Pour une pêche durable

Faisabilité des Unités d’Exploitation et de Gestion Concertées (UEGC)
8.4. Etape 4 : gérer par l’effort plutôt que par la quantité
La pêche est l’exploitation d’une ressource commune. Dans ce contexte, chacun a intérêt à
pêcher le plus possible sous risque de voir pêcher par un autre ce qu’il n’a pas pris lui-même.
Au fur et à mesure du temps, tout navire qui acquiert un avantage en capacité de pêche obtient
le bénéfice de ce différentiel et « aspire » donc les autres navires derrière lui. C’est le
mécanisme pervers de la course aux poissons. Or, pour que l’UEGC soit fonctionnelle, le
partage doit prévaloir. Comme l’analyse des exemples de co-gestion le montre (Annexe 4) il
faut forcer au niveau de chaque UEGC un alignement, une « standardisation » des moyens
d’exploitation.
Pour chaque UEGC, on pourra définir une production biologique donnée pour chaque stock.
Pour rationaliser l’exploitation, il faut attribuer une part de la production biologique
capturable (TAC) à chaque armement. Partant, 2 types de gestion sont possibles : une gestion
par les quantités ou une gestion par les modes de capture.
Dans la gestion par les quantités, on utilise le plus souvent le Quota Individuel (QI). A l’instar
de ce qu’on a observé avec le Domaine Public Maritime, ces QI deviendraient alors
monnayables et transférables. Le risque est alors de voir l’activité se concentrer : quelques
bateaux récolteraient la totalité du TAC. On pourrait éventuellement remplir l’objectif
économique assigné à l’UEGC (chaque bateau optimisant son chiffre d’affaire en fonction des
ses coûts et des bénéfices qu’il peut à peu près prévoir), mais on ne remplirait ni l’objectif
écologique (de tels bateaux s’adapteraient difficilement à la variabilité des écosystèmes), ni
l’objectif social (une telle évolution ferait disparaître des emplois et ferait perdre à l’activité
de pêche son rôle structurant dans l’aménagement du littoral.
Au contraire (§ 6.2.6), la gestion par l’effort répond à la fois aux objectifs écologique
(approche écosystémique), social (meilleure répartition de la production biologique), et
économique (une augmentation de la sélectivité permet un augmentation des captures).
En outre la gestion par l’effort encourage le pêcheur à avoir un comportement de gestionnaire,
à l’inverse de la gestion par la quantité qui fait de lui un « producteur ». Réfléchir aux modes
de capture, c’est se représenter l’impact de son activité sur la ressource et l’écosystème en
général. C’est considérer la mer comme un verger où la santé des arbres est nécessaire pour
cueillir de beaux fruits, et non pas la considérer comme un puits dont l’entretien est inutile.
Définir des mesures techniques exhaustives applicables à tous les bateaux de l’UEGC, et
précisées dans la licence PPS
L’UEGC doit assurer un alignement des moyens d’exploitation (à l’image de ce qu’on
observe dans les pêcheries traditionnelles). A ce titre, les initiatives de « bateaux génériques »
vont dans le bon sens.
WWF France, Programme « Pêche Durable », 136