échangé six ou sept phrases. Aussi brèves que bana<strong>le</strong>s. Nous buvions avecapplication. C’était ce qui me convenait <strong>le</strong> mieux. Molines était de l’équipe d’Auch. Ilfaisait <strong>le</strong> pied de grue sur <strong>le</strong> trottoir devant O’Stop. Il semblait s’ennuyer ferme. Jequittai mon tabouret en commandant une nouvel<strong>le</strong> tournée.Je lui fis l’effet d’un pantin sortant de sa boîte. Il sursauta. Visib<strong>le</strong>ment, maprésence ne <strong>le</strong> transportait pas de joie.- Qu’est-ce que tu fous là ?- Un je bois, deux je bois, trois je bois, quatre je mange. À partir de cinq, j’airien décidé. Et toi ?- Service.Pas causant, <strong>le</strong> cow-boy. Il s’éloigna de quelques pas. Je ne devais pas méritersa compagnie. En <strong>le</strong> suivant des yeux, je <strong>le</strong>s vis. Le reste de l’équipe, à des ang<strong>le</strong>s derues différents. Besquet, Paoli au coin de la rue Saint-Saëns et de la rue Molière.Sandoz, Mériel, que Molines venait de rejoindre, rue Beauvau. Cayrol faisait <strong>le</strong>s centpas devant l’Opéra. Les autres échappaient à mon regard. Sans doute dans desvoitures stationnées autour de la place.Venant de la rue Paradis, une Jaguar gris métallisé s’engagea dans la rueSaint-Saëns. Besquet porta son talkie-walkie à sa bouche. Paoli et lui quittèrent <strong>le</strong>urposte. Ils traversèrent la place, sans se soucier de Cayrol, et remontèrent <strong>le</strong>ntement larue Corneil<strong>le</strong>.D’une des voitures sortit Morvan. Il traversa la place, puis la rue Corneil<strong>le</strong>,comme s’il allait entrer à La Commanderie, une boîte de nuit où se côtoyaientjournalistes, flics, avocats et truands. Il passa devant un taxi garé en doub<strong>le</strong> fi<strong>le</strong> justedevant La Commanderie. Une Renault 21 blanche. Son voyant était sur « occupé ».Au passage, Morvan frappa de la main sur la portière. Négligemment. Puis il continuason chemin, s’arrêta devant un sex-shop et alluma une cigarette. Un coup sepréparait. Je ne savais pas quoi. Mais j’étais <strong>le</strong> seul à <strong>le</strong> voir.La Jaguar tourna, et se gara derrière <strong>le</strong> taxi. Je vis Sandoz et Mériel s’avancer.Cayrol ensuite. Ça se resserrait. Un homme descendit de la Jaguar. Un Arabe,balèze, en costume, cravate, la veste déboutonnée. Un garde du corps. Il regarda àdroite, à gauche, puis ouvrit la portière arrière de la voiture. Un homme sortit. AlDakhil. Merde ! L’Immigré. Le chef de la pègre arabe. Je ne l’avais vu qu’une seu<strong>le</strong>fois. Lors d’une garde à vue. Mais Auch n’avait rien pu retenir contre lui. Son garde ducorps ferma la portière et se dirigea vers l’entrée de La Commanderie.Al Dakhil boutonna sa veste, se pencha pour dire un mot au chauffeur. Deuxhommes sortirent du taxi. Le premier, une vingtaine d’années, petit, en jeans et vesteen toi<strong>le</strong>. L’autre, de tail<strong>le</strong> moyenne, guère plus âgé, <strong>le</strong>s cheveux presque ras.Pantalon, blouson de toi<strong>le</strong> noire. Je notai <strong>le</strong> numéro du taxi au moment où il démarra :675 JLT 13. Un réf<strong>le</strong>xe. La fusillade commença. Le plus petit fit feu <strong>le</strong> premier. Sur <strong>le</strong>garde du corps. Puis il pivota et tira sur <strong>le</strong> chauffeur qui sortait de la voiture. L’autrevida son chargeur sur Al Dakhil.Il n’y eut pas de sommations. Morvan abattit crâne rasé, avant qu’il ne seretourne. L’autre, tête baissée, son arme à la main, se faufila entre deux voitures.Après un coup d’œil derrière lui, rapide, trop rapide, il recula. Sandoz et Mériel tirèrenten même temps. Des cris s’é<strong>le</strong>vèrent. Il y eut soudain un attroupement. Les hommesd’Auch. Les curieux.J’entendis <strong>le</strong>s sirènes de police. Le taxi avait disparu derrière l’Opéra, par la rueFrancis Davso, à gauche. Auch sortit de La Commanderie, <strong>le</strong>s mains dans <strong>le</strong>s pochesde sa veste. Dans mon dos je sentis <strong>le</strong>s seins chauds de Marie-Lou.- C’qui s’passe ?- Rien de beau.
C’était <strong>le</strong> moins que je puisse dire. La guerre était ouverte. Mais Zucca, c’estUgo qui l’avait descendu. Et ce que je venais de voir me laissait sur <strong>le</strong> cul. Toutsemblait avoir été mis en scène. Jusqu’au moindre détail.- Un règ<strong>le</strong>ment de comptes.- Merde ! Ça va pas arranger mes affaires !J’avais grand besoin d’un remontant. Pas de me perdre dans <strong>le</strong>s questions.Pas maintenant. J’avais envie de me vider. D’oublier. Les flics, <strong>le</strong>s truands. Manu,Ugo, Lo<strong>le</strong>. Leila. Et moi, en premier. De me dissoudre dans la nuit, si c’était possib<strong>le</strong>.De l’alcool, et Marie-Lou, voilà ce qu’il me fallait. Vite.- Mets ton compteur sur « occupé ». Je t’invite à dîner.
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devienne amis, mais j’aimais bien
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orgueil. Quant à votre soi-disant
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l’Astra spécial en poche. Je lui
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point. Ce qui est rare. Habituellem
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plantai mes yeux dans ceux de Batis
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Françoise. Il était obligé de pa
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de-Mai restait identique à lui-mê
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« Crève-le ! » l’avait encoura
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C’est ça qu’ils avaient dû lu
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sûr que les parents de Karine, sur
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Tanagra. L’un des truands abattu
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le téléphone personnel de Pérol.
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pourtant ça que j’avais envie de
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ÉpilogueRien ne change, et c’est
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Le monde se remettait en ordre. Nos