Télécharger ce livre au format PDF - Index of

2 mai 2008
7 h 41
« Tu te souviens de notre plan ? »
Christy Bruter s’est écroulée à mes pieds, et le Foyer s’est transformé en carnage, vacarme et chaos
absolus. Curieusement, c’est là que j’ai vécu quelques secondes où j’ai cru que c’était un mirage. Un
cauchemar alors que je dormais dans mon lit. Mon portable allait sonner, je décrocherais et je tomberais
sur Nick qui me préviendrait qu’il allait au lac Bleu avec Jeremy pour la journée.
Soudain il a bondi en avant et Willa est tombée sur Christy avant de rouler sur elle au milieu d’une
mare de sang. Christy respirait toujours, mais elle avait l’air gravement blessée, et on aurait dit qu’elle
respirait à travers un tuyau ou un masque. Willa lui pressait les mains en essayant de la rassurer.
Je me suis agenouillée à côté de Willa pour lui presser les mains, moi aussi.
– T’aurais pas un portable ? lui ai-je demandé.
Elle m’a fait non de la tête. Le mien était dans mon sac à dos, lequel avait disparu dans la confusion.
Beaucoup plus tard, j’ai vu sur les vidéos de surveillance qu’en fait il était juste à côté de moi, baignant
dans le sang. Ça m’a fait un drôle d’effet, parce qu’on voit que je regarde mon sac à dos, mais je suis
tellement terrorisée que je suis incapable de le reconnaître. Comme si les deux mots, « sang » et « sac à
dos », étaient fondamentalement déconnectés.
– J’ai le mien, a répondu Rachel Tarvin.
Elle était debout au-dessus de Willa, imperturbable. C’était fou, on aurait dit qu’elle assistait tous les
jours à une fusillade.
Elle a sorti son portable de sa poche et commencé à composer un numéro quand une deuxième
détonation a retenti, suivie par de nouveaux cris d’horreur. Puis encore deux détonations… Puis trois…
Un flot d’élèves fonçait vers nous quand tout à coup j’ai bondi, de peur de me faire écraser.
– Ne pars pas ! Elle va mourir ! s’est écriée Willa. Je t’en supplie. Aide-moi. Aide-moi !
Je n’ai pas eu le temps de répondre, j’ai été emportée, balayée par la marée humaine et j’ai dérapé
sur le sang de Christy avant de m’écrouler contre des élèves qui se bousculaient pour sortir du Foyer. Je
me suis pris un coup de coude en pleine lèvre et j’ai reconnu le goût du sang. Quelqu’un m’a violemment
écrasé le pied. Mais j’avais le cou tendu, tellement concentrée que j’ai à peine remarqué. Christy me
semblait déjà à mille lieues. C’est là que j’ai découvert un spectacle pire encore.
Du côté de la table des beignets, j’ai vu du sang. Sous la table, deux corps, immobiles. Et au-delà,
Nick qui renversait tout sur son passage. Çà et là il s’accroupissait et jetait un coup d’œil sous une table,
tirait quelqu’un par la manche et prenait à partie la personne en lui braquant son arme en pleine figure.
Puis une nouvelle détonation suivait, et de nouveaux hurlements.