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2 mai 2008
7 h 37
« Mon Dieu ! À l’aide ! Vite ! »
J’ai foncé à travers les portes d’entrée avec Nick, quand soudain le vent s’est engouffré de mon côté
et le battant a claqué violemment derrière moi. Les couloirs fourmillaient d’élèves qui se précipitaient
vers leur casier et râlaient contre leurs parents, leurs profs ou leurs copains. Tout le monde riait,
balançait des remarques plus ou moins vaches, claquait la porte de son casier – tous ces bruits du matin
qui forment la bande-son naturelle de la vie du lycée.
On a tourné au bout du couloir pour aller au Foyer, là où le mouvement général se transformait en une
masse de gamins à l’affût de ragots avant de commencer la journée. Certains achetaient des beignets à la
table du Bureau des élèves, d’autres étaient assis par terre et dévoraient le beignet qu’eux avaient réussi à
obtenir. Plusieurs cheerleaders étaient debout sur des chaises en train d’accrocher des affiches pour un
rassemblement à venir. Deux ou trois élèves étaient cachés au fond et se bécotaient près de l’endroit où
l’on montait la scène quand il y avait un spectacle. Tous les losers du lycée – autrement dit, nos copains –
nous attendaient, avachis sur des chaises retournées autour d’une table ronde près de la cuisine. Quelques
profs – les plus courageux, comme M. Kline et Mme Flores, la prof d’arts plastiques – déambulaient au
milieu de cette marée en tâchant d’y faire régner un semblant de discipline. C’était peine perdue.
Discipline rimait rarement avec Foyer.
Nick et moi, nous nous sommes arrêtés juste après avoir franchi la porte. Je me suis hissée sur la
pointe des pieds pour voir si Christy Bruter était là. Nick, lui, a balayé du regard la pièce avec son
sourire de sphinx, glacial.
– Là ! ai-je murmuré. Elle est là !
Enfin il l’a repérée.
– Elle va me le payer, ce nouveau MP3, tu peux pas ima-giner comme elle va me le payer, ai-je
grommelé.
Lentement, très lentement, il a ouvert la fermeture Éclair de sa parka, sans la retirer, avant de
déclarer :
– Viens, on va en finir avec cette merde.
J’ai souri : j’étais tellement contente qu’il prenne ma défense ! Qu’enfin cette Christy Bruter récolte
ce qu’elle méritait ! Ça, c’était le vieux Nick, le Nick dont j’étais amoureuse. Le Nick qui osait braver
Christy Bruter et quiconque cherchait à me pourrir la vie, le Nick qui ne reculait jamais quand un des
joueurs de l’équipe de foot l’humiliait en le traitant de minus. Le Nick qui savait parfaitement se mettre à
ma place – famille naze, lycée naze, peuplé de garces, genre Christy Bruter, pour me rappeler que je