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Translating Nouzha Fassi Fihri's La Baroudeuse: A Case Study in ...

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j'avais plusieurs thèmes. Il y avait le thème ethnographique, quand je dis<br />

ma<strong>in</strong>tenant tout ce que la vie à Fès comporte de coutumes et de traditions. Et puis<br />

il y a aussi le côté historique, l'histoire récente, que j'ai voulu raconter. Moi<br />

même, j'étais jeune, je n'ai pas pu saisir toutes les nuances, mais mon mari m'a<br />

raconté beaucoup de choses, mes parents, des membres de la famille. Puis, j'ai lu<br />

des livres en arabe, et puis j'ai voulu transmettre tout ça aux autres. C'est-à-dire,<br />

si j'écrivais en français, c'est d'abord pour une génération qui a une formation<br />

occidentale, c'est-à-dire les enfants qui ont étudié à la Mission Culturelle<br />

Française. Donc, les enfants qui ne connaissaient pas tout ça. Si j'avais écrit en<br />

arabe, ils n'auraient pas pu avoir accès à cette histoire récente qu'ils connaissaient<br />

mal. Et puis aussi aux étrangers, j'ai voulu donner ma propre des choses, d'une<br />

Maroca<strong>in</strong>e. Donc, il y a beaucoup d'ethnologie, il y a le côté historique, il y a<br />

l'histoire d'amour, elle aussi. Il y a le côté de la femme, l'émancipation de la<br />

femme. Disons que <strong>La</strong> <strong>Baroudeuse</strong> était porteuse de modernité. Elle était parmi<br />

les premières femmes qui se sont révoltées contre une situation déterm<strong>in</strong>ée, où le<br />

père était le patriarche. Il avait le dest<strong>in</strong> de... et comme vous avez dû vous en<br />

rendre compte, ce n'était pas seulement la femme dont on décidait de l'avenir,<br />

mais c'était aussi les garçons. Il y avait le patriarche, il y avait la famille qui<br />

décidait le dest<strong>in</strong> des jeunes, garçons ou filles. Rares ceux qui avaient leur mot à<br />

dire. C'était le mariage de la raison. Ils ne les mariaient pas à la légère. Ils<br />

essayaient, bien sûr, de leur donner le meilleur parti possible, mais c'étaient eux<br />

qui prenaient la décision, non pas les enfants, les pr<strong>in</strong>cipaux <strong>in</strong>téressés.<br />

Donc, vous écrivez pr<strong>in</strong>cipalement pour vos enfants?<br />

J'ai parlé de mes enfants, mais ce n'est pas seulement pour mes enfants que j'écris,<br />

lo<strong>in</strong> de là. J'écris pour toute la génération nouvelle qui doit connaître son histoire<br />

proche. Donc, moi, j'en parle, d'autres en parleront. C'est plus facile pour eux<br />

d'apprendre cette histoire à travers des romans parce que c'est plus agréable que<br />

de se référer aux livres d'histoire. Et puis, bien sûr, on me pose toujours cette<br />

question, 'pourquoi vous écrivez en français et non pas en arabe?', mais comme<br />

m'a dit je ne sais plus qui, je me considère comme des passeurs, des gens qui<br />

embarquent et qui transportent des passagers d'une rive à l'autre. C'est-à-dire<br />

qu'on essaie de raconter un peu ce que nous sommes réellement, et non pas ce<br />

visage un peu erroné que les autres voient en nous. Remarquez, mon voeu le plus<br />

cher c'est d'écrire aussi en arabe un jour. Ça, c'est certa<strong>in</strong>, parce que l'arabe, c'est<br />

ma langue de prédilection. C'est une langue extrêmement belle et extrêmement<br />

riche. J'adore lire les poésies arabes, les textes littéraires arabes qui sont d'une<br />

extrême beauté, mais jusqu'à ma<strong>in</strong>tenant, je ne suis pas encore prête pour le faire.<br />

J'ai, Dieu merci, un niveau en arabe qui n'est pas mauvais, parce que nous<br />

sommes parfaitement bil<strong>in</strong>gues. Notre génération a étudié l'arabe et le français<br />

exactement de la même façon. Nous possédons l'arabe. Mon père était un<br />

arabisant. Il était le conservateur de la bibliothèque de la Karaou<strong>in</strong>e à Fès, et il<br />

parlait pratiquement l'arabe classique dans son langage quotidien et nous avons un<br />

contact permanent avec l'arabe. Disons que notre relation avec l'arabe est<br />

différente de notre relation avec le français. Le français, nous pouvons l'agresser<br />

un petit peu. Il y a certa<strong>in</strong>es choses qu'on peut dire en français qu'on ne peut pas<br />

dire en arabe, parce qu'on a une sorte de respect pour cette langue. L'arabe de la<br />

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