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– Tu peux m’attendre ici ? ai-je demandé à Maman. J’en ai pour deux secondes.
– Ici ? Devant le siège du journal ? Qu’est-ce que tu vas faire là-dedans ?
Nous étions devant un bâtiment en briques dont le fronton annonçait : SUN-TRIBUNE.
– C’est pour le lycée. Pour notre projet de mémorial. Il faut que je récupère de la documentation dans
le bureau d’une femme qui travaille ici.
Tous les signaux d’avertissement de Maman devaient être déclenchés. Il faut dire qu’elle était à peine
rentrée du bureau, plus tard que d’habitude, quand je l’avais appelée pour lui demander de passer me
prendre devant chez le docteur Hieler et de m’accompagner directement au bureau du Sun-Tribune, sans
autre explication que « Je t’expliquerai plus tard, je te promets. »
Cela dit, malgré son air sceptique, elle était tellement soulagée de voir qu’aucune voiture de police
ne nous suivait et que je n’avais pas de menottes qu’elle ne s’est pas fait prier.
– Ne t’inquiète pas, Maman, l’ai-je rassurée, la main sur la poignée de la portière. Fais-moi
confiance pour ce coup-là.
Elle m’a jeté un long regard avant de retirer mes cheveux de mon épaule en répondant :
– D’accord. Je te fais confiance.
– Je n’en ai pas pour longtemps.
– Fais ce que tu as à faire. Je t’attends ici.
Je suis sortie de la voiture, et sans hésiter je suis entrée dans le bureau du Sun-Tribune en poussant
les deux battants de la porte. Un gardien assis au fond du vestibule m’a indiqué une feuille pour que je
signe. Je me suis exécutée et il a pris la feuille en lisant tout haut mon nom.
– Et la raison de votre rendez-vous… ?
– Il faut que je voie Angela Dash.
– Elle vous attend ?
– Non. Mais elle a beaucoup écrit sur moi, alors à mon avis, elle sera plutôt contente de me voir.
Malgré son air dubitatif, il a décroché son téléphone et marmonné deux ou trois mots. Quelques
instants plus tard, une petite brune rondelette avec une jupe en jean un peu trop serrée et des bottines
démodées est venue m’accueillir. Elle m’a tout de suite ouvert la porte pour m’introduire dans les
bureaux.
– Je suis Valérie Leftman.
– Je sais qui tu es, m’a-t-elle répondu avec une voix un peu masculine.
Elle a foncé le long d’un couloir en accélérant le pas et je l’ai suivie tant bien que mal. Puis elle a
disparu dans un petit bureau miteux à peine éclairé, si ce n’est par la lueur grise de l’écran d’un
ordinateur. Je suis entrée. Elle était déjà assise derrière son bureau.
– Si tu savais le nombre de fois où j’ai cherché à te joindre, m’a-t-elle lancé en fixant son écran et en