acta ordinis fratrum minorum - OFM

A07nterno:ACTAORDINIS 16/5/07 16:36 Page 61CAPITULUM GENERALE EXTRAORDINARIUM61Ces émissions misent sur le principe del’élimination. Au suivant! Les juges sur placeet le public à domicile votent le rejet dumoins populaire, de la plus sotte, du moinsdoué, de la moins séduisante, du moins performant...pour élire le meilleur. Au suivant!Cette sélection impose des valeurs de jeunesse,de beauté, de richesse ou de force.Elle élimine au profit de la perfection instantanée.Notre récent Chapitre général d’Assise,malgré ses discours et sa littérature imposantes,propose un antidote à ces valeurs artificielles,un pari à contre-courant: noussommes frères de l’inutile. Deux expressionsparaîtront bientôt dans la Déclarationfinale. À cause de notre attachement pournotre Vie et Règle, nous nous présentonscomme des mendiants de sens à l’heure oùle sens de la vie ne s’est jamais tant cherché.Notre mission n’offre rien d’autre qued’être des passeurs de frontières pour l’expériencespirituelle et fraternelle, et le dialogueinter-religieux.Mendiants de sensDans nos ministères en Église ou à traversnos activités séculières, nous sommesdes disciples dont la tâche est de recevoirl’Évangile comme des mendiants. Il s’agitde nous laisser évangéliser par les signes,les temps et les espaces nouveaux qui bousculentnotre conscience. Il s’agit aussi decheminer vers le sens de nos jours que seulela foi au Dieu de Jésus Christ lègue enhéritage. Quand François et les premiersfrères quêtaient leur pitance aux portes dela ville, ils utilisaient l’expression despauvres de leur temps, «pour l’amour deDieu». On ne savait plus trop qui aimaitqui, les frères ou Dieu, être mendiants desens, c’est nous recevoir les uns des autrespour les choses de la vie et de la foi. S’ilnous arrive un jour de tout perdre, il nenous reste que Dieu et nos frères en partage.Le sens quêté est l’esprit d’oraison etde dévotion dans la Règle. Cet esprit renouvellenotre attention au Mystère cachéde Dieu. Notre vocation première est decroire. Dans la foi, dit la lettre aux Hébreux,Abraham partit sans trop savoir... EtJésus nous propose son propre itinérairepour aller au Père. Comment toujours tendrele coeur pour nous recevoir du Père, àtravers les hommes et les femmes rencontrésau passage?Passeurs de frontièresL’expression évoque notre manière denous donner et d’être présents. Elle suggèrede passer en privilégiant les situations demarginalité: passer dans nos milieux, nosengagements, notre expérience humainecomme en une terre d’exil, une Pâque, avecdes gens désinstallés qui n’ont pas accès àla gloire ou au prestige des grands. À tousles âges de notre vie religieuse, l’image bibliquede la transhumance nous accompagne:d’une terre à l’autre, d’un campementà l’autre, de déserts en oasis, nous vivonsensemble pour croire, apprendre àaimer et servir de notre mieux en essayantd’être heureux.Un projet inestimableLe Chapitre général a transcrit ces expressionsau pluriel pour accentuer notretâche commune. Les deux suggèrent un ailleurs,ces lieux et ces temps où nous demeuronspèlerins et étrangers. Le piège denous installer dans nos besoins et notre bonheurnous guette chaque jour. Mais l’expériencedu Royaume s’avère tout autre: ellen’a sa complétude que dans ce que le Christachève en nous avec nos pauvretés.Mendiants de sens et passeurs de frontièrestraduisent un programme au-delà dela date du 800e de fondation de l’Ordre en2009. Notre vocation est un cheminconstant; elle s’apprend, se reçoit, se communiqueet se partage, quelquefois s’oublieet se perd, mais reste un appel de conversion.Le coeur de notre vocation devient lelieu même de notre mission. Nous sommesloin de l’élimination et du tape-à-l’oeil proposéspar les médias.Au suivant n’a pas de sens ici, mais auplus proche et démuni, au plus faible pourchercher Dieu. En suivant le Christ, et avecl’intelligence renouvelée de la Règle, nousredonnerons saveur à la vie et à la forme devie que l’Évangile nous révèle. Nous por-