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J’étais en forme.La justice de Dieu est aveug<strong>le</strong>, c’est bien connu. Le patron n’y alla pas parquatre chemins. Il cria « Entrez ! » Ce n’était pas une invitation, mais une injonction. Ilne se <strong>le</strong>va pas. Il ne me tendit pas la main, ni même dit bonjour. J’étais debout,comme un mauvais élève.- C’est quoi cette histoire de… Il regarda sa fiche : Mourrabed. NacerMourrabed.- Une bagarre. Simp<strong>le</strong> bagarre entre voyous.- Et vous coffrez <strong>le</strong>s gens pour ça ?- Y a une plainte.- Des plaintes, l’entresol en est p<strong>le</strong>in. Il n’y a pas eu mort d’homme, que jesache. Je secouai la tête. Parce que je ne crois pas avoir encore lu votre rapport.- Je <strong>le</strong> prépare.Il regarda sa montre.- Cela fait exactement vingt-six heures et quinze minutes que vous avezinterpellé ce voyou, et vous me dites que votre rapport n’est toujours pas prêt ? Pourune simp<strong>le</strong> bagarre ?- Je voulais vérifier certaines choses. Mourrabed a des antécédents. C’est unrécidiviste.Il me regarda des pieds à la tête. Le mauvais élève. Le dernier de la classe. Çane m’impressionnait pas, son regard dédaigneux. Depuis la primaire, j’avaisl’habitude. Bagarreur, grande gueu<strong>le</strong>, inso<strong>le</strong>nt. Les engueulades et <strong>le</strong>s sermons, seul,debout au milieu des autres, j’en avais eu mon comptant. Je soutins son regard, <strong>le</strong>smains dans <strong>le</strong>s poches de mon jeans.- Récidiviste. Je crois plutôt que vous vous acharnez contre ce… Il regardaencore sa fiche : Nacer Mourrabed. C’est aussi l’avis de son avocat.Il marquait un point. J’ignorais que l’avocat était déjà au parfum. Pérol <strong>le</strong> savaitil? Il marqua un second point quand il demanda par l’interphone de faire entrer maîtreÉric Brunel.Ce nom me dit vaguement quelque chose. Je n’eus pas <strong>le</strong> temps d’y réfléchir.L’homme qui s’avança dans <strong>le</strong> bureau, je l’avais vu en photo, pas plus tard que cettenuit, aux côtés des frères Poli, de Wep<strong>le</strong>r et de Morvan. Mon cœur se mit à battre. Labouc<strong>le</strong> était bouclée et j’étais vraiment dans <strong>le</strong> merdier. Total Khéops, disent <strong>le</strong>srappeurs d’IAM. Bordel immense. Je n’avais plus à espérer que Pérol et Ceruttimettent <strong>le</strong>s bouchées doub<strong>le</strong>s. À moi de gagner du temps. Jusqu’à midi.Le patron se <strong>le</strong>va et fit <strong>le</strong> tour de son bureau pour accueillir Éric Brunel. Il étaitaussi impeccab<strong>le</strong> que sur la photo, dans un costard croisé en lin b<strong>le</strong>u marine. À croireque, dehors, la température n’avoisinait pas <strong>le</strong>s 30 ou 35 degrés. Visib<strong>le</strong>ment, il n’étaitpas homme à transpirer ! Le patron lui désigna un siège. Il ne me présenta pas. Ilsavaient déjà dû évoquer mon cas.J’étais toujours debout et, comme on ne me demandait rien, j’allumai unecigarette, et j’attendis. Ainsi qu’il lui en avait déjà fait part au téléphone, précisaBrunel, il trouvait pour <strong>le</strong> moins anormal que son client, arrêté hier matin pour bagarre,n’ait pas eu <strong>le</strong> droit - il insista sur <strong>le</strong> mot - d’appe<strong>le</strong>r son avocat.- La loi m’y autorise, répliquai-je.- La loi ne vous autorise pas à vous acharner contre lui. Ce que vous faites.Depuis plusieurs mois.- C’est un des plus gros dea<strong>le</strong>rs des quartiers Nord.- Que vous dites ! Il n’y a pas la moindre trace de preuve contre lui. Vous l’avezdéjà envoyé devant un juge. En vain. Ça vous a défrisé. Vous <strong>le</strong> poursuivez par

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