Translating Nouzha Fassi Fihri's La Baroudeuse: A Case Study in ...

Oui, l'histoire de Le Ressac, l'histoire de Soraya, n'est pas une histoire isolée.
Disons que les filles de ma génération, beaucoup de filles ont été mariée jeunes,
très jeunes, et puis c'étaient des mariages arrangés entre familles. Alors, je suis
parmi ces jeunes filles. Je me suis mariée à quinze ans. Donc, j'ai dû quitter mes
études que j'adorait d'ailleurs, et je me suis mariée. J'étais encore très jeune.
J'étais très brillante en classe. Donc ça a été en quelque sorte un arrachement. Et
ça m'est toujours resté sur [le coeur], le fait de me marier comme ça, de cette
façon, même si c'était dans les moeurs. Je n'ai jamais accepté, vous voyez?
Donc, j'ai repris mes études par la suite, étant mariée avec des enfants. J'ai
poursuivi mes études, mais le fait de les avoir quittées comme ça, d'un coup, de
m'être mariée de cette façon... Heureusement, Dieu merci, j'ai été heureuse avec
mon mari et tout, mais c'est la façon qui je n'ai jamais. . . Mais le cas de Soraya,
comme je vous ai dit n'est pas un cas isolé. Il y avait beaucoup, beaucoup de
jeunes filles qui se mariaient de la même façon, et j'avais envie d'en parler. J'avais
envie de le dire, pour dépasser la chose. C'est-à-dire, en écrivant ce que j'ai écrit,
j'ai dépassé cette frustration que j'ai vécue de devoir me marier très, très jeune
alors que. . .
Dans votre premier roman, Le Ressac, vous avez adressé ce regret, et en écrivant
La Baroudeuse, vous traitez un autre problème, mais aussi la situation de la
femme qui vit selon le grè de sa famille traditionnelle.
Exactement, et c'est-à-dire que dans La Baroudeuse, il y a beaucoup de choses qui
me tenaient à coeur. D'abord, même dans Le Ressac, il y a ce côté-là de dire ce
que vivaient les jeunes filles à l'époque, d'un côté, mais aussi toute la beauté des
traditions, des coutumes, toute la poésie des maisons marocaines. Je ne sais pas si
vous avez lu Le Ressac. Est-ce que ça vous est ressorti cette poésie? De vivre
dans ces maisons marocaines, les jardins, tout ce bonheur de mon enfance? Et
puis, la Dada, qui est un personnage très important dans la vie de la maisonnée.
C'est une deuxième maman, mais avec son exotisme, avec tout ce qu'elle apporte,
parce que généralement elle vient des montagnes, elle vient de contrées assez
éloignées. Fès, c'est la vie citadine. Elle rapporte cette liberté des hauteurs, elle
reste gaie, elle est joyeuse, elle chante. Pour les enfants, elle raconte des histoires,
elle est très, très importante dans la vie des enfants, et ça aussi, j'ai voulu le dire.
Tout en étant esclave.
Tout en étant esclave.
Avec l'histoire qu'elle raconte de son esclavage.
C'est-à-dire, elle raconte sa propre histoire, mais aussi d'autres histories, vous
voyez? Elle a toujours en elle cette nostalgie. Ça n'empêche pas d'aimer la vie.
Vous comprenez? Elle a gardé cet amour de la vie qu'elle avait, petite fille, dans
son 'douar' lointain, et elle communique cette joie, ce bonheur, cette liberté.
Donc, il y a ce côté-là, les traditions, les coutumes, une règle de vie qui n'est
écrite nulle part mais qui est suivie à la lettre par tous. Un raffinement dans les
manières, un raffinement dans la vie quotidienne, un tas de coutumes, de
traditions qui disparaissent malheureusement, mais qui enrichissaient la vie
quotidienne. Le Ressac contient un peu de tout ça. Et puis, à La Baroudeuse,
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