1870 9e.pdf - Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles ...

forme, la conception et l'exécution ; on ne produisit plus que
des œuvres sans caractère et sans style.
La peinture monumentale était morte partout ou plutôt elle
sommeillait, car l'art ne meurt point, en attendant qu'une
circonstance favorable vint la tirer de sa léthargie. Le roi
Louis de Bavière a l'honneur d'avoir été le premier qui ait
songé à ce qu'elle avait été, à ce qu'elle pouvait redevenir.
On sait quels importants travaux Schnorr, Cornélius, Kaul-
bach exécutèrent à Munich pour réaliser ses généreux pro-
jets. Berlin s'est associé à ce mouvement; Dresde et d'autres
villes ont suivi à leur tour l'impulsion sous laquelle s'était
réveillée l'école allemande, qui se trouva reconstituée grâce
à la renaissance de la peinture monumentale. C'est également
des travaux entrepris jwur la décoration des édifices reli-
gieux et civils que sont issus, en France, bien des talents
distingués. La même cause produira en Belgique les mêmes
elïets, quand il lui aura été donné de faire sentir son action
d'une manière large et soutenue. Jamais il n'a été plus
nécessaire qu'en notre temps, de favoriser la culture de la
peinture monumentale. C'est la seule barrière qu'on puisse
opposer aux envahissements de la petite manière, au mau-
vais gûùt de l'art-marchandise, aux erreurs du réalisme.
Une des prétentions des peintres réalistes, c'est de créer
un ai't populaire. Rien n'est moins fondé. L'art i)opulaire,
l'art démocratique, c'est la peinture monumentale. 11 est fait
pour tous; il s'adresse à tous; ses productions sont constam-
ment exposés dans les lieux que fréquente la foule, à laquelle
elles communiquent d'agréables distractions et le goût
de l'instruction. C'est dans cette sphère que l'art exerce
au plus hani degré son iiilliicncc morale d civilisalricc