Tanagra. L’un des truands abattu était <strong>le</strong> frère aîné de Batisti, Tino. Il était de notoriétépublique que Zucca avait commandité l’opération. Chacun se plaçait pour succéder àZampa. Tino plus que tous. Zucca l’avait pris de vitesse. Et Batisti avait raccroché. Lavengeance au cœur.Batisti avait joué sur tous <strong>le</strong>s tab<strong>le</strong>aux. Une apparente entente avec Zucca,après avoir décroché et renoncé à toute participation dans <strong>le</strong>s affaires. Des liensfamiliaux avec <strong>le</strong>s frères Poli, et donc amicaux avec Brunel, puis, plus tard, avecMorvan et Wep<strong>le</strong>r. De bonnes et étroites relations avec <strong>le</strong>s Napolitains. Trois fers aufeu depuis des années. Ma discussion avec lui, chez Félix, prenait tout son sens.Sa revanche, il commença à y croire quand O Pazzo fut arrêté. Zucca n’étaitplus aussi intouchab<strong>le</strong>. Le correspondant romain de Babette avait rappelé dans lasoirée. Il avait eu de nouvel<strong>le</strong>s informations. En Italie, <strong>le</strong>s juges n’y allaient plus parquatre chemins. Des têtes tombaient chaque jour, livrant de précieuses informations.Si Miche<strong>le</strong> Zaza était tombé, c’est que sa branche marseillaise était pourrie. Il fallait lacouper d’urgence. Et reprendre <strong>le</strong>s affaires avec un nouvel homme. C’est toutnaturel<strong>le</strong>ment Batisti qui avait été contacté par la Nueva Famiglia pour opérer <strong>le</strong>virage.Il était net. Il n’était plus sous surveillance policière. Depuis quinze ans son nomn’était apparu nul<strong>le</strong> part. Par Simone, via <strong>le</strong>s frères Poli et Morvan, Batisti avait su quel’étau se resserrait autour de Zucca. La brigade d’Auch planquait en permanence prèsde chez lui. Il était suivi, même lors des promenades avec son caniche. Batisti informa<strong>le</strong>s Napolitains et envoya Manu chez Brunel pour récupérer tous <strong>le</strong>s papierscompromettants. Leur faire changer de mains.Zucca préparait son repli sur l’Argentine. Batisti s’y résignait, à contrecœur.Ugo débarqua. Avec suffisamment de haine pour ne rien sentir du piège qu’on luitendait. J’y perdais mon latin, mais une chose était sûre : envoyé par Batisti, Ugo avaitflingué Zucca sans que la brigade d’Auch n’intervienne. Il l’avait descendu après.Armé ou pas, il l’aurait quand même liquidé. Mais une question restait entière : quiavait tué Manu, et pourquoi ?- Batisti, dit Babette. Comme il vient de faire exécuter <strong>le</strong>s autres. La grande<strong>le</strong>ssive.- Tu crois que Morvan et Wep<strong>le</strong>r y sont passés aussi ?- Ouais. Je crois ça.- Mais il n’y a que trois cadavres.- Les autres vont arriver, par chronopost ! El<strong>le</strong> me regarda. Al<strong>le</strong>z, souris, Fabio.- Ça ne peut pas être ça. Pour Manu. Il était mêlé à rien de tout ça. Il comptaitse barrer, <strong>le</strong> coup fait. Il l’avait dit à Batisti. Tu vois, Batisti, il m’a niqué sur toute laligne. Sauf là. Il l’aimait bien, Manu. Sincèrement.- T’es trop romantique, mon chou. T’en crèveras.On se regarda avec des yeux de <strong>le</strong>ndemain de bringue.- Total Khéops, hein ?- Tu l’as dit, ma bel<strong>le</strong>.Et j’étais au centre du bourbier. À patauger dans la merde des autres. Cen’était qu’une histoire bana<strong>le</strong> de voyous. Une histoire de plus, et sans doute pas ladernière. L’argent, <strong>le</strong> pouvoir. L’histoire de l’humanité. Et la haine du monde pourunique scénario.- Ça va ?Babette me secouait doucement. Je m’étais assoupi. La fatigue, et tropd’alcool. Je me souvins qu’en quittant <strong>le</strong>s mômes j’avais emporté la bouteil<strong>le</strong> deChivas. Il en restait encore un bon fond. Je fis à Babette ce qui se voulait ressemb<strong>le</strong>rà un sourire et me <strong>le</strong>vai pénib<strong>le</strong>ment.
- Je manque de carburant. J’ai ce qu’il faut dans la voiture. T’en veux ?El<strong>le</strong> secoua la tête.- Arrête de pico<strong>le</strong>r !- Je préfère mourir comme ça. Si tu permets.Devant <strong>le</strong>s Restanques, <strong>le</strong> spectac<strong>le</strong> continuait. On sortait <strong>le</strong>s cadavres.Babette partit aux nouvel<strong>le</strong>s. Je m’envoyai deux grandes rasades de whisky. Je sentisl’alcool descendre dans <strong>le</strong>s boyaux et répandre sa cha<strong>le</strong>ur dans tout <strong>le</strong> corps. Ma têtese mit à tourner. Je m’appuyai sur <strong>le</strong> capot. Mes tripes remontaient à la gorge. Je metournai vers <strong>le</strong> bas-côté pour dégueu<strong>le</strong>r dans l’herbe. C’est alors que je <strong>le</strong>s vis.Étendus dans <strong>le</strong> fossé. Deux corps inertes. Deux cadavres de plus. Je ravalai mestripes, et ce fut dégueulasse.Je me glissai avec précaution dans <strong>le</strong> fossé et je m’accroupis près des corps.Dans <strong>le</strong>ur dos, on avait réussi un carton p<strong>le</strong>in. Avec un pisto<strong>le</strong>t-mitrail<strong>le</strong>ur. Pour eux,fini <strong>le</strong> tourisme et <strong>le</strong>s chemises à f<strong>le</strong>urs. Je me re<strong>le</strong>vai, la tête bourdonnante.Chronopost n’avait pas livré <strong>le</strong>s cadavres attendus. Toutes nos théories tombaient àl’eau. J’allai m’extraire du fossé quand j’aperçus, plus loin dans <strong>le</strong> champ, une tachesombre. Je risquai un coup d’œil vers <strong>le</strong>s Restanques. Tout <strong>le</strong> monde était occupé. Àespérer une déclaration, une explication d’Auch. En trois enjambées, j’étais à côtéd’un troisième cadavre. La tête bouffant la terre. Je sorti un k<strong>le</strong>enex pour déplacerlégèrement <strong>le</strong> visage vers moi, puis j’approchai la flamme du briquet. Morvan. Son 38Spécial à la main. Fin de carrière.J’attrapai Babette par <strong>le</strong> bras. El<strong>le</strong> se retourna.- Qu’est-ce que t’as ? T’es tout blanc.- Les Ritals. Crevés. Et Morvan aussi. Dans <strong>le</strong> fossé et dans <strong>le</strong> champ… À côtéde ma tire.- De Dieu !- T’avais raison. Avec <strong>le</strong>s Ritals, Batisti s’est mis à la <strong>le</strong>ssive.- Et Wep<strong>le</strong>r ?- Dans la nature. À mon avis, au début de la fusillade, Morvan a réussi à sebarrer. Ils l’ont pourchassé. Oubliant Wep<strong>le</strong>r. Le peu que tu m’en as dit, il devait êtredu genre à planquer, quelque part autour. Attendant mon arrivée et pour s’assurer quej’étais bien seul. Les deux Ritals, ça a dû l’intriguer, pas l’inquiéter. Le temps qu’ilpige, ça explosait. Quand ils sont ressortis, courant après Morvan, il a <strong>le</strong>s a pris enrevers.Les flashs se mirent à crépiter. Besquet et Paoli soutenaient une femme.Simone. Auch suivait dix pas derrière. Les mains enfoncées dans <strong>le</strong>s poches de saveste, comme à son habitude. L’air grave. Très grave.Simone traversa <strong>le</strong> parking. Un visage émacié, aux traits fins, encadré decheveux noirs coupés mi-longs. Svelte, assez grande pour une Méditerranéenne. Dela classe. El<strong>le</strong> portait un tail<strong>le</strong>ur de lin écru qui mettait en va<strong>le</strong>ur <strong>le</strong> hâ<strong>le</strong> de sa peau.El<strong>le</strong> était identique à sa voix. Bel<strong>le</strong> et sensuel<strong>le</strong>. Et fière, comme <strong>le</strong>s femmes corses.El<strong>le</strong> s’arrêta, prise de sanglots. Des larmes calculées. Pour permettre auxphotographes de faire <strong>le</strong>ur métier. El<strong>le</strong> tourna <strong>le</strong>ntement vers eux son visagebou<strong>le</strong>versé. El<strong>le</strong> avait des yeux noirs immenses, magnifiques.- El<strong>le</strong> te plaît ?C’était bien plus que ça. El<strong>le</strong> était <strong>le</strong> type de femme après qui Ugo, Manu et moion courait. Simone el<strong>le</strong> ressemblait à Lo<strong>le</strong>. Et je compris.- Je me casse, dis-je à Babette.- Explique-moi.- Pas <strong>le</strong> temps. J’attrapai une de mes cartes de visite. Sous mon nom, j’écrivis
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Total KheopsTome 1 - Saga Fabio Mon
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« Il n’y a pas de vérité, il n
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chassé le rêve. Elle le regarda a
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- Je suis l’ami de Manu.- Salut,
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Change d’identité, le plus vite
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assis sur les rochers, silencieux,
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Laurent.- T’es con ou quoi ! C’
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2 - Où même sans solution, parier
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que je trouve ?Il se dégagea vivem
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- Au revoir, monsieur Varounian, r
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ochettes aux cent épices, grillée
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qu’un flic pouvait déborder la l
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Je vous rappelle encore avant de vi
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échangé six ou sept phrases. Auss
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alla directement dans la salle de b
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- Les autres.- Quels autres ?- Ben,
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5 - Où dans le malheur, l’on dé
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- Leila, tu vois, elle l’a eue ce
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ne l’imaginais pas aussi machiav
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ien huilée, j’avais fait revenir
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6 - Où les aubes ne sont que l’i
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posa deux balles, parallèlement au
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indifférence. Comme absent au mond
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surveillait. Il ramassait plus tard
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Je l’attirai vers moi. Elle avait
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Il tenait un gobelet d’une main.
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