keufs. Mes potes, y <strong>le</strong>s ont chouffés.- Ils avaient une moto ?Djamel secoua la tête.- Pas l’genre. Des Ritals, qui s’la jouent touristes.- Des Ritals ?- Ouais. Y causaient comme ça entre eux.Il finit sa bière et partit. Ange me resservit un pastis. Je <strong>le</strong> bus en essayant dene penser à rien.Cerutti m’attendait au bureau. On n’avait pas pu joindre Pérol. Dommage.J’étais sûr qu’on allait toucher <strong>le</strong> gros lot ce soir. On sortit Mourrabed du trou et,menottes aux poignets, toujours en ca<strong>le</strong>çon à f<strong>le</strong>urs, on l’embarqua avec nous. Iln’arrêtait pas de gueu<strong>le</strong>r, comme si on l’emmenait pour l’égorger dans un coin. Ceruttilui dit de la fermer, sinon il serait obligé de lui tirer des baffes.On fit <strong>le</strong> trajet en si<strong>le</strong>nce. Auch était-il au courant du maquillage. J’étais arrivéavant lui sur <strong>le</strong>s lieux. Son équipe était là. Enfin presque. Morvan, Cayrol, Sandoz etMériel. Eux, oui. Une bavure. Ce genre de chose arrivait quelquefois. Une bavure ? Etsi ce n’en était pas une ? Armé ou pas, auraient-ils tiré sur Ugo ? S’ils l’avaient suividans sa virée chez Zucca, ils devaient supposer qu’il était encore armé.- Putain ! fit Cerutti. Y a <strong>le</strong> comité d’accueil !Devant l’immeub<strong>le</strong>, une vingtaine de gosses entourait la voiture de Reiver.Toutes ethnies confondues. Reiver était appuyé contre la voiture, <strong>le</strong>s bras croisés. Lesmômes tournaient autour, comme des Apaches. Au rythme de Kha<strong>le</strong>d. Le son aumaxi. Certains avaient <strong>le</strong> nez collé à la vitre, pour voir la gueu<strong>le</strong> du coéquipier deReiver, resté à l’intérieur. Prêt à appe<strong>le</strong>r à l’aide. Reiver, ça n’avait pas l’air del’inquiéter.Le soir, qu’on tourne dans <strong>le</strong>s rues, <strong>le</strong>s mômes, ils s’en foutent. Mais qu’onvienne dans la cité, ça <strong>le</strong>s défrise. Surtout en été. Le trottoir, c’est <strong>le</strong> lieu <strong>le</strong> plus sympadu coin. Ils causent, ils draguent. Ça fait un peu de bruit, mais pas beaucoup de mal.On s’approcha <strong>le</strong>ntement. J’espérais que c’était des gosses de la cité. On pouvaitquand même par<strong>le</strong>r. Cerutti se gara derrière la voiture de Reiver. Quelques gossess’écartèrent. Comme des mouches, ils vinrent se col<strong>le</strong>r à notre voiture. Je me tournaivers Mourrabed :- Toi, tu nous fais pas d’incitation à l’émeute ! OK ?Je descendis et allai vers Reiver. L’air nonchalant.- Ça va ? je dis, sans m’occuper des gosses autour de nous.- C’est cool. Pas encore demain qu’y vont me prendre la tête. J’ai averti, <strong>le</strong>premier qui touche aux pneus, j’<strong>le</strong>s lui fais bouffer. Pas vrai, mec ? dit-il ens’adressant à un grand black maigre, un bonnet rasta vissé sur <strong>le</strong>s oreil<strong>le</strong>s, qui nousobservait.Il ne trouva pas uti<strong>le</strong> de répondre.- Bon, je dis à Reiver, on y va.- Cave N488. Y a l’gardien qu’attend. Moi je reste là. J’préfère écouter Kha<strong>le</strong>d.J’aime bien. Il me surprenait, Reiver. Il foutait à terre mes statistiques sur <strong>le</strong>s Antillais.Il dut <strong>le</strong> deviner. Il désigna un immeub<strong>le</strong>, en contrebas. J’suis né là, tu vois. J’suischez moi, ici.On sortit Mourrabed. Cerutti lui prit <strong>le</strong> bras pour <strong>le</strong> faire avancer. Le grand blacks’approcha.- Pourquoi y t’ont pécho, <strong>le</strong>s keufs ? dit-il à Mourrabed, nous ignorantostensib<strong>le</strong>ment.- À cause d’un pédé.
Six mômes barraient l’entrée de l’immeub<strong>le</strong>.- Le pédé, c’est un détail, que je dis. Là, on vient visiter sa cave. Doit y avoir dequoi shooter toute la cité. T’aimes peut-être ça. Nous pas. Pas du tout. Si on trouverien, on <strong>le</strong> relâche demain.Le grand black fit un signe de tête. Les gosses s’écartèrent.- On t’suit, il dit à Mourrabed.La cave était un immense foutoir. Caisses, cartons, fringues, pièces détachéesde moby<strong>le</strong>ttes.- Tu nous dis, ou on cherche ?Mourrabed haussa <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s, l’air las.- Y a rien. V’trouverez rien.C’était dit sans conviction. Il ne frimait plus. Pour une fois. Cerutti et <strong>le</strong>s troisautres commencèrent à fouil<strong>le</strong>r. Dans <strong>le</strong> couloir, ça se bousculait. Les mômes. Desadultes aussi. Tout <strong>le</strong> bâtiment rappliquait. Régulièrement, la lumière s’éteignait etquelqu’un appuyait sur la minuterie. On avait vraiment intérêt à mettre la main sur <strong>le</strong>magot.- Y a pas de dope, dit Mourrabed. Il était devenu très nerveux. Ses épau<strong>le</strong>ss’étaient affaissées, et il baissait la tête. El<strong>le</strong> est pas là.L’équipe s’arrêta de fouil<strong>le</strong>r. Je regardai Mourrabed.- El<strong>le</strong> est pas là, il dit en reprenant un peu d’aplomb.- Et el<strong>le</strong> est où, dit Cerutti en s’approchant.- Là-haut. La colonne du gaz.- On y va ? demanda Cerutti.- Fouil<strong>le</strong>z encore, je dis.Mourrabed craqua.- Putain ! Mais y a rien, que j’te dis. C’est là-haut. J’vous montre.- Ici, il y a quoi ?- Ça ! fit Béraud en montrant une mitrail<strong>le</strong>tte Thompson.Il venait d’ouvrir une caisse. Un vrai arsenal. Flingues en tous genres.Munitions pour tenir un siège. Pour un gros lot, c’en était un, avec la super-cagnotte.En descendant de voiture, je vérifiai que personne ne m’attendait avec un gantde boxe. Mais je n’y croyais pas vraiment. On m’avait filé une bonne <strong>le</strong>çon. Lesemmerdements sérieux seraient pour plus tard. Si je ne me conformais pas auxconseils donnés.On avait remis Mourrabed au frais. Un petit kilo d’héroïne, en sachets. Du shitpour voir venir. Et douze mil<strong>le</strong> francs. De quoi <strong>le</strong> faire plonger quelque temps. Lapossession d’armes compliquerait durement son cas. D’autant que j’avais ma petiteidée sur <strong>le</strong>ur utilisation future. Mourrabed n’avait plus desserré <strong>le</strong>s dents. Il s’étaitcontenté de réclamer son avocat. À toutes nos questions, il répondait par unhaussement d’épau<strong>le</strong>s. Mais sans faire <strong>le</strong> fiérot. Il était coincé, gravement. Il sedemandait si on arriverait à <strong>le</strong> tirer de là. On, c’était ceux qui se servaient de la cavepour entreposer <strong>le</strong>s armes. Ceux qui <strong>le</strong> fournissaient en dope. Et qui étaient peut-être<strong>le</strong>s mêmes.Quand j’ouvris la porte, la première chose que j’entendis, c’est <strong>le</strong> rired’Honorine. Un rire heureux. Puis son bel accent :- Vé, y doit me faire cocu au paradis ! J’ai encore gagné !El<strong>le</strong>s étaient là, toutes <strong>le</strong>s trois. Honorine, Marie-Lou et Babette jouaient aurami sur la terrasse. En fond musical, Petrucciani. Estate. Un de ses premiersdisques. Ce n’était pas <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur. D’autres avaient suivi, plus maitrisés. Mais celui-làcharriait des tonnes d’émotion à l’état brut. Je ne l’avais plus écouté depuis que Rosa
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