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Chapitre 2 – Etude des réponses individuelles à la musique : un nouveau cadre conceptuel
1. Des processus synesthésiques à la représentation graphique de
la musique perçue
1.1 La synesthésie
La synesthésie, du grec syn (union) et aisthêsis (sensation), correspond à l’expérience
sensorielle produite dans une modalité donnée par un stimulus spécifique d’une autre
modalité (Dictionnaire Fondamental de la Psychologie, Paris : Larousse ; Hubbard et
Ramachandran, 2005). Le sonnet Voyelles d’Arthur Rimbaud et le poème Correspondances
de Charles Baudelaire sont régulièrement cités pour illustrer le mécanisme de synesthésie :
« Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme des hautbois, verts comme des prairies,
- Et d’autres corrompus, riches et triomphants (…) »
(Correspondances, C. Baudelaire)
Le lien entre éléments sonores et éléments visuels existe de manière naturelle et très
prononcée chez certains individus que l’on appelle synesthètes. La synesthésie concernerait
jusqu’à 4% de la population (Simner et al., 2006) et majoritairement des femmes (Baron-
Cohen et al., 1996). Certains synesthètes sont très connus (Robertson et Sagiv, 2005) : Amy
Beach (pianiste et compositeur), Vladimir Nabokov (écrivain), Richard Feynman (Prix Nobel
de physique), Franz Liszt (compositeur), Duke Ellington (compositeur et pianiste), Manu
Katché (batteur de jazz), etc.
Suite aux travaux de Cytowic (1995), les auteurs s’accordent pour dire que les éléments
suivants caractérisent une synesthésie :
• l’expérience sensorielle est involontaire, automatique et généralement déclenchée par
un stimulus facilement identifiable,
• la synesthésie est projetée et possède une position définie dans l’espace,
• l’expérience synesthésique est durable (associations stables dans le temps) et
générique (associations peu élaborées basées sur des traits et des formes ; elle est non
picturale),
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