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qu’auparavant, quand les élèves se plaignaient de toutes sortes de vexations dans le bureau de la
conseillère. »
Les problèmes de discipline appartiennent au passé, toujours selon M. Angerson, qui assure que le
lycée est destiné à voir un déclin significatif des problèmes de comportement dans les années à venir.
« Je pense que les élèves commencent à comprendre que nous sommes unis. Qu’au bout du compte,
la critique systématique, les jugements à l’emporte-pièce, les inimitiés intempestives, qui sont si
banales à cet âge, n’ont aucun intérêt. Malheureusement, il aura fallu ce drame. Cela dit ils en ont
tiré une leçon et ils ont changé. Voilà pourquoi je pense que cette génération nous prépare un monde
meilleur. »
Les élèves ont été autorisés à retourner au lycée pour finir leur année, néanmoins M. Angerson
précise que leur emploi du temps inclura désormais ce qu’il appelle une « prise en charge du
traumatisme » : une équipe de conseillers professionnels qui pourront travailler avec les élèves afin
qu’ils surmontent le choc du 2 mai.
M. Angerson rappelle également que les étudiants n’ont pas été obligés de revenir. Les examens de
fin d’année ont été annulés, et les professeurs sont chargés de suivre chaque élève afin de s’assurer
que chacun obtienne les notes dont il a besoin.
« Certains professeurs ont même organisé des groupes de travail qui se réunissent chez eux le
soir. Ou dans la bibliothèque. Ou encore par Internet. Mais la majorité des élèves ont décidé d’euxmêmes
de reprendre les cours normaux. Beaucoup manifestent un attachement profond à l’esprit de
leur lycée et sont déterminés à entretenir la flamme. Ils tiennent aussi à montrer qu’ils n’ont pas peur.
Honnêtement, la raison principale pour laquelle nous avons décidé de reprendre les cours, c’est pour
répondre à cette demande. »
M. Angerson conclut en soulignant qu’il est fier de voir autant de jeunes affirmer leur loyauté à
leur lycée. D’après lui, ces jeunes sont destinés à devenir une élite remarquable dans notre société.
« Je suis profondément fier de voir qu’ils forment la première vague de ceux qui seront, je crois, les
acteurs du changement de notre monde. Si la paix doit régner sur cette terre, ce sera grâce à eux. »
Plus tard dans la journée, j’ai discrètement emporté avec moi l’article pour le montrer au docteur
Hieler. À peine a-t-il fermé sa porte que je l’ai posé sur la table basse en lui demandant :
– Vous pensez que ça en fait un héros ?
– De qui parles-tu ?
– De Nick. Si les élèves qui ont survécu sont plus forts, branchés paix et tout, est-ce que ça fait de lui
un héros ? Une version millénium de John Lennon, disons ? Un homme de paix qui aurait un fusil à la
main ?
– Ce que je comprends dans ta question, c’est qu’il est plus facile pour toi de penser à lui comme à un
héros. N’oublie pas qu’il a tué des gens, Valérie. Je doute qu’il y ait beaucoup de personnes qui le
considèrent comme un héros.
– Oui, mais c’est injuste que le lycée reprenne. Ils acceptent tout le monde et ils leur pardonnent
parce que Nick a disparu. Je sais, s’il est mort, c’est sa faute, mais quand même. Ils n’auraient pas pu
ouvrir les yeux un peu plus tôt ? Pourquoi est-ce qu’il a fallu en arriver là ? C’est pas juste.
– La vie n’est ni juste ni sympathique.
– J’ai horreur quand vous dites ça.
– Mes enfants réagissent comme toi.
Je me suis calée dans ma chaise en boudant, fixant le journal jusqu’à ce que les mots se brouillent.
– Je parie que vous pensez que je suis idiote d’être fière de lui.
– Pas du tout, je ne crois pas que tu sois fière. Je pense que tu es blessée. Je pense que tu aurais voulu
que le changement d’attitude de tes camarades ait lieu plus tôt, parce que ça aurait permis d’éviter ce