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– À quoi bon, de toute façon ? Tant pis, il avait sans doute raison… Je suis remontée dans ma chambre pour manger mes céréales en écoutant la radio. Il avait raison, elles étaient rances. Je venais de balancer le morceau de pizza congelé sur mon plateau et je me servais une cuillerée de salade de fruits en boîte quand j’ai reconnu la voix de M. Angerson au-dessus de mon épaule. – J’espère que tu ne comptes pas déjeuner dans le couloir. – Euh… si, plus ou moins. J’aime bien le couloir. – Ce n’est pas ce que j’espérais entendre de ta part. Tu veux que je trouve un prof libre pour te surveiller samedi prochain ? – Oui. Stacey, qui était juste devant moi dans la queue, a pris son plateau en filant à pas menus vers sa table. Je l’ai vue dans mon champ de vision qui chuchotait quelque chose à Duce, Mason et la bande. Tous les regards se sont tournés vers moi. Duce ricanait. – Sache que je ne permettrai jamais que tu orchestres un nouveau drame dans ce lycée, Valérie Leftman, m’a lancé Angerson, rouge comme une tomate. Bonjour la médaille, la lettre de remerciements, et toutes ces conneries d’héroïsme et de pardon, pensais-je. – Le lycée a un nouveau règlement qui interdit aux élèves de s’isoler dans l’enceinte du bâtiment. Toute personne se tenant volontairement en retrait est désormais sous surveillance. Je suis désolé, mais les cas les plus évidents sont susceptibles de renvoi. C’est clair ? La queue se déplaçait autour de moi et les élèves ne pouvaient s’empêcher de me regarder. Certains affichaient un sourire énigmatique tout en chuchotant à l’oreille de leurs copains derrière mon dos. – Je n’ai jamais rien orchestré. Et je ne vois pas ce que je fais de mal là, maintenant. – Je te demande de réfléchir, m’a répondu le directeur. À titre de faveur vis-à-vis des survivants. Il a lâché le mot « survivants » comme une bombe et ça a marché. J’étais bouleversée. J’avais l’impression qu’il avait prononcé le mot à tue-tête et que tout le monde l’avait entendu. Là-dessus il est sorti et j’en ai profité pour retourner devant la salade de fruits. Je me suis servi une grosse louchée d’une main tremblante. Mais il m’avait coupé l’appétit. Je suis passée à la caisse avant de me diriger vers le Foyer, mortifiée par tous les regards tournés vers moi, tel un lapin surpris par des phares en pleine nuit. Je me suis concentrée devant moi, exclusivement devant moi, et j’ai pris la direction du couloir. Angerson était en train d’expliquer à une bande de garçons où l’on avait le droit de manger des frites et où c’était interdit. Je me suis figée, prête à un nouvel affront. – Tu tiens vraiment à déjeuner dans le couloir ? m’a demandé Angerson alors que je m’asseyais par terre en veillant sur mon plateau. J’étais sur le point de répondre quand j’ai senti du grabuge dans le couloir. Jessica Campbell a déboulé avant de contourner Angerson pour se glisser à côté de moi. Son plateau a claqué sur le lino alors qu’elle retirait son sac à dos avec un coup d’épaules. – Bonjour, monsieur Angerson ! Pardon, je suis en retard, Valérie. – Jessica ? Mais que fais-tu ici ? – Je déjeune avec Valérie, a-t-elle répondu en secouant sa mini-brique de lait. On a deux ou trois trucs à voir ensemble par rapport au Bureau des élèves. Je pensais que c’était le meilleur moyen d’en parler sans être dérangées. On ne s’entend pas dans ce Foyer. Impossible de réfléchir tranquillement. M. Angerson avait l’air prêt à flanquer un méga-coup de poing contre je ne sais quoi. Il a hésité deux ou trois secondes, et tout à coup il a fait comme s’il y avait un incident dans le Foyer et il a filé pour « remettre les choses en ordre ». Jessica ricanait en douce.
– Qu’est-ce que tu fiches ? – Je déjeune, m’a répondu Jessica en mordant dans sa part de pizza. Beurk, elle est congelée ! Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire. J’ai pris ma part et j’ai croqué. – Merchi, ai-je dit la bouche pleine. Angerson rêve de trouver un prétexte pour me virer. – Oublie, il est con comme un balai. Elle a éclaté de rire pendant que je sortais mon carnet avant de dessiner un long manche à balai avec un costume et une cravate.
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Pour la traduction française : ©
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Stacey riait à cause d’une remar
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V. Et Mme Tate a dû percevoir mon
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