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conseillers et au niveau local. » M. Dominique-Jean Chertier, ancien président du<br />
conseil d’administration, a fourni l’explication suivante : « La structure unique<br />
constitue un progrès. Mais cette mutation s’est faite dans un contexte de<br />
dégradation brutale du marché du travail en 2009. Pôle emploi comprend<br />
50 000 salariés répartis sur l’ensemble du territoire. Pour mettre en place cette<br />
nouvelle structure, il a fallu passer par une phase de centralisation. Maintenant<br />
que les structures sont en place, il faut passer par une phase où l’on est plus<br />
proche du terrain. » L’actuel directeur général de Pôle emploi a confirmé ce<br />
diagnostic.<br />
Cette centralisation globale de l’établissement s’est doublée d’une forte<br />
parcellisation des tâches confiées aux agents. Votre Rapporteure a été frappée, lors<br />
de ses déplacements dans les agences, par l’éclatement du travail et par le système<br />
de rotation des agents sur les postes. Ses interlocuteurs lui ont expliqué qu’une<br />
situation identique prévalait du temps de l’ANPE.<br />
Mme Patricia Ferrand, membre du conseil d’administration au titre de la<br />
CFDT, a confirmé aux membres de la Mission que les agents de Pôle emploi<br />
avaient un travail très séquencé, organisé par demi-journée. Elle a toutefois précisé<br />
qu’il n’était pas possible à un agent d’être chargé de l’accueil toute la journée, tant<br />
cette tâche était lourde. Lors de sa première audition, M. Jean Bassères, directeur<br />
général de Pôle emploi, a déclaré partager également ce constat d’une organisation<br />
excessivement « tayloriste » du travail à Pôle emploi.<br />
Enfin, le troisième trait marquant de l’organisation du travail issue de la<br />
fusion réside dans l’importance excessive accordée aux indicateurs de mesure de<br />
l’activité. Mme Marie-Françoise Leflon, membre du conseil d’administration au<br />
titre de la CFE-CGC, a confirmé qu’il y avait trop de « reporting » fonctionnel<br />
chez Pôle emploi. M. Jean Bassères a reconnu, là encore, que, « depuis sa<br />
création, Pôle emploi avait, comme beaucoup d’organisations, accordé trop<br />
d’importance aux indicateurs, et notamment aux indicateurs de moyens tels que le<br />
nombre d’entretiens effectués ou le nombre de prescriptions de formation<br />
réalisées ». Ceci a entraîné comme effet pervers le développement d’une logique<br />
plus administrative qu’opérationnelle. À titre d’illustration, un demandeur<br />
d’emploi a confié à votre Rapporteure s’être vu demander par une agence Pôle<br />
emploi (encore spécialisée dans l’indemnisation trois ans après la fusion…) un<br />
nouveau document relatif à son travail dans le secteur public six ans auparavant<br />
(ainsi que pour la deuxième fois la copie de sa carte de sécurité sociale), alors<br />
même que plus de huit semaines auparavant l’agent chargé de l’accueil lui avait<br />
indiqué que son dossier était complet. Par ailleurs, le 21 mars 2013, son conseiller<br />
de l’agence chargée du suivi des cadres avait sans succès tenté de joindre au<br />
téléphone ses collègues de l’agence en charge de l’indemnisation, puis leur avait<br />
envoyé un courriel en indiquant que le contrat de services imposait une réponse<br />
dans les quarante-huit heures. Le 6 mai, le demandeur d’emploi était toujours sans<br />
nouvelles. Comme l’intéressé l’écrivait à votre Rapporteure : « Devant tant de<br />
bureaucratie et de barrières, je désespère. Tous les nombreux jours que j’ai<br />
gaspillés à remplir des dossiers Pôle emploi, je n’ai pas pu les utiliser pour une