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Je lui offris une cigarette. Il se sentit plus à l’aise. Il cessa de transpirer.- Et à des tab<strong>le</strong>s de jeu, où ça mise gros, je parie ?- Ouais. Fan ! Y en a de super-bel<strong>le</strong>s. Té ! c’est comme <strong>le</strong>s putes. Savez c’qu’yz’aiment, ces gus. L’exotique. S’taper des crouil<strong>le</strong>s, des négresses, des Viets. Maisdes propres, hein. Même que des fois, y s’font un cocktail.Il devenait intarissab<strong>le</strong>. Ça <strong>le</strong> rendait important de me raconter. Et puis çal’excitait. Il devait se faire payer en putes, quelquefois.- Vous, vous prêtez <strong>le</strong> taxi.- Voilà. Y m’paye, et moi je glande. J’fais une belote avec <strong>le</strong>s potes. J’vais àl’OM, si ça joue. Je déclare que c’qu’y a au compteur. Tout bénef. Et c’estconséquent. Toni, y marge sur tout. Les gogos, <strong>le</strong>s restos, <strong>le</strong>s boîtes, <strong>le</strong>s putes. Toutça quoi.- Ça vous arrive souvent ?- Deux, trois fois dans <strong>le</strong> mois.- Et vendredi soir.Il fit oui de la tête. Comme un escargot baveux, il réintégra sa coquil<strong>le</strong>. Onrevenait à quelque chose qui ne lui plaisait pas. La peur reprenait <strong>le</strong> dessus. Il savaitqu’il en disait trop et qu’il n’en avait pas encore assez dit.- Ouais. M’l’avait demandé.- Ce que je comprends pas, Sanchez, c’est qu’il transportait pas des gogosvotre copain. Mais deux tueurs.J’allumai une autre cigarette, sans lui en proposer cette fois. Je me <strong>le</strong>vai. Jesentais la dou<strong>le</strong>ur revenir. Des tirail<strong>le</strong>ments. Accélère, je me dis. Je regardai par lafenêtre. Le port, la mer. Les nuages se <strong>le</strong>vaient. Une lumière incroyab<strong>le</strong> irradiaitl’horizon. De l’écouter par<strong>le</strong>r des putes me fit penser à Marie-Lou. Aux coups qu’el<strong>le</strong>avait reçus. À son mac. Aux clients qu’el<strong>le</strong> recevait. Est-ce qu’el<strong>le</strong> était dans un de cescircuits ? Lâchée dans des partouzes de porcs friqués ? « Avec ou sans oreil<strong>le</strong>r ? »demandait-on dans certains hôtels, spécialisés dans <strong>le</strong>s colloques et séminaires, lorsde la réservation.La mer était argentée. Que pouvait faire Marie-Lou chez moi, à cet instant ? Jen’arrivais pas à l’imaginer. Je n’arrivais plus à imaginer une femme chez moi. Unvoilier prenait <strong>le</strong> large. Je serais bien allé à la pêche. Pour ne plus être là. J’avaisbesoin de si<strong>le</strong>nce. Marre d’écouter des histoires à la con depuis ce matin. Mourrabed.Sanchez, son copain Toni. Toujours la même saloperie humaine.- Alors, Sanchez, je dis en m’approchant de lui. Comment t’expliques ça ?Le tutoiement <strong>le</strong> fit sursauter. Il devina qu’on entrait dans la seconde mi-temps.- Ben, vé, je m’explique pas. Y a jamais eu d’engatse.- Écoute, je dis en me rasseyant. T’as une famil<strong>le</strong>. De beaux gosses. Unechouette femme, sans doute. Tu <strong>le</strong>s aimes. Tu y tiens. T’as envie de ramener un peuplus de fric. Je comprends. Tout <strong>le</strong> monde en est là. Mais maintenant t’es dans unesa<strong>le</strong> histoire. T’es comme acculé dans une impasse. T’as pas beaucoup de solutions.Faut que tu craches. Le nom, l’adresse de ton copain Toni. Tout ça, quoi.Il savait qu’on en arriverait là. Il se remit à transpirer et ça m’écœura. Desauréo<strong>le</strong>s étaient apparues sous ses bras. Il se fit suppliant. Je n’eus plus aucunesympathie pour lui. Il me dégoûtait. J’aurais même honte de lui tirer une claque.- C’est qu’j’sais pas. Je peux fumer ?Je ne répondis pas. J’ouvris la porte du bureau et fis signe au planton de venir.- Favier, embarque-moi ce type.- J’vous jure. J’sais pas.- Sanchez, tu veux que j’y croie à ton Toni ? Dis-moi où <strong>le</strong> trouver. Sinon,qu’est-ce que tu veux que j’en pense, moi ? Hein ? Que tu te fous de ma gueu<strong>le</strong>.

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