Et Manu ?Mavros arriva vingt minutes après mon appel. Je n’avais trouvé que cettesolution. L’appe<strong>le</strong>r. Lui passer <strong>le</strong> relais. Lui confier Driss, et Karine. Il ne dormait pas.Il visionnait Apocalypse now de Coppola. À mon avis, c’était bien la quatrième fois. Cefilm <strong>le</strong> subjuguait, et il ne <strong>le</strong> comprenait pas. Je me souvenais la chanson des Doors.The End.C’était toujours la fin, annoncée, qui s’avançait vers nous. Il suffisait d’ouvrir <strong>le</strong>sjournaux à la page internationa<strong>le</strong> ou à la rubrique fait divers. Il n’était nul besoind’armes nucléaires. Nous nous entretuerons avec une sauvagerie préhistorique. Nousn’étions que des dinosaures, mais <strong>le</strong> pire, c’est que nous <strong>le</strong> savions.Mavros n’hésita pas. Driss valait bien <strong>le</strong>s risques courus. Ce gosse-là, il l’avaitaimé dès que je <strong>le</strong> lui avais présenté. Ces choses étaient inexplicab<strong>le</strong>s. Tout autantque l’attirance amoureuse, qui vous fait désirer un être plus qu’un autre. Il mettraitDriss sur un ring. Il <strong>le</strong> ferait cogner. Il <strong>le</strong> ferait penser. Penser au poing gauche, aupoing droit. À l’allonge du bras. Il <strong>le</strong> ferait par<strong>le</strong>r. De lui, de la mère qu’il n’avait pasconnue, de Leila. De Toni. Jusqu’à ce qu’il se mette en règ<strong>le</strong> avec ce qu’il avait faitpar amour et par haine. On ne pouvait pas vivre avec de la haine. Boxer non plus. Il yavait des règ<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong>s étaient injustes, souvent, trop souvent. Mais <strong>le</strong>s respecterpermettaient de sauver sa peau. Et dans ce foutu monde, rester vivant c’était quandmême la plus bel<strong>le</strong> des choses. Driss, il saurait l’écouter, Mavros. Sur <strong>le</strong>s conneries, i<strong>le</strong>n connaissait un bon registre À dix-neuf ans, il avait écopé d’un an de tau<strong>le</strong> pouravoir cogné son entraîneur. Il avait truqué <strong>le</strong> match qu’il devait gagner. Quand on avaitenfin pu l’arrêter, <strong>le</strong> mec était presque claqué. Et Mavros n’avait jamais pu prouverque <strong>le</strong> combat était arrangé. En tau<strong>le</strong>, il avait médité sur tout ça.Mavros me fit un clin d’œil. On était d’accord. On ne pouvait laisser à aucundes quatre mômes la charge d’assumer un meurtre. Toni ne méritait rien. Rien de plusque ce qu’il avait trouvé ce soir. Eux, je voulais qu’ils aient <strong>le</strong>ur chance. Ils étaientjeunes, ils s’aimaient. Mais, même avec un bon avocat, aucun argument ne tiendrait.La légitime défense ? Cela resterait à prouver. Le viol de Leila ? Il n’y avait aucunepreuve. Au procès, ou même avant, harcelée, Karine raconterait comment <strong>le</strong>s chosess’étaient passées. Il n’y aurait plus qu’un Arabe des quartiers Nord tuant, de sangfroid,un jeune homme. Un voyou, certes, mais un Français, fils d’ouvrier. Et deuxArabes complices, et une fil<strong>le</strong>, la jeune sœur, sous <strong>le</strong>ur emprise. Je n’étais même pas

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