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ureau. La bagarre. Et pas à notre avantage. Jusqu’à l’arrivée des flics. Le soir, on sedit que ça suffisait, qu’il fallait passer aux choses sérieuses. Se mettre à notre compte,voilà ce qu’il fallait. Peut-être qu’on pourrait rouvrir la boutique d’Antonin ? Mais pourça, on manquait de monnaie. On mit au point notre coup. Braquer une pharmacie denuit. Un débit de tabac. Une station-service. L’idée, c’était de se constituer un petitpécu<strong>le</strong>. Faucher, ça on savait. Des <strong>livre</strong>s chez Tacussel sur la Canebière, des disqueschez Raphaël rue Montgrand ou encore des fringues au Magasin Général ou auxDames de France rue Saint-Ferréol. C’était même un jeu. Mais braquer, ça on savaitpas faire. Pas encore. On allait vite apprendre. On passa des journées à élaborer desstratégies, à repérer <strong>le</strong> lieu idéal.Un soir, on se retrouva aux Goudes. C’était <strong>le</strong>s vingt ans de Ugo. Mi<strong>le</strong>s Davisjouait Rouge. Manu sortit un paquet de son sac et <strong>le</strong> posa devant Ugo.- Ton cadeau.Un automatique 9 mm.- Où t’as dégoté ça ?Ugo regarda l’arme sans oser la toucher. Manu éclata de rire, puis replongea lamain dans son sac et sortit une autre arme. Un Beretta 7.65.- Avec ça, on est parés. Il regarda Ugo, puis moi. J’ai pu en avoir que deux.Mais c’est pas grave. Nous on rentre, toi tu conduis la caisse. Tu restes au volant. Tumates qu’on soit pas emmerdés. Mais y a aucun risque. L’endroit, c’est <strong>le</strong> désert àpartir de huit heures. Le type, c’est un vieux. Et il est seul.C’était une pharmacie. Rue des Trois-Mages, une petite rue pas loin de laCanebière. J’étais au volant d’une 204 Peugeot que j’avais <strong>le</strong>vée <strong>le</strong> matin rue Saint-Jacques, chez <strong>le</strong>s bourgeois. Manu et Ugo s’étaient enfoncé un bonnet de marinjusqu’aux oreil<strong>le</strong>s et avaient mis un foulard sur <strong>le</strong>ur nez. Ils bondirent de la voiture,comme on l’avait vu au ciné. Le type <strong>le</strong>va d’abord <strong>le</strong>s bras, puis ouvrit <strong>le</strong> tiroir-caisse.Ugo ramassa l’argent tandis que Manu menaçait <strong>le</strong> vieux avec <strong>le</strong> Beretta. Une demiheureaprès, on trinquait au Péano. C’est pour nous, <strong>le</strong>s mecs ! Tournée généra<strong>le</strong> !On avait raflé mil<strong>le</strong> sept cents francs. Une bel<strong>le</strong> somme pour l’époque. L’équiva<strong>le</strong>nt dedeux mois chez Kouros, centimes compris. C’était aussi simp<strong>le</strong> que ça.Bientôt, de l’argent, on en eut p<strong>le</strong>in <strong>le</strong>s poches. À claquer sans regarder à ladépense. Les fil<strong>le</strong>s. Les bagno<strong>le</strong>s. La fête. On finissait nos nuits chez <strong>le</strong>s Gitans, àl’Estaque, à boire et à <strong>le</strong>s écouter jouer. Des parents à Zina et Kali, <strong>le</strong>s sœurs de Lo<strong>le</strong>.Lo<strong>le</strong>, maintenant, accompagnait ses sœurs. El<strong>le</strong> venait d’avoir seize ans. El<strong>le</strong> restaitdans un coin, recroquevillée, si<strong>le</strong>ncieuse. Absente. Ne mangeant presque pas et nebuvant que du lait.On oublia vite la boutique d’Antonin. On se dit qu’on verrait plus tard, qu’un peude bon temps, quand même, c’était bon à prendre. Et puis, peut-être que ce n’étaitpas une bonne idée, cette boutique. Qu’est-ce qu’on se ferait comme fric ? Pas grandchose,vu dans quel<strong>le</strong> misère Antonin avait fini. Peut-être qu’un bar ce serait mieux.Ou une boîte de nuit. Je suivais. Stations-service, débits de tabac, pharmacies. Onécuma <strong>le</strong> département, d’Aix aux Martigues. On poussa même une fois jusqu’à Salonde-Provence.Je suivais toujours. Mais avec de moins en moins d’enthousiasme.Comme au poker avec un jeu bidon.Un soir, on remit ça sur une pharmacie. Au coin de la place Sadi-Carnot et dela rue Mery, pas loin du Vieux-Port. Le pharmacien fit un geste. Une sirène retentit. Et<strong>le</strong> coup de feu claqua. De la bagno<strong>le</strong>, je vis <strong>le</strong> type s’écrou<strong>le</strong>r.- Fonce, me dit Manu en s’installant à l’arrière.J’arrivai place du Mazeau. Il me semblait entendre <strong>le</strong>s sirènes de police pasloin, derrière nous. À droite, <strong>le</strong> Panier. Pas de rues, que des escaliers. Sur magauche, la rue de la Guirlande, sens interdit. Je pris la rue Caisserie, puis la rue Saint-

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