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être conservé à ce titre, et mériter grâce devant la postérité;
pour le dépouiller de son caractère odieux, il eût suffi d'imi-
ter ce général russe , qui sous l'inscription pompeuse de la
fontaine de Coblence : an mdcccxii mémorable par la cam-
pagne CONTRE LES RUSSES SOUS LE PRÉFEGTURAT DE JULES
DOAZAN , se borna à ajouter ces mots : vu et approuvé par
NOUS COMMANDANT RUSSE DE LA VILLE DE COBLENCE, CE l" JAN-
VIER MDCCCXIV.
Il suffisait d'inscrire sur la colonne de Culembourg, ces
mots : « à raison des souvenirs patrioticpies qu'il rappelle,
» les États ont ordonné le maintien de ce monument de
» vengeance et de haine. »
Détruire n'est pas prouver; le duc d'Albe n'avait pas dé-
montré la bonté de sa cause en renversant l'hôtel de Culem-
bourg; mais les sentiments populaires étaient trop surex-
cités : le prince d'Orange avait fait stipuler dans la Pacification
de Gand de 1576, qu'on abattrait et démolirait tous les tro-
phées , colonnes et effigies , dressés par le duc. d'Albe en
déshonneur des patriotes (i), et le peuple de Bruxelles, qui
recevait dans ses murs les exilés , Marnix avec le fils du
comte d'Egmont, crut devoir leur faire fête, en rendant dent
pour dent, et en renversant la colonne élevée sur les ruines
de l'hôtel du comte de Culembourg.
Elle fut brisée en mille pièces, et un grand nombre d'ha-
bitants voulurent en emporter et conserver des débris, pour
(i) Voici le texte de cette clause : « Art. xii. Et seront aneantiz, démolis et
abbatuz les Pillicrs, Trophées, Inscriptions et autres signaulx, que le duc d'Alve
a faict ériger en deshonneur et blasnie, etc. n