l’Astra spécial en poche. Je lui fis part de mes trouvail<strong>le</strong>s chez Mourrabed. Il regarda<strong>le</strong> flingue déposé sur son bureau.- Le troisième homme, il est toujours dans la nature. Alors, si t’as <strong>le</strong> temps…- T’es persévérant, dit-il avec un petit sourire.- La chance.En refilant Farge à Loubet, je bottais en touche. Pas d’Auch sur <strong>le</strong> dos. Pas deMorvan non plus. Loubet était autrement respecté que moi. Il n’aimait pas qu’on <strong>le</strong>fasse chier dans ses enquêtes. Il ferait son boulot.Je lui passai sous si<strong>le</strong>nce Toni. Il conduisait <strong>le</strong> taxi. Cela n’en faisait pas untueur, ni un vio<strong>le</strong>ur. Au mieux devrait-il répondre de ses liens avec <strong>le</strong>s deux tueurs.Ceux-là étant morts, Toni pouvait raconter n’importe quoi. Comme je n’avais qu’uneconviction, mais pas de preuve, je préférais garder une longueur d’avance sur tout <strong>le</strong>monde.- D’avoir des crouil<strong>le</strong>s à vot’palmarès, ça vous plaît, hein ? lâcha <strong>le</strong> « squatter »Mourrabed dans un sursaut de colère.- Les Arabes c’est pas un problème. Toi, oui.Je lui dis que j’avais rencontré son avocat et que, malheureusement, il nepouvait rien pour lui maintenant. Par pure méchanceté, j’ajoutai que, s’il <strong>le</strong> voulait, jepouvais téléphoner à sa petite fiancée.- Ton avocat m’en a dit grand bien, de Jocelyne. Je crois que pour <strong>le</strong> mariage,c’est râpé !Ses yeux se brouillèrent. D’un voi<strong>le</strong> de larmes impossib<strong>le</strong>s. Il n’était plus quedésespoir et accab<strong>le</strong>ment. La haine disparaissait. Mais el<strong>le</strong> reviendrait. Après desannées de tau<strong>le</strong>. Plus vio<strong>le</strong>nte encore.Il finit par craquer. À force de menaces, d’infos bidons. Et de claques. Farge <strong>le</strong>fournissait en dope et lui apportait régulièrement des flingues. Les armes, c’étaitdepuis six mois. Son boulot était d’en fourguer à quelques potes qui avaient vraimentdes couil<strong>le</strong>s. Mais lui, il y touchait pas. Il trouvait des clients, c’est tout. Et il se faisaitune petite commission. C’est Farge qui tenait <strong>le</strong> magasin. Avec un autre type. Ungrand baraqué. Cheveux très courts. Les yeux b<strong>le</strong>us, comme de l’acier. Wep<strong>le</strong>r.- J’peux avoir des fringues convenab<strong>le</strong>s ?Il faisait presque pitié. Son tee-shirt était auréolé de sueur et son ca<strong>le</strong>çonarborait des taches jaunes de gouttes de pisse. Mais je n’avais pas pitié de lui. Il avaitfranchi depuis longtemps la ligne blanche. Et son histoire personnel<strong>le</strong> n’expliquait pastout. Jocelyne, pas la peine de l’appe<strong>le</strong>r. El<strong>le</strong> venait de se marier, avec un connard depostier. C’était qu’une salope. Le pédé, c’était rien que son frère.Il n’y avait pas de comité d’accueil chez Marie-Lou. Le studio était tel qu’el<strong>le</strong>l’avait laissé. El<strong>le</strong> fit ses bagages rapidement. Pressée de se tirer. Comme quand onpart en vacances.Je portai <strong>le</strong>s valises jusqu’à sa voiture, une Fiesta blanche, garée en haut de larue Estel<strong>le</strong>. Marie-Lou bouclait un dernier sac d’objets auxquels el<strong>le</strong> tenait. Ce n’étaitpas des vacances, c’était un vrai départ. Je remontai la rue. Une moto, une Yamaha1100, se gara devant <strong>le</strong> pont qui enjambe <strong>le</strong> cours Lieutaud. Marie-Lou habitait après<strong>le</strong> pont. Un immeub<strong>le</strong> accroché aux escaliers qui montent au Cours Julien. Ils étaientdeux. Le passager descendit. Un grand blond tout en musc<strong>le</strong>s. Il joua des biceps à enfaire craquer <strong>le</strong>s manches de son tee-shirt. Ce mec-là, c’était monsieur Musc<strong>le</strong>s. Je <strong>le</strong>suivis.Marie-Lou sortait. Monsieur Musc<strong>le</strong>s alla droit sur el<strong>le</strong>. Il l’attrapa par <strong>le</strong> bras.El<strong>le</strong> se débattit puis m’aperçut.- Y a un problème ?
Monsieur Musc<strong>le</strong>s se retourna. Prêt à m’allonger une torgno<strong>le</strong>. Il eut unmouvement de recul. Physiquement, je ne devais pas l’impressionner autant que ça.Non, c’était autre chose. Et je compris. C’était mon ami <strong>le</strong> boxeur.- Je t’ai posé une question.- T’es qui toi ?- C’est vrai, l’autre nuit, on n’a pas été présentés.J’ouvris ma veste. Il aperçut <strong>le</strong> holster et mon flingue. Avant de quitter <strong>le</strong>bureau, je l’avais enfilé, j’avais vérifié mon arme et l’avais chargée. Sous <strong>le</strong> regardinquiet de Pérol.- Va falloir qu’on cause, toi et moi.- Plus tard.- Ce soir.- Je te promets. Là, j’ai juste un rendez-vous urgent. Avec une fil<strong>le</strong> à Farge. Letuyau, c’est el<strong>le</strong>.Il ne fit aucun commentaire. À ses yeux, j’étais définitivement flic horscatégorie. Et dingue, certainement. Qu’on cause lui et moi, cela devenaitindispensab<strong>le</strong>. Avec Mourrabed, on avait dérapé dans la benne à ordures.- Pose <strong>le</strong>s mains sur <strong>le</strong> mur et écarte <strong>le</strong>s jambes, je lui dis.J’entendis la moto démarrer. Je m’approchai de monsieur Musc<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>dé<strong>le</strong>stai du portefeuil<strong>le</strong> qui dépassait de la poche arrière de son jeans. Je n’arrivaispas à croire qu’ils m’avaient passé à tabac, comme ça, à cause de Marie-Lou.- Ton pote, Farge, il est en cabane. T’es venu pour quoi, l’autre soir ?Il haussa <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s. Tous ses musc<strong>le</strong>s bougèrent et j’eus un mouvement derecul. Ce mec-là, il pouvait m’aligner juste en claquant des doigts.- T’as qu’lui demander !Il ne me croyait pas vraiment. Et je ne l’impressionnais guère. Je n’arriveraispas à l’embarquer tout seul, comme ça. Même avec mon flingue. Il n’attendait que labonne occasion. Je posai <strong>le</strong> canon de l’arme sur son crâne. Des yeux, je surveillai <strong>le</strong>srares passants. Personne ne s’arrêtait. Un coup d’œil, et ils filaient.- J’fais quoi, dit Marie-Lou dans mon dos.- Va à la voiture.Un sièc<strong>le</strong> passa. Fina<strong>le</strong>ment, ce que j’espérais se produisit. Une sirène depolice se fit entendre cours Lieutaud. El<strong>le</strong> se rapprocha. Il y avait encore de bonscitoyens. Trois flics arrivèrent. Je <strong>le</strong>ur montrai ma carte. J’étais loin de chez moi, maisau diab<strong>le</strong> <strong>le</strong>s manières.- Il emmerdait une jeune femme. Embarquez-<strong>le</strong> pour outrage à officier depolice. Vous <strong>le</strong> <strong>livre</strong>z à l’inspecteur Pérol. Il saura quoi en faire. Toi, je te retrouve toutà l’heure.Marie-Lou attendait, appuyée sur <strong>le</strong> capot de la Fiesta. En fumant. Quelqueshommes se retournaient au passage pour la regarder. Mais el<strong>le</strong> semblait ne voirpersonne. Ni même sentir <strong>le</strong>urs yeux sur el<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> avait ce regard que je lui avaisdécouvert ce matin, après l’amour. Un regard lointain. El<strong>le</strong> était déjà ail<strong>le</strong>urs.El<strong>le</strong> se serra contre moi. Je plongeai mon visage dans sa chevelure. Je larespirai une dernière fois. Odeur de cannel<strong>le</strong>. Ses seins étaient brûlants contre mapoitrine. El<strong>le</strong> laissa glisser ses doigts dans mon dos. Je me dégageai, <strong>le</strong>ntement. Jemis mon doigt sur sa bouche avant qu’el<strong>le</strong> ne dise un mot. Un au revoir. Un à bientôt.Ou un n’importe quoi. Je n’aimais pas <strong>le</strong>s départs. Je n’aimais pas <strong>le</strong>s retours, nonplus. J’aimais simp<strong>le</strong>ment que <strong>le</strong>s choses se fassent, comme el<strong>le</strong>s devaient se faire.Je l’embrassai sur <strong>le</strong>s joues. Doucement, en prenant <strong>le</strong> temps. Puis jedescendis la rue Estel<strong>le</strong>, vers un autre rendez-vous. Batisti m’attendait à cinq heures.
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