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– C’est à toi que je parlais, a-t-il insisté en riant.
J’ai éclaté de rire. Pas un petit rire, c’est ce qui m’a surprise. J’ai renversé la bouteille pour prendre
une nouvelle gorgée mais elle était vide. Je l’ai jetée derrière la meule, schlack ! et j’en ai pris une autre
au milieu des glaçons. Josh me l’a arrachée des mains pour la décapsuler avant de me la rendre. Un peu
pompette, je lui ai répondu :
– Je ne danse plus beaucoup. Ma jambe…
J’ai jeté un coup d’œil sur ma cuisse, mais elle m’avait l’air tout ce qu’il y a de plus normal. Et je ne
ressentais aucun élancement. Hop, une nouvelle lampée…
– Allez, viens, a repris Josh en m’entraînant au centre. Personne ne remarquera rien.
Il sentait bon. Un parfum de savon. De savon pour homme, comme celui qu’utilisait Nick. Une bouffée
de nostalgie m’a saisie, atroce. J’avais l’impression d’être seule, enfermée dans une cage. J’ai fermé les
yeux et je me suis laissé aller dans les bras de Josh. Le monde entier semblait valser derrière mes
paupières closes. J’ai souri avant de rouvrir les yeux pour finir ma bouteille. Je l’ai jetée dans la meule et
j’ai pris Josh par la main en m’exclamant :
– Allez, qu’est-ce qu’on attend ? Dansons !
J’ai été sidérée de voir avec quelle facilité j’enchaînais les mouvements. À quelle vitesse ils me
revenaient. À une époque, danser était un de mes plus grands plaisirs et dès que j’avais un peu bu, j’avais
du mal à ne pas y aller. Combien de fois j’avais dansé dans les bras de Nick tandis qu’il me soufflait
dans la nuque en murmurant, Tu es sublime, tu le savais ? Ces bals de lycée, c’est naze, mais au moins
ça me permet de danser avec la plus belle fille de la salle.
Ils ont passé un slow et Josh en a profité pour me serrer la taille. Je me suis laissé faire, les yeux
fermés. Les manches en cuir de son blouson de footballeur crissaient contre mes joues et je
m’abandonnais, goûtant son parfum et le toucher râpeux de son blouson contre mon oreille. J’imaginais
que c’était celui de Nick, dont la fermeture Éclair me chatouillait l’oreille. Il me disait qu’il m’aimait.
Qu’il m’avait toujours aimée.
J’étais si loin de la réalité que je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir l’air surprise quand j’ai rouvert les
yeux et découvert Josh face à moi.
– Pardon, je crois qu’il faut que j’aille prendre d’air. J’ai la tête qui tourne. J’ai dû boire un peu trop
vite.
– Ouais, on sort.
On a réussi à se dégager pour aller à l’extérieur. Plusieurs personnes se bécotaient ; d’autres fumaient
ou jouaient à se tapoter les fesses sous les rayons de lumière et les ondes de musique qui glissaient à
travers la porte ouverte. On a fait le tour de la grange pour trouver un coin plus tranquille. Josh s’est assis
dans l’herbe et je me suis écroulée à côté de lui en essuyant mon front qui commençait à transpirer.
– Merci, ai-je lâché. Je n’ai pas fait beaucoup de sport ces derniers temps. J’ai un peu perdu
l’habitude.
– Pas de souci. Moi aussi j’avais besoin de faire une pause.
Il m’a souri. Un vrai sourire, sincère. C’était sympa, cette fête, finalement. Rien à voir avec ce que
Nick et moi, on imaginait.
J’ai entendu un bruissement dans les herbes et un trio de garçons a surgi du pré qui n’avait pas dû être
fauché depuis un bail. J’ai tout de suite reconnu Troy, le frère de Meghan. Les deux autres étaient des
types plus âgés qui traînaient souvent avec lui, mais je ne connaissais pas leurs noms.
– C’est qui, cette nana, Joshy ? a lancé Troy. On drague la copine du meurtrier, maintenant ?
Audacieux ! Il paraît que le meurtre, ça excite à fond.
Le sourire de Josh s’est éteint, comme une ampoule, aussitôt remplacé par cette mine un peu dure que
je lui connaissais par cœur.
– Moi, avec elle ? Ça va pas. Je l’ai juste à l’œil. Pour Alex. Histoire d’être sûr qu’elle ne fout pas