surveillait. Il ramassait plus tard. Dans un bar, dans <strong>le</strong> métro ou <strong>le</strong> bus, ausupermarché. Ça changeait tout <strong>le</strong> temps. Personne n’essayait de <strong>le</strong> doub<strong>le</strong>r. Il y eutune entourloupe, une fois. Il n’y en eut pas deux. Le petit malin s’était retrouvé avecune balafre sur la joue. Et bien sûr, il n’avait pas moufté contre Mourrabed. Il pouvaitrisquer pire.On était tombé plusieurs fois sur <strong>le</strong>s mômes. Mais en vain. Ils préféraient latau<strong>le</strong> que de cracher <strong>le</strong> nom de Mourrabed. Quand on chopait celui qui avait la came,on lui tirait son portrait, on lui faisait une fiche. Et on <strong>le</strong> relâchait. Ce n’était jamais desdoses assez fortes pour tenir une inculpation. On avait essayé, on s’était fait jeter par<strong>le</strong> juge.Pérol proposait qu’on serre Mourrabed au pieu, demain au réveil. Ça m’allait.Avant de partir, tôt pour une fois, Pérol me dit :- Pas trop dur, <strong>le</strong> cimetière ? Je haussai <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s, sans répondre. J’aimeraisque tu viennes manger chez nous, un jour.Il partit sans attendre la réponse, ni sans dire au revoir. Pérol était aussi simp<strong>le</strong>.Je pris <strong>le</strong> relais pour la nuit, avec Cerruti.Le téléphone sonna. C’était Pascal Sanchez. J’avais laissé un message à safemme.- Hé ! Jamais grillé de feu rouge, moi. Vé ! Surtout pas là où qu’vous dites.Qu’j’y vais jamais dans ces coins. Y a que des crouil<strong>le</strong>s.Je ne re<strong>le</strong>vai pas. Sanchez, je voulais me l’amener en douceur.- Je sais, je sais. Mais y a un témoin, m’sieur Sanchez. Celui qui a re<strong>le</strong>vé votrenuméro. C’est sa paro<strong>le</strong> contre la vôtre.- C’est à quel<strong>le</strong> heure, qu’vous dites ? dit-il après un si<strong>le</strong>nce.- 22 heures 38.- Impossib<strong>le</strong>, répondit-il sans hésiter. À ct’heure-là, j’ai fait une pause. J’ai buun verre au Bar de l’Hôtel de Vil<strong>le</strong>. Té, j’ai même acheté des clopes. Y a des témoins.Vé, je vous mens pas. J’en ai au moins quarante.- J’ai pas besoin d’autant. Passez au bureau demain, vers onze heures. Jeprendrai votre déposition. Et <strong>le</strong>s nom, adresse et téléphone de deux témoins. Çadevrait s’arranger faci<strong>le</strong>.Avant que Cerruti n’arrive, j’avais une petite heure à tuer. Je décidai d’al<strong>le</strong>rboire un verre chez Ange, aux Treize-Coins.- Y a <strong>le</strong> petit qui te cherche, me dit-il. Tu sais, çui-là que t’as amené samedi…Après avoir avalé un demi, je partis à la recherche de Djamel. Je n’avais jamaisautant traîné dans <strong>le</strong> quartier depuis mon affectation à Marseil<strong>le</strong>. Je n’y étais revenuque l’autre jour, pour tenter de rencontrer Ugo. Toutes ces années, je m’en étaistoujours tenu à la périphérie. La place de Lenche, la rue Baussenque et la rue Sainte-Françoise, la rue François-Moisson, <strong>le</strong> bou<strong>le</strong>vard des Dames, la Grand-Rue, la rueCaisserie. Ma seu<strong>le</strong> incursion, c’était <strong>le</strong> passage des Treize-Coins, et <strong>le</strong> bar d’Ange.Ce qui me surprenait maintenant, c’est que la rénovation du quartier avaitquelque chose d’inachevé. Je me demandai si <strong>le</strong>s nombreuses ga<strong>le</strong>ries de peintures,boutiques et autres commerces attiraient du monde. Et qui ? Pas <strong>le</strong>s Marseillais, j’enétais sûr. Mes parents n’étaient jamais revenus au quartier, après <strong>le</strong>ur expulsion par<strong>le</strong>s Al<strong>le</strong>mands. Les rideaux de fer étaient tirés. Les rues désertes. Les restaurantsvides, ou presque. Sauf Chez Étienne, rue de Lorette. Mais cela faisait vingt-trois ansqu’il était là, Étienne Cassaro. Et il servait la meil<strong>le</strong>ure pizza de Marseil<strong>le</strong>. « Addition etfermeture selon humeur », avais-je lu dans un reportage de Géo sur Marseil<strong>le</strong>.L’humeur d’Étienne nous avait souvent nourris gratis, Manu, Ugo et moi. En gueulantaprès nous. Des fainéants, des bons à rien.Je redescendis la rue du Panier. Mes souvenirs y résonnaient plus que <strong>le</strong> pas
des passants. Le quartier n’était pas encore Montmartre. La mauvaise réputationdurait. Les mauvaises odeurs aussi. Et Djamel était introuvab<strong>le</strong>.
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Total KheopsTome 1 - Saga Fabio Mon
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de-Mai restait identique à lui-mê
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« Crève-le ! » l’avait encoura
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C’est ça qu’ils avaient dû lu
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sûr que les parents de Karine, sur
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Tanagra. L’un des truands abattu
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le téléphone personnel de Pérol.
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pourtant ça que j’avais envie de
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ÉpilogueRien ne change, et c’est
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Le monde se remettait en ordre. Nos