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nouvelle convention collective nationale (1) . Près de 90 % des agents entrent<br />
aujourd’hui dans le champ d’application de ce texte (2) . Le surcoût de la masse<br />
salariale (dû essentiellement à un rattrapage effectué au profit des anciens agents<br />
de l’ANPE) lié à la mise en place en 2010 de la nouvelle convention collective a<br />
été estimé par Pôle emploi à 250 millions d’euros (soit 278 millions d’euros<br />
compensés par une baisse de la prime d’intéressement de droit public de<br />
28 millions d’euros) (3) .<br />
Au-delà de ces coûts, le nouvel opérateur de l’emploi s’est heurté à l’échec<br />
de sa tentative de mettre en place le « métier unique », dont il faut reconnaître<br />
qu’elle était inspirée davantage par des considérations politiques extérieures que<br />
par un souhait propre des dirigeants de l’établissement. M. Christian Charpy,<br />
directeur général de Pôle emploi d’avril 2008 à décembre 2011, a laissé un<br />
témoignage en ce sens : « (…) il était également difficile de gérer les interventions<br />
politiques sur les aspects plus strictement opérationnels, car elles pouvaient<br />
s’avérer très en décalage par rapport à mes priorités de directeur général. Je<br />
prendrai deux exemples. Le premier concernait les métiers de Pôle emploi. Avant<br />
la fusion, l’ANPE et l’Assédic exerçaient deux métiers distincts, l’indemnisation et<br />
le placement, qui impliquaient une formation, une posture professionnelle et des<br />
activités différentes. Je recherchais naturellement une plus grande cohérence<br />
entre ces deux métiers, sans pour autant aller jusqu’au métier unique. Or, en<br />
termes de communication politique, l’interlocuteur unique, le métier unique, est<br />
une notion beaucoup plus valorisante que la complémentarité des métiers. » (4)<br />
L’idée poursuivie, et expressément prévue par la première convention tripartite du<br />
2 avril 2009, consistait à introduire une totale polyvalence des agents et à abolir la<br />
distinction entre les deux métiers préexistants : le placement et l’indemnisation. À<br />
cet effet, un programme de formation avait été mis en place en fonction de<br />
l’origine professionnelle de chacun.<br />
Dans les faits, après avoir suscité beaucoup de mécontentement au sein du<br />
personnel, le principe du métier unique a été abandonné neuf mois après la fusion.<br />
L’instauration d’un « référent unique », supposant de l’ensemble des agents une<br />
capacité à exercer indifféremment les métiers de l’indemnisation et du placement,<br />
s’est rapidement révélée illusoire, compte tenu du degré de technicité requis par<br />
chacune de ces activités, et tout particulièrement par le calcul de l’indemnisation<br />
du chômage. M. Maurad Rabhi, secrétaire confédéral CGT et membre du conseil<br />
d’administration, a confirmé lors de son audition que plusieurs mois étaient<br />
indispensables pour former un agent à l’indemnisation.<br />
Pôle emploi est donc revenu à l’idée plus réaliste d’un « socle commun de<br />
compétences » permettant de répondre à toutes les questions posées à l’accueil,<br />
(1) Convention collective nationale de Pôle emploi du 21 novembre 2009, agréée par les ministres compétents<br />
le 21 décembre 2009 et étendue par arrêté du 19 février 2010. Elle est entrée en vigueur le 1 er janvier 2010.<br />
(2) Les contractuels de droit public issus de l’ANPE ayant opté pour le maintien de leur statut représentent<br />
environ 10 % de l’ensemble des effectifs.<br />
(3) Source : chiffres communiqués par Pôle emploi à votre Rapporteure (avril 2013).<br />
(4) Christian Charpy, La tête de l’emploi, Paris, Tallandier, septembre 2011, pp. 83-84.