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C’était à l’époque où l’été se déroulait fa<strong>ce</strong> à nous comme un long ruban sans fin. Où la « rentrée »<br />

était une idée, pas une réalité. Une idée à laquelle je croyais. Je n’étais coupable de rien si <strong>ce</strong> n’est d’être<br />

amoureuse de Nick et de haïr tous <strong>ce</strong>ux qui nous har<strong>ce</strong>laient, et il était hors de question que je disparaisse<br />

comme une voleuse pour fuir les gens qui pensaient que j’étais coupable d’<strong>au</strong>tre chose. Hélas, maintenant<br />

qu’il fallait passer à l’acte, je n’avais pas seulement peur, j’étais terrorisée.<br />

– Tu as eu tout l’été pour changer d’avis, m’a dit Maman, assise sur mon lit.<br />

Je me suis tournée vers ma commode, j’ai attrapé une petite culotte propre et un soutien-gorge, et j’ai<br />

récupéré vite fait un jean et un T-shirt qui traînaient par terre.<br />

– Pigé. Je vais m’habiller.<br />

Elle a esquissé un genre de rictus, plutôt douloureux, qui ressemblait à un sourire. Puis deux ou trois<br />

f<strong>au</strong>x départs vers la porte, jusqu’<strong>au</strong> moment où elle a dû se dire que c’était <strong>ce</strong> qu’il y avait de mieux à<br />

faire et elle a foncé, agrippée à son téléphone. Un peu plus et elle l’emporterait <strong>au</strong> boulot, comme ça, le<br />

pou<strong>ce</strong> prêt à appuyer sur le premier chiffre du numéro d’urgen<strong>ce</strong>.<br />

– Très bien. Je t’attends en bas.<br />

J’ai enfilé mon vieux jean et mon T-shirt sans faire attention, peu importe dans quel état ils étaient, je<br />

m’en foutais. Ce n’est pas par<strong>ce</strong> que je serais bien habillée que je me sentirais mieux ou que je me ferais<br />

moins remarquer. J’ai s<strong>au</strong>tillé jusqu’à la salle de bains et je me suis vaguement brossé les cheveux alors<br />

que ça faisait plus de quatre jours que je ne les avais pas lavés. Pas la peine de me maquiller. Encore<br />

moins de chercher à retrouver mes produits. On ne peut pas dire que j’avais be<strong>au</strong>coup été <strong>au</strong> bal <strong>au</strong> cours<br />

de l’été. C’est tout juste si je pouvais mettre un pied devant l’<strong>au</strong>tre à c<strong>au</strong>se de ma blessure à la cuisse.<br />

Vite, j’ai enfilé une paire de ch<strong>au</strong>ssures en toile et pris mon sac à dos – un nouve<strong>au</strong>, que Maman<br />

venait de m’acheter et qui était resté là où elle l’avait déposé jusqu’à <strong>ce</strong> qu’elle finisse par le remplir de<br />

fournitures elle-même. Mon vieux sac à dos, <strong>ce</strong>lui qui était couvert de sang… oh, il avait sans doute fini<br />

<strong>au</strong> fond de la poubelle avec le T-shirt de Nick, « Flogging Molly », qu’elle avait retrouvé dans mon<br />

placard et jeté pendant que j’étais à l’hôpital. Quand j’étais rentrée à la maison et que j’avais découvert<br />

que le T-shirt avait disparu, j’avais éclaté en sanglots et je l’avais traitée de salope. Elle n’avait rien<br />

compris – il n’avait rien à voir avec Nick-le-meurtrier. Il appartenait à Nick, le type qui m’avait fait la<br />

surprise de m’<strong>of</strong>frir des billets pour un con<strong>ce</strong>rt des Flogging Molly <strong>au</strong> Closet. Nick, le type qui m’avait<br />

permis de monter sur ses ép<strong>au</strong>les pendant qu’ils chantaient « Factory Girls ». Nick, le type qui m’avait<br />

proposé de faire caisse commune pour acheter un T-shirt qu’on se partagerait. Nick, le type qui l’avait<br />

mis pour rentrer chez lui, puis qui l’avait enlevé pour me le prêter sans jamais me le redemander.<br />

Le comble, c’est qu’elle s’est défendue en disant que c’est le docteur Hieler qui lui avait conseillé de<br />

le jeter. Je ne l’ai jamais crue. Elle rendait le docteur Hieler responsable de tout pour faire passer la<br />

pilule. Or lui comprendrait parfaitement que le T-shirt n’appartenait pas à Nick-le-meurtrier. Je ne savais<br />

même pas qui c’était, Nick-le-meurtrier. Le docteur Hieler l’avait très bien compris.<br />

J’étais habillée, prête à y aller, quand ça m’est tombé dessus : j’étais trop angoissée. J’avais les<br />

jambes en coton et je n’étais pas sûre de pouvoir franchir la porte ; une fine pellicule de transpiration me<br />

couvrait la nuque. Non, je ne pouvais pas y aller. Je ne pouvais pas affronter <strong>ce</strong>s gens, <strong>ce</strong>s lieux. Je<br />

n’étais pas assez forte, c’est tout.<br />

J’ai sorti mon portable de ma poche, les mains tremblantes, et j’ai composé le numéro du docteur<br />

Hieler. Il a répondu à la première sonnerie.<br />

– Je suis désolée de vous déranger… ai-je bafouillé en m’écroulant sur mon lit.<br />

– Pas de problème, je t’avais conseillé d’appeler. Tu te souviens ? J’attendais ton coup de fil.<br />

– Je ne crois pas que je peux. Je ne suis pas prête. Je pense que je ne serai jamais prête. C’était une<br />

m<strong>au</strong>vaise idée de…<br />

– Val, arrête. Bien sûr que tu peux. Tu es prête. On en a suffisamment parlé. Ça va être difficile mais<br />

tu peux affronter ça. Tu as vécu des choses be<strong>au</strong>coup plus dures <strong>ce</strong>s derniers mois, non ? Tu es une fille

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