26.06.2013 Views

Télécharger ce livre au format PDF - Index of

Télécharger ce livre au format PDF - Index of

Télécharger ce livre au format PDF - Index of

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Soudain, je me suis interrompue, surprise de voir avec quelle facilité j’évoquais <strong>ce</strong>tte liste. J’ai<br />

repris en changeant d’angle d’attaque :<br />

– Angerson nous casse les pieds avec son histoire de solidarité entre élèves par<strong>ce</strong> qu’il veut s<strong>au</strong>ver<br />

la fa<strong>ce</strong> devant les télés. Mais c’est son problème, pas le mien.<br />

– À t’écouter, je ne suis pas sûr que <strong>ce</strong> soit seulement son problème. Être collée le samedi, c’est pas<br />

la façon idéale de passer le week-end, non ?<br />

– Tant pis. Je m’en fous.<br />

– Mon petit doigt me dit que tu ne t’en fous pas tant que ça. Et si tu essayais de déjeuner dans le Foyer<br />

un jour ?<br />

Je suis sortie du bure<strong>au</strong> du docteur Hieler un peu plus tôt que d’habitude. Maman était partie en me<br />

laissant un Post-it sur la porte : je devais l’attendre sur le parking, elle avait une course à faire. J’ai<br />

arraché le mot en le fourrant dans ma poche avant que le docteur le voie. Il m’<strong>au</strong>rait proposé de prolonger<br />

la séan<strong>ce</strong> et je me sentais déjà assez mal comme ça.<br />

En plus, j’avais assez parlé.<br />

Je suis des<strong>ce</strong>ndue et j’ai attendu un moment devant le bâtiment, un peu pen<strong>au</strong>de. Si je ne voulais pas<br />

que le docteur Hieler me voie en sortant de son cabinet, il fallait que je me fasse discrète. Je pouvais me<br />

cacher dans les buissons sur le côté, mais vu l’état de ma jambe, je m’imaginais mal courant jusque-là. En<br />

plus il devait y avoir une bestiole, par<strong>ce</strong> que j’entendais des bruissements et j’avais vu les branches<br />

remuer.<br />

J’ai traversé le parking très tranquillement, les mains dans les poches, donnant des coups de pied çà<br />

et là dans les cailloux. Arrivée <strong>au</strong> bord de l’<strong>au</strong>toroute, j’ai hésité. Maman était peut-être <strong>au</strong> Shop N’Shop<br />

du <strong>ce</strong>ntre commercial de l’<strong>au</strong>tre côté. J’ai pr<strong>of</strong>ité d’un répit dans le défilé des véhicules pour traverser en<br />

s<strong>au</strong>tillant.<br />

La voiture de Maman n’était pas devant le Shop N’Shop. J’ai regardé derrière moi : pas non plus<br />

devant le bâtiment où le docteur Hieler avait son cabinet.<br />

Comme j’avais soif, je suis entrée dans le <strong>ce</strong>ntre commercial pour aller boire à une fontaine. J’en ai<br />

pr<strong>of</strong>ité pour feuilleter deux ou trois magazines dans un kiosque, puis j’ai fait un tour devant le comptoir<br />

de bonbons en pestant par<strong>ce</strong> que je n’avais pas un rond pour me lâcher sur le chocolat. Je commençais à<br />

m’ennuyer.<br />

Je suis ressortie sur le parking pour voir s’il y avait quelqu’un devant le bâtiment du cabinet du<br />

docteur Hieler. Toujours pas de voiture de Maman ni tra<strong>ce</strong> du docteur. Je me suis assise contre la vitrine<br />

du Shop N’Shop jusqu’à <strong>ce</strong> que le directeur du magasin me chasse.<br />

– Les clients n’aiment pas voir des sans-abri traîner devant le magasin, m’a-t-il expliqué. Ça les met<br />

mal à l’aise. C’est pas un <strong>ce</strong>ntre d’accueil municipal ici, ma petite.<br />

J’ai continué mon tour. La boutique de portables était noire de monde, de même que le salon où<br />

Maman m’emmenait pour me faire couper les cheveux quand j’étais petite. Une fillette pleurait tandis que<br />

sa mère lui tenait la nuque pour que la coiffeuse coupe ses boucles blondes de bébé. Puis j’ai passé une<br />

tête dans la boutique de portables : tout le monde avait l’air de m<strong>au</strong>vaise humeur, y compris les vendeurs.<br />

J’étais sur le point de faire demi-tour quand j’ai vu une porte ouverte. J’ai aperçu une femme à la<br />

poitrine géante, avec une blouse en toile, qui rangeait de la peinture pour tissu et des breloques de<br />

costumes. Elle est sortie pour secouer un grand mor<strong>ce</strong><strong>au</strong> d’ét<strong>of</strong>fe, projetant une pluie de paillettes dans<br />

les airs. On <strong>au</strong>rait dit la marraine de Cendrillon cachée derrière un nuage d’or.<br />

Elle a vu que je la regardais et elle a souri.<br />

– Un petit accident ! s’est-elle exclamée avec un air enjoué avant de disparaître à l’intérieur en<br />

emportant son bout de tissu brillant.<br />

Ma curiosité a été piquée <strong>au</strong> vif. Un petit accident ? De quel type ? D’où venait <strong>ce</strong>tte pluie de<br />

paillettes magique ? Les accidents ont plutôt tendan<strong>ce</strong> à semer du désordre et de la laideur, rarement de la

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!