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– Sérieux ? Je ne savais pas.<br />
– Je m’en doutais, m’a-t-il répondu, un peu amer. Tu n’as pas arrêté de te plaindre, p<strong>au</strong>vre petite<br />
Valérie éplorée. Tu étais blessée. Tu souffrais. On te soupçonnait. Jamais tu n’as eu la moindre pensée<br />
pour les <strong>au</strong>tres. Jamais, putain ! Jamais tu as cherché à savoir comment on allait, nous. Tu nous as lâchés<br />
comme des vieilles ch<strong>au</strong>ssettes.<br />
Je tombais des nues. Il avait raison. La seule fois où Sta<strong>ce</strong>y était venue me voir, je ne lui avais<br />
demandé <strong>au</strong>cune nouvelle de personne. Je n’avais appelé personne. Envoyé de mails à personne. Rien. Ça<br />
ne m’avait même pas traversé l’esprit.<br />
– Mon Dieu ! ai-je murmuré, entendant soudain le reproche de Jessica : Tu es égoïste, Valérie. Je<br />
suis désolée. Je ne pensais pas que…<br />
– Le type, là, l’inspecteur Panzella, il était quasiment installé chez moi, merde ! Il m’a pris mon<br />
ordinateur et tout le reste. Mais tu sais le pire ? c’est que… je ne me doutais de rien. Nick ne m’a jamais<br />
fait la moindre allusion à son plan. Il ne m’a jamais prévenu ni rien.<br />
– Moi non plus, il ne m’avait pas prévenue.<br />
Et j’ai ajouté, d’une voix à peine <strong>au</strong>dible :<br />
– Je te demande pardon, Du<strong>ce</strong>, sincèrement.<br />
Il a fouillé dans sa poche avant de sortir une cigarette qu’il a allumée en répondant :<br />
– Au début, je me sentais nul, de n’avoir rien vu venir. On était sans doute moins proches que <strong>ce</strong> que<br />
je pensais. En plus je culpabilisais. J’<strong>au</strong>rais dû m’en douter, j’<strong>au</strong>rais pu l’arrêter. L’aider. Faire quelque<br />
chose. Mais <strong>au</strong>jourd’hui… je ne sais pas… peut-être qu’il a préféré ne rien nous dire pour nous épargner.<br />
– Tu parles, s’il a voulu nous épargner, il avait tout f<strong>au</strong>x.<br />
– Tu m’étonnes.<br />
J’ai jeté un œil du côté du vieil homme : il venait de se redresser et remettait sa veste en pla<strong>ce</strong> en se<br />
dirigeant vers sa voiture.<br />
– Tu te rappelles le jour où on est allés <strong>au</strong> parc aquatique, tous les trois ? ai-je demandé à Du<strong>ce</strong>.<br />
– Ouais, qu’est-<strong>ce</strong> que tu nous as cassé les pieds <strong>ce</strong> jour-là ! Tu n’arrêtais pas de chouiner par<strong>ce</strong> que<br />
tu avais froid, ou faim, quelle plaie ! On <strong>au</strong>rait dit que tu voulais l’empêcher de s’amuser.<br />
– Je me souviens, ai-je répondu en regardant sa tombe. Nicholas Anthony. À la fin de la journée,<br />
vous, les mecs, vous avez fini par nous planter, Sta<strong>ce</strong>y et moi. On vous a cherchés partout et on vous a<br />
retrouvés en train de manger des Oreo avec deux blondes qui venaient de Mount Pleasant…<br />
– Canon, les deux nanas.<br />
– Ouais, pas mal. Tu te souviens de <strong>ce</strong> que j’ai dit à Nick quand on vous a retrouvés ?<br />
J’ai levé les yeux vers Du<strong>ce</strong>. Il a secoué la tête. Avec un be<strong>au</strong> sourire.<br />
– Je lui ai dit que je le haïssais. Tel quel, je te promets, « Je te hais. »<br />
J’ai ramassé une feuille morte que j’ai commencé à dépi<strong>au</strong>ter en poursuivant :<br />
– Tu crois qu’il sait que je n’en pensais pas un mot ? Tu ne crois pas qu’il est mort en pensant que je<br />
le haïssais, non ? Oh, je sais, c’était il y a super longtemps et on s’est réconciliés le soir même. Mais<br />
parfois ça me turlupine et j’ai peur qu’il n’ait jamais oublié, et que le jour de… de la tuerie, quand j’ai<br />
essayé de l’empêcher de tirer, ça lui est revenu en mémoire et c’est pour ça qu’il s’est suicidé. Par<strong>ce</strong><br />
qu’il était persuadé que je le haïssais.<br />
– Peut-être.<br />
J’ai réfléchi quelques instants avant de répondre :<br />
– Je l’aimais.<br />
Tout à coup j’ai éclaté de rire en m’exclamant :<br />
– Telle fut la c<strong>au</strong>se de ma chute !<br />
C’est exactement <strong>ce</strong> que m’<strong>au</strong>rait dit Nick si j’avais été l’héroïne vouée <strong>au</strong> malheur d’une des<br />
tragédies de Shakespeare qu’il aimait tant.