11.07.2015 Views

Lire le livre

Lire le livre

Lire le livre

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

11 - Où <strong>le</strong>s choses se font comme el<strong>le</strong>s doivent se faire.À la gueu<strong>le</strong> que tirait Pérol, des emmerdes étaient dans l’air. Mais j’étais prêt àaffronter <strong>le</strong> pire.- Le patron veut te voir.Un événement ! Deux ans que mon directeur ne m’avait pas convoqué. Depuisl’émeute déc<strong>le</strong>nchée par Kader et Driss. Varounian avait envoyé une <strong>le</strong>ttre auMéridional. Il racontait sa vie, <strong>le</strong> harcè<strong>le</strong>ment des Arabes sur son commerce, <strong>le</strong>s volspermanents, et il relatait <strong>le</strong>s événements, à sa manière. La loi, disait-il en conclusion,est cel<strong>le</strong> des Arabes. La justice, c’est <strong>le</strong>ur justice. La France capitu<strong>le</strong> devant l’invasion,parce que la police est avec eux. Il terminait sa <strong>le</strong>ttre par un des slogans du Frontnational : Aimez la France, ou quittez-la !Bon, ça n’eut pas <strong>le</strong> retentissement de « J’accuse ». Mais <strong>le</strong> commissariat desecteur, qui n’avait jamais admis qu’on chasse sur ses terres, s’était fendu d’unrapport accablant sur ma brigade. J’étais particulièrement visé. Mon équipe assuraitparfaitement la protection des lieux publics, chacun <strong>le</strong> reconnaissait. Mais on mereprochait de ne pas être assez ferme à l’intérieur des cités. De trop négocier avec <strong>le</strong>sdélinquants, surtout immigrés, et avec <strong>le</strong>s Gitans. Suivait une liste de tous <strong>le</strong>s cas où,en <strong>le</strong>ur présence, j’avais passé la main.J’eus droit au savon maison. Mon patron d’abord. Le Grand Chef ensuite. Mamission n’était pas de comprendre, mais de réprimer. J’étais là pour faire régnerl’ordre. La justice, c’était aux juges de l’appliquer. Dans l’affaire qui avait fait <strong>le</strong>shonneurs du Méridional, j’avais failli à ma mission.Le Grand Chef en était venu ensuite à ce qui, aux yeux de tous, était un crimede lèse-majesté policière - mes rencontres avec Serge, un animateur de rues. Serge,on fit connaissance, un soir, au commissariat. Il s’était fait embarquer avec unequinzaine de mômes sur <strong>le</strong> parking de la Simiane. Le truc habituel : K7 à fond, cris,rires, moby<strong>le</strong>ttes qui pétaradent… Il était avec eux, à se taper des bières. Il n’avaitmême pas ses papiers sur lui, ce con !Serge se marrait. Il avait une gueu<strong>le</strong> d’ado<strong>le</strong>scent un peu vieilli. Fringué commeeux. Chef de bande, qu’on lui avait dit. Il avait juste demandé où il pouvait al<strong>le</strong>r avec<strong>le</strong>s gosses, pour faire du bruit sans déranger personne. De la provocation, vu que toutautour ce n’était rien que cités et parkings. Les mômes, il est vrai, ce n’étaient pas quedes enfants de chœur. Quatre-cinq s’étaient déjà fait gau<strong>le</strong>r pour des vols à l’arrachéet autres conneries.- Ouais, qu’c’est nous qu’on va t’payer ta retraite ! Alors, écrase ! gueulait Malikà Babar, un des plus vieux flics du commissariat.Malik, je <strong>le</strong> connaissais. Quinze ans, quatre vols de voitures à son actif. « Nousne savons plus quoi en faire, avait déclaré <strong>le</strong> substitut du procureur. Toutes <strong>le</strong>ssolutions de placements ont échoué. » Quand on en avait fini avec lui, il revenait à lacité. C’était chez lui. Il s’était fait pote avec Serge. Parce que avec lui, merde, on peutdiscuter.- Putain ! c’est vrai, quoi ! dit-il en me voyant. C’est nous qu’on paye.- Écrase ! j’avais dit.Babar n’était pas un mauvais bougre. Mais c’était la période où il devait« toper » un maximum, pour être dans <strong>le</strong>s quotas d’arrestations. Une centaine parmois. Sinon, bonjour <strong>le</strong> budget et <strong>le</strong>s effectifs.Avec Serge, on sympathisa. Il était un peu trop « curé » pour que lui et moi on

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!