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- Fugueuse. Saint-Denis, région parisienne. Son père, il veut la renvoyer enAlgérie, pour la marier, et…- Ça va. Tu la fais amener ici. On prendra sa déposition. Toi, tu restes avecdeux gars, et tu me vérifies si c’est Mourrabed qui loue l’appartement. Sinon, tu metrouves qui. Ça, dans la journée.Je raccrochai. Mourrabed nous vit revenir. À nouveau son sourire.- Des problèmes ? qu’il dit.Pérol lui allongea une autre claque, plus vio<strong>le</strong>nte que la première. Mourrabedse frotta la joue.- Ça plaira pas à mon avocat, quand je lui racont’rai.- Alors, c’est ta fiancée ? reprit Pérol, comme s’il n’avait pas entendu.J’enfilai ma veste. J’avais rendez-vous avec Sanchez, <strong>le</strong> chauffeur de taxi.Fallait que j’y ail<strong>le</strong>. Je ne voulais pas <strong>le</strong> rater. Si <strong>le</strong>s gros bras de cette nuit ne venaientpas de la part de Batisti, c’était peut-être lié au chauffeur de taxi. À Leila. Je meretrouvais dans une autre histoire, là. Mais est-ce que je pouvais croire Batisti ?- On se retrouve au bureau.- Attends, dit Pérol. Il se retourna vers Mourrabed. T’as <strong>le</strong> choix, pour tafiancée. Si c’est oui, je te présente à son père et à ses frères. Dans une cellu<strong>le</strong>fermée. Vu que t’étais pas dans <strong>le</strong>urs projets, ça va être ta fête. Si c’est non, t’es bonpour détournement de mineure. Réfléchis, je reviens.Des nuages noirs, lourds, s’amoncelaient. Il n’était pas dix heures, et la cha<strong>le</strong>urhumide collait à la peau. Pérol me rejoignit dehors.- Joue pas au con, Fabio.- T’inquiète. J’ai rendez-vous pour un tuyau. Une piste pour Leila. Le troisièmehomme.Il hocha la tête. Puis désigna mon ventre du doigt.- Et ça ?- Une bagarre, cette nuit. À cause d’une fil<strong>le</strong>. Je manque d’entraînement. Alorsj’ai morflé.Je lui souris. De ce sourire qui plaisait aux femmes. Séducteur en diab<strong>le</strong>.- Fabio, on commence à se connaître, toi et moi. Arrête ton cinéma. Il meregarda, attendit une réaction. Je n’en eus pas. T’as des emmerdes, je <strong>le</strong> sais.Pourquoi ? Je commence à avoir une idée. Mais t’es obligé à rien. Tes histoires, tupeux <strong>le</strong>s garder pour toi. Et te <strong>le</strong>s foutre au cul. C’est ton affaire. Si tu veux qu’on encause, je suis là. OK ?Il n’avait jamais parlé aussi longtemps. El<strong>le</strong> me touchait, sa sincérité. Si j’avaisencore quelqu’un sur qui compter dans cette vil<strong>le</strong>, c’était lui, Pérol, dont je ne savaispresque rien. Je ne l’imaginais pas en père de famil<strong>le</strong>. Je n’imaginais même pas safemme. Je ne m’en étais jamais inquiété. Ni même s’il était heureux. Nous étionscomplices, mais étrangers. On se faisait confiance. On se respectait. Et cela seulimportait. Pour lui comme pour moi. Pourquoi était-il si diffici<strong>le</strong> de se faire un amipassé quarante ans ? Est-ce parce que nous n’avons plus de rêves, que des regrets ?- C’est ça, tu vois. J’ai pas envie d’en par<strong>le</strong>r. Il me tourna <strong>le</strong> dos. Je l’attrapaipar <strong>le</strong> bras, avant qu’il ne fasse un pas. Tout compte fait, je préférerais que vousveniez chez moi, dimanche midi. Je ferai la cuisine.On se regarda. Je partis vers ma voiture. Les premières gouttes tombèrent. Je<strong>le</strong> vis entrer dans <strong>le</strong> commissariat, d’un pas décidé. Mourrabed n’avait qu’à bien setenir. Je m’assis, enc<strong>le</strong>nchai une cassette de Ruben Blades et démarrai.Je passai par l’Estaque centre, pour rentrer. L’Estaque tentait de rester fidè<strong>le</strong> àson image ancienne. Un petit port, un village. À quelques minutes à peine deMarseil<strong>le</strong>. On disait : j’habite l’Estaque. Pas Marseil<strong>le</strong>. Mais <strong>le</strong> petit port était

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