Pour une pêche durable

Faisabilité des Unités d’Exploitation et de Gestion Concertées (UEGC)
Placé entre l’environnement et la marché, la filière halieutique concerne d’autres acteurs que
les professionnels qui en font partie. Il faut ouvrir la problématique de la gestion des pêches
vers des acteurs extérieurs et le grand public (associations de développement, de
consommateurs, de défense de l’environnement, etc.). C’est une évolution que prépare les
CCR qui doivent être composées pour 2/3 de professionnels et pour 1/3 de représentants de la
société civile. De la même façon, les UEGC doivent être ouverte à la participation
d’autres interlocuteurs.
Assigner des objectifs clairs à la concertation sur le long terme
Rapprocher l’amont et l’aval de la filière
La filière halieutique est morcelée, cloisonnée : les professionnels s’opposent souvent les uns
aux autres. En mer, les conflits de métier font rage. Et très peu d’acteurs ont une vision
d’ensemble. La systématisation d’une approche filière, intégrant à la fois les aspects
écologiques, économiques et sociaux, permettra de faire apparaître les différentes stratégies
d’exploitation possibles sur le territoire de l’UEGC.
Mettre en place un plan de gestion à 10 ans : une « feuille de route »
partagée
Il faut d’abord fixer un niveau de référence, point zéro : diagnostic commun partagé par
l’ensemble des acteurs. En Europe la gestion des ressources halieutiques ne peut pas se faire
sur un rythme annuel, dépendant des aléas d’un Conseil des Ministres de passage. Rappelons
que s’il faut cinq ans à une langoustine pour atteindre sa taille de maturité sexuelle, tout
ministère de la pêche d’un des pays de l’UE aura connu cinq ministres pendant cette période.
Au niveau d’une UEGC, faut un engagement sur des plans de gestion à moyen (cinq ans) et
long terme (10 ans) en vue d’atteindre « l’objectif 2015 ». De toute façon, un objectif sur
plusieurs années donne plus de lisibilité pour la conduite des exploitations. Un tel plan de
gestion est une feuille de route partagée par les parties prenantes de l’UEGC et
auxquelles elles se réfèrent de manière régulière.
Etablir des indicateurs de progrès et mettre en place une gestion adaptative
permettant d’évaluer les progrès faits vers l’atteinte des objectifs
On doit déduire de cette feuille de route des indicateurs de progrès mesurables. L’avancement
vers les objectifs est ainsi mesuré de façon régulière (tous les 6 mois ou tous les ans).
A court terme, la concertation doit permettre la conduite d’une gestion adaptative : c'est-à-dire
évoluant et s’adaptant à la grande variabilité de l’exploitation halieutique (variabilité des
ressources halieutiques mais aussi des organisations humaines). C’est un objectif essentiel
puisque c’est à court terme que les tensions se cristallisent. Cette crispation et les conflits
sociaux qui en découlent impriment malheureusement le rythme de la gestion des pêches,
depuis 20 ans. Il faut donc développer un système de gestion avec un ajustement annuel des
paramètres (nombre de jours en mer, caractéristiques des engins, etc.) selon des variations
limitées de façon à lisser les changements imposés sur le moyen terme. La gestion adaptative
ne doit surtout pas être une simple « gestion de la paix sociale » mais bien s’inscrire dans la
feuille de route.
WWF France, Programme « Pêche Durable », 133