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– Bon… Allez, bonne nuit.<br />
Elle a remonté sa vitre en dévisageant Papa, et sa voiture a disparu dans la nuit.<br />
Je me suis appuyée contre la Lexus, tremblant de tous mes membres. Mon cœur battait à toute vitesse<br />
et j’avais des spasmes <strong>au</strong> ventre. J’ai pris plusieurs respirations contrôlées, puis je suis remontée dans la<br />
voiture. Nous avons roulé sans dire un mot jusqu’à <strong>ce</strong> que nous arrivions devant chez Papa.<br />
Briley nous attendait à la porte, drapée dans un épais peignoir rose. Elle m’a longuement considérée<br />
avant de jeter un regard surpris à Papa en demandant :<br />
– Qu’est-<strong>ce</strong> qui se passe ?<br />
Papa a jeté ses clés sur un guéridon avant d’entrer et je l’ai suivi, un peu intimidée, en observant les<br />
lieux. L’appartement lui ressemblait, même si je ne reconnaissais <strong>au</strong>cune de ses affaires. Tout <strong>ce</strong> qu’il<br />
avait ici <strong>au</strong>rait pu être à la maison : l’écran plat dans le coin du salon, les meubles en cuir – noir –, et les<br />
deux immenses étagères bourrées de <strong>livre</strong>s. Sur la table basse traînaient deux verres à pied avec un fond<br />
de vin. Je les imaginais déjà tous les deux, en pyjama et peignoir en train de regarder l’émission de<br />
David Letterman 1 , s’<strong>of</strong>frant un petit verre avant d’aller se coucher, jusqu’<strong>au</strong> moment où le téléphone a<br />
sonné. Briley avait-elle levé les yeux <strong>au</strong> ciel quand Papa était parti ? Avait-elle tenté de le retenir ?<br />
J’ai entendu la porte du réfrigérateur s’ouvrir et se refermer. J’étais toujours dans l’entrée, paralysée,<br />
et Briley me dévisageait.<br />
– Viens, m’a-t-elle dit, posant délicatement la main sur mon ép<strong>au</strong>le, un peu comme Papa avec elle<br />
quelques jours avant – le geste qui m’avait mis la pu<strong>ce</strong> à l’oreille. Je vais te chercher un pyjama.<br />
Je l’ai suivie jusqu’à une chambre, ou plutôt une boîte à ch<strong>au</strong>ssures, un peu fraîche. Elle m’a fait<br />
signe de m’asseoir sur le lit pendant qu’elle fouillait dans une commode pour trouver un pyjama.<br />
– Tiens, m’a-t-elle dit peu après en me le donnant.<br />
Elle a reculé pour m’observer, les mains sur les hanches, avant d’ajouter :<br />
– C’est ton père. Il a le droit de savoir <strong>ce</strong> qui s’est passé.<br />
J’ai baissé les yeux sans un mot.<br />
– Tu penses que tu pourrais plus facilement te confier à moi ?<br />
Son ton n’était pas particulièrement sympathique ; elle n’essayait pas d’être chaleureuse ou de me<br />
tendre la main, <strong>ce</strong> que j’ai assez apprécié. Il <strong>au</strong>rait suffi qu’elle me passe la main dans les cheveux,<br />
qu’elle me frotte le bas du dos, ou je ne sais quoi, c’était fichu. Pas du tout, elle s’est assise à côté de moi<br />
sur le lit, elle a posé les mains sur le matelas et elle a poursuivi :<br />
– Raconte-moi et je le lui dirai. Il f<strong>au</strong>t qu’il sache, d’une manière ou d’une <strong>au</strong>tre. Tu ne peux pas<br />
passer la nuit ici sans rien lui dire. C’est moi qui appellerai ta maman.<br />
Je lui ai tout raconté. Pas une seule fois elle ne m’a interrompue, et quand je me suis arrêtée, elle n’a<br />
pas cherché à me prendre dans ses bras ni rien. Elle s’est levée et elle a remis son peignoir en pla<strong>ce</strong> en<br />
me déclarant :<br />
– Tu peux aller te changer dans la salle de bains, là, sur la g<strong>au</strong>che.<br />
Et elle est sortie de la chambre.<br />
Deux ou trois minutes plus tard j’étais assise en tailleur sur le canapé en cuir, je sirotais le verre de<br />
lait qu’elle m’avait apporté et je les écoutais qui s’engueulaient dans la cuisine.<br />
– Elle ne peut pas faire comme s’il ne l’avait pas menacée, murmurait Briley. Tu le sais bien.<br />
– Elle a peur. Tu comprends, non ? De toute façon, elle n’écoutera jamais le moindre mot de <strong>ce</strong> que je<br />
pourrais lui dire <strong>ce</strong> soir. Ça, je te le garantis.<br />
J’éprouvais une <strong>ce</strong>rtaine fierté à avoir déclenché une dispute entre eux. La faille dans <strong>ce</strong> couple filant<br />
le parfait amour. Rirait bien qui rirait le dernier… malgré les mena<strong>ce</strong>s de Papa. S<strong>au</strong>f que j’avais du mal à<br />
me réjouir. La vérité, c’est que j’étais épuisée et complètement sonnée.<br />
– Elle souffre en cours. Mais <strong>ce</strong> garçon ne lui a pas fait de mal. Il a quitté le lycée… j’entendais Papa<br />
expliquer.