Pour une pêche durable

Faisabilité des Unités d’Exploitation et de Gestion Concertée (UEGC)
7.2.6. Etape 4 : aménagement des usages à l’échelle du secteur
liguro-provençal :
Une gestion prud’homale efficace pour la pêche professionnelle mais en décalage avec la
Politique Commune de la Pêche et insuffisante avec l’apparition des nouveaux usages
Une gestion efficace de l’activité professionnelle
Chaque prud’homie gère et organise la pratique de la pêche professionnelle sur son territoire.
Les règlements prud’homaux sont proposés, puis adoptés, de façon collégiale. Le 1 er
prud’homme a alors la responsabilité et l’autorité (déléguée par les Affaires Maritimes) pour
faire appliquer et respecter les règles décidées (voir supra).
Un territoire prud’homal est de dimension restreinte (voir supra) où tout reste à portée de la
vue. Pour les scientifiques, « la gestion prud’homale est pertinente pour une gestion à vue »
(LE CORRE, com.pers.), ce qui correspond à l’activité des « petits métiers » sur la zone
considérée. De même les administrateurs des Affaires Maritimes reconnaissent la pertinence
et de la gestion prud’homale pour l’activité de pêche aux « petits métiers ».
Les prud’hommes sont convaincus que cette forme de gestion est la plus appropriée à leurs
pratiques. Mais une grande majorité des prud’hommes (80%) pense qu’il faut réaffirmer leur
pouvoir. Ils se sentent « lâchés » par les Affaires Maritimes.
Une inadéquation la Politique Commune de la Pêche
Selon les prud’hommes, la Commission Européenne est inapte à gérer leur activité. Deux
exemples sont cités : le critère de la puissance et les mesures techniques.
Tout d’abord, la puissance n’est pas une mesure adaptée à la pêche aux « petits métiers ». En
effet, si la puissance du moteur directement liée à la force de traction des chalutiers ou à la
vitesse des thoniers, s’avère une donnée stratégique pour ces grands métiers, ce n’est pas le
cas des « petits métiers » qui exercent les arts dormants (filets, palangres,…).
D’autre part, les mesures techniques européennes - destinées à « harmoniser » les mesures
nationales et « ajuster » les procédés techniques aux caractéristiques de la ressource marine -
sanctionnent particulièrement la petite pêche. La limitation de la hauteur des filets à 4 m
(règlement (CE) n°1626/94) supprimeraient la plupart des filets utilisés. Selon les
prud’hommes, 50 à 80% des prises sont dues à la souplesse de filets qui « veillent » (qui
arrivent en surface). Avec la réglementation européenne, près de la moitié des engins serait
supprimée. En condamnant ainsi la polyvalence des « petits métiers », les prud’hommes
pensent qu’on condamne leur indispensable adaptabilité.
L’apparition de nouveau usages perturbe l’organisation traditionnelle
Certains prud’hommes (33%) réclament un droit de police sur la pêche plaisancière comme
ils en disposent sur la pêche professionnelle. Les représentants des usagers refusent
catégoriquement cette possibilité. De même, on rappelle (voir supra) que certains
administrateurs des Affaires Maritimes dénoncent la demande anachronique de certains
professionnels de demeurer les usagers prioritaires de l’espace. « Ils ne sont pas les seuls
utilisateurs du plan d’eau. »
WWF France, Programme « Pêche Durable », 122