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assumer la charge de tout le monde en même temps.
– Tu n’as plus besoin d’assumer ma charge. Je vais bien, Maman, sérieusement. Le docteur Hieler
trouve que je fais des super progrès. En plus je viens de commencer ces cours de peinture. Et je travaille
sur un projet pour le BDE.
J’ai ressenti un besoin irrésistible de réparer quelque chose au cœur du cœur de Maman. Une
immense vague de compassion. J’aurais voulu être celle qui allait lui redonner espoir, lui rendre le
Dakota du Sud.
– Justement, je voulais te demander si tu étais d’accord pour que j’aille dormir chez Jessica
Campbell ce week-end.
J’avais la gorge plus nouée que jamais.
– Tu veux dire la fille blonde qui passe souvent ?
– Oui. Elle est présidente du BDE et elle fait partie de l’équipe de volley. C’est une fille bien, je te
promets. On déjeune tous les jours ensemble. On est très copines.
– Val, tu es sûre que tu en as envie ? Je croyais que tu avais horreur de ces filles.
– Non, je te promets. C’est la fille que j’ai sauvée en sautant pour la protéger. Depuis on est super
amies.
Nouveau silence. Maman reniflait tout bas.
– J’ai tendance à oublier, m’a-t-elle répondu avec un filet de voix arrivant doucement jusqu’à moi.
J’ai tendance à oublier que tu t’es comportée avec un courage exceptionnel ce jour-là. Je ne vois que la
fille qui a rédigé cette longue liste de gens à abattre.
J’ai lutté pour ne pas me défendre en hurlant : Je n’avais aucune envie que ces gens meurent. Et tu
n’aurais jamais entendu parler de cette liste si Nick ne l’avait pas perdue. C’est Nick qui l’a perdue !
C’est pas moi !
– Je suis tellement obnubilée par l’idée que c’est toi qui as fichu notre vie de famille en l’air que
j’oublie que c’est toi qui as mis fin à la tuerie. C’est toi qui as sauvé la vie de cette fille. Je ne t’ai jamais
remerciée pour ça, pas vrai ?
J’ai fait non de la tête. Pourtant je savais qu’elle était incapable de me voir sous ce nouveau jour.
– Alors, Jessica est vraiment ton amie ?
– Oui. Je l’aime vraiment, je te promets.
C’était la vérité et j’ai eu un choc en m’entendant le dire.
– Dans ce cas-là, vas-y. Va chez ton amie. Tu as besoin de t’amuser.
Sa réponse m’a fait un drôle d’effet. Je n’étais pas sûre de me distraire avec les amis de Jessica. Leur
façon de faire la fête n’avait rien à voir avec tout ce que je connaissais jusqu’ici.