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posa deux bal<strong>le</strong>s, parallè<strong>le</strong>ment aux autres.- Cel<strong>le</strong>s-là, on <strong>le</strong>s a retirées d’Al Dakhil et de ses gardes du corps.El<strong>le</strong>s étaient identiques. Les mêmes armes. Les deux tueurs étaient <strong>le</strong>svio<strong>le</strong>urs. Ma gorge se sécha.- Et merde ! Articulai-je avec peine.- L’enquête est close, Fabio.- Il en manque une.Je désignais la troisième bal<strong>le</strong>. Cel<strong>le</strong> d’un Astra spécial. Son regard soutint <strong>le</strong>mien.- Ils s’en sont pas servis, samedi soir.- Ils n’étaient que deux. Un troisième homme est dans la nature.- Un troisième ? Où t’as pêché ça ?J’avais une théorie sur <strong>le</strong>s viols. Un viol ne pouvait être <strong>le</strong> fait que d’une, ou detrois personnes. Jamais de deux. À deux, il y en a toujours un qui n’a rien à glander.Faut attendre son tour. Seul, c’était <strong>le</strong> classique. À trois, un jeu pervers. Mais c’étaitune théorie que je venais de bâtir. Sur une intuition. Et par colère. Parce que je merefusais à admettre que l’enquête était close. Il devait en rester un, parce qu’il fallaitque je <strong>le</strong> retrouve.Loubet me regarda d’un air désolé. Il ramassa <strong>le</strong>s bal<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s rangea dans <strong>le</strong>ursachet.- Je suis ouvert à toutes <strong>le</strong>s hypothèses. Mais… Et j’ai encore quatre affairessur <strong>le</strong>s bras.Il tenait la bal<strong>le</strong> de l’Astra spécial entre <strong>le</strong>s doigts.- C’est cel<strong>le</strong> qui a perforé <strong>le</strong> cœur ? je demandai.- J’en sais rien, dit-il surpris. Pourquoi ?- J’aimerais savoir.Une heure après, il me rappelait. Il confirmait. C’était bien la bal<strong>le</strong> qui avaitperforé <strong>le</strong> cœur de Leila. Bien sûr, ça ne menait à rien. Cela conférait seu<strong>le</strong>ment àcette bal<strong>le</strong> un mystère que je voulais éclaircir. Au ton de sa réponse, je devinai queLoubet ne considérait pas l’affaire comme tota<strong>le</strong>ment classée.Je retrouvai Batisti au Bar de la Marine. Sa cantine. C’était devenu <strong>le</strong> rendezvousdes skippers. Au mur, il y avait toujours la toi<strong>le</strong> de Louis Audibert représentant lapartie de cartes de Marius, et la photo de Pagnol et sa femme sur <strong>le</strong> port. À une tab<strong>le</strong>derrière nous, Marcel, <strong>le</strong> patron, expliquait à deux touristes italiens que, oui, c’est bienlà, que <strong>le</strong> film a été tourné. Le plat du jour, supions frits et gratin d’aubergines. Avecun petit rosé des caves du Rousset, réserve du patron.J’étais venu à pied. Pour <strong>le</strong> plaisir de flâner sur <strong>le</strong> port, en mangeant descacahuètes salées. J’aimais cette promenade. Quai du port, quai des Belges, quai deRive-Neuve. L’odeur du port. Mer et cambouis.Les poissonnières, toujours en voix, vendaient la pêche du jour. Daurades,sardines, loups et pageots. Devant l’étal d’un Africain, un groupe d’Al<strong>le</strong>mandsmarchandait de petits éléphants en ébène. L’Africain aurait raison d’eux. Il rajouteraitun faux brace<strong>le</strong>t en argent, avec un faux poinçon. Il consentirait cent francs sur <strong>le</strong> tout.Il serait encore gagnant. J’avais souri. C’est comme si je <strong>le</strong>s avais toujours connus.Mon père me lâchait la main, et je courais vers <strong>le</strong>s éléphants. Je m’accroupissais pour<strong>le</strong>s voir de plus près. Je n’osais pas <strong>le</strong>s toucher. L’Africain me regardait en roulant sesyeux. Ce fut <strong>le</strong> premier cadeau de mon père. J’avais quatre ans.Avec Batisti, j’y allai au flan.- Pourquoi t’as branché Ugo sur Zucca ? C’est tout ce que je veux savoir. Et quiy gagne quoi ?

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