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7 - Où il est préférab<strong>le</strong> d’exprimer ce que l’on éprouve.Ils m’attendaient devant chez moi. J’avais la tête ail<strong>le</strong>urs, et j’étais épuisé. Jerêvais d’un verre de Lagavulin. Ils étaient sortis de l’ombre aussi si<strong>le</strong>ncieux que deschats. Quand je réalisai <strong>le</strong>ur présence, il était trop tard.On m’enfonça un épais sac plastique sur la tête et deux bras se glissèrent sousmes aissel<strong>le</strong>s, me sou<strong>le</strong>vèrent, tout en enserrant ma poitrine. Deux bras d’acier. Lecorps du type se colla au mien. Je me débattis.Le coup arriva dans <strong>le</strong> ventre. Vio<strong>le</strong>nt, et fort. J’ouvris la bouche et avalai toutl’oxygène que contenait encore <strong>le</strong> sac. Merde ! avec quoi il frappait, <strong>le</strong> mec ? Unsecond coup. De même puissance. Un gant de boxe. Putain ! un gant de boxe ! Del’oxygène, il n’y en avait plus sous <strong>le</strong> sac. Fumier ! Je ruai, jambes et pieds en avant.Dans <strong>le</strong> vide. Sur ma poitrine, l’étau se resserra.Un coup arriva sur la mâchoire. J’ouvris la bouche et un autre coup suivit, auventre. J’allais m’asphyxier. Je suais à grande eau. Envie de me plier en deux. Deprotéger mon ventre. Bras d’acier <strong>le</strong> sentit. Il me laissa glisser. Une fraction deseconde. Il me redressa, toujours collé à moi. Je sentis son sexe contre mes fesses. Ilbandait, <strong>le</strong> salaud ! Gauche, droite. Deux coups. Encore au ventre. La bouche grandeouverte, j’agitai ma tête dans tous <strong>le</strong>s sens. Je voulais crier, mais plus aucun son nesortait. À peine un râ<strong>le</strong>.Ma tête semblait flotter dans une bouilloire. Sans soupape de sécurité. L’étausur ma poitrine ne se relâchait pas. Je n’étais plus qu’un punching-ball. Je perdis lanotion du temps, et des coups. Mes musc<strong>le</strong>s ne réagissaient plus. Je voulais del’oxygène. C’est tout. De l’air ! Un peu d’air ! Juste un peu ! Puis mes genouxtouchèrent vio<strong>le</strong>mment <strong>le</strong> sol. Instinctivement, je me mis en bou<strong>le</strong>. Un souff<strong>le</strong> d’airvenait d’entrer sous <strong>le</strong> sac plastique.- Un avertissement, connard ! La prochaine fois, on te crève !Un coup de pied m’arriva au bas du dos. Je gémis. Le moteur d’une moto.J’arrachai <strong>le</strong> sac plastique et respirai tout l’air que je pus.La moto s’éloigna. Je restai sans bouger. À tenter de retrouver une respirationnorma<strong>le</strong>. Un frisson me parcourut, puis je me mis à tremb<strong>le</strong>r de la tête aux pieds.Bouge-toi, je me dis. Mais mon corps s’y refusait. Il ne voulait pas. Bouger, c’étaitrelancer la dou<strong>le</strong>ur. En bou<strong>le</strong>, là, je ne ressentais rien. Mais je ne pouvais pas restercomme ça.Les larmes coulaient sur mes joues, arrivaient, salées, sur mes lèvres. Je croisque je m’étais mis à p<strong>le</strong>urer sous <strong>le</strong>s coups et que je n’avais pas arrêté.Je léchai mes larmes. C’était presque bon, ce goût salé. Et si t’allais te servirun whisky, hein, Fabio ? Tu te lèves et tu y vas. Non, sans te redresser. Doucement,voilà. Tu ne peux pas. Vas-y à quatre pattes, alors. Jusqu’à ta porte. El<strong>le</strong> est là, tuvois. Bien. Assieds-toi, <strong>le</strong> dos contre <strong>le</strong> mur. Respire. Al<strong>le</strong>z, cherche tes c<strong>le</strong>fs. Bon,prends appui sur <strong>le</strong> mur, redresse-toi <strong>le</strong>ntement, laisse peser ton corps sur la porte.Ouvre. La serrure du haut, voilà. Cel<strong>le</strong> du milieu, maintenant. Merde, t’avais pas fermécel<strong>le</strong>-là !La porte s’ouvrit, et je me retrouvai dans <strong>le</strong>s bras de Marie-Lou. Sous <strong>le</strong> choc,el<strong>le</strong> perdit l’équilibre. Je nous vis tomber. Marie-Lou. Je devais être dans <strong>le</strong> cirage.J’étais dans <strong>le</strong> cirage. Noir.J’avais un gant mouillé d’eau froide sur <strong>le</strong> front. Je sentis la même fraîcheur sur