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Mercedes. Il fila p<strong>le</strong>ins gaz, prit à gauche, à gauche encore, <strong>le</strong> Chemin du Souvenir,puis la rue des Roses. Rue des Bois-Sacrés, il jeta <strong>le</strong> pisto<strong>le</strong>t dans une bouched’égout. Quelques minutes après il roulait tranquil<strong>le</strong> rue d’Endoume.Alors seu<strong>le</strong>ment il se mit à penser à Lo<strong>le</strong>. L’un devant l’autre. Plus rien nepouvait être dit. Tu avais eu envie de son ventre contre <strong>le</strong> tien. Du goût de son corps.De son odeur. Menthe et basilic. Mais il y avait trop d’années entre vous, et trop desi<strong>le</strong>nce. Et Manu. Mort, et encore si vivant. Cinquante centimètres vous séparaient.De ta main, si tu l’avais avancée, tu aurais pu saisir sa tail<strong>le</strong> et l’attirer vers toi. El<strong>le</strong>aurait pu dénouer la ceinture de son peignoir. T’éblouir de la beauté de son corps.Vous vous seriez pris avec vio<strong>le</strong>nce. D’un désir inassouvi. Après, il y aurait eu après.Trouver <strong>le</strong>s mots. Des mots qui n’existaient pas. Après, tu l’aurais perdue. Pourtoujours. Tu étais parti. Sans au revoir. Sans un baiser. Une nouvel<strong>le</strong> fois.Il tremblait. Il freina devant <strong>le</strong> premier bistrot, bou<strong>le</strong>vard de la Corderie. Commeun automate, il mit la chaîne de sécurité, en<strong>le</strong>va <strong>le</strong> casque. Il avala un cognac. Il sentitla brûlure descendre au fond de lui. Le froid reflua de son corps. Il se mit à transpirer.Il fila aux toi<strong>le</strong>ttes pour enfin vomir. Vomir ses actes et ses pensées. Vomir celui qu’ilétait. Qui avait abandonné Manu. Qui n’avait pas eu <strong>le</strong> courage d’aimer Lo<strong>le</strong>. Un êtreen dérive. Depuis si longtemps. Trop longtemps. Le pire, c’est sûr, était devant lui. Audeuxième cognac, il ne tremblait plus. Il était revenu de lui-même.Il se gara Fontaine-de-Caylus. Les beurs n’étaient pas là. Il était 18h20.Étonnant. Il en<strong>le</strong>va <strong>le</strong> casque, l’accrocha au guidon, mais sans arrêter <strong>le</strong> moteur. Leplus jeune arriva, poussant un ballon devant lui. Il shoota dans sa direction.- Tire-toi, y a des keufs qui arrivent. Y en a qui matent devant chez ta meuf.Il démarra et remonta la ruel<strong>le</strong>. Ils devaient surveil<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s passages. Montéedes-Accou<strong>le</strong>s,Montée-Saint-Esprit, traverse des Repenties. Place de Lenche, biensûr. Il avait oublié de demander à Lo<strong>le</strong> si Franckie Malabe était revenu. Il avait peutêtreune chance en prenant la rue des Cartiers, tout en haut. Il quitta la moby<strong>le</strong>tte etdescendit <strong>le</strong>s marches en courant. Ils étaient deux. Deux jeunes flics en civil. En basdes escaliers.- Police.Il entendit la sirène, plus haut dans la rue. Coincé.Des portières claquaient. Ils arrivaient. Dans son dos.- On ne bouge plus !Il fit ce qu’il avait à faire. Il plongea la main sous son blouson. Il fallait en finir.Ne plus être en fuite. Il était là. Chez lui. Dans son quartier. Autant que cela soit ici.Marseil<strong>le</strong>, pour finir. Il braqua <strong>le</strong>s deux jeunes flics. Derrière lui, ils ne pouvaient pasvoir qu’il était sans arme. La première bal<strong>le</strong> lui déchira <strong>le</strong> dos. Son poumon explosa. Ilne sentit pas <strong>le</strong>s deux autres bal<strong>le</strong>s.

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