Pour une pêche durable

Faisabilité des Unités d’Exploitation et de Gestion Concertées (UEGC)
3.1.4. La réforme de la PCP en 2002 et la mise en place des
Comités Consultatifs Régionaux (CCR)
En 2001, la Commission Européenne adopte le « Livre vert », qui avait offert aux
professionnels du secteur une tribune pour la réforme de la PCP. A cette occasion, la
proposition de la Commission avait déclenché localement l’organisation spontanée (et
souvent informelle) de nombreux groupes de réflexion. S’appuyant sur ce travail de
consultation, la Commission, avec la réforme de 2002, a défini 4 grands objectifs et proposé
des actions qui répondent en partie au problèmes précédemment soulevés :
- en termes d’échelle et de gouvernance : accroître l’implication des acteurs au
processus de décision et améliorer ainsi la gouvernance en créant les Comités
Consultatifs Régionaux (CCR), en décentralisant certaines responsabilités de
gestion et en resserrant les liens entre professionnels et scientifiques ;
- en terme de temps : améliorer les conditions de conservation et de protection
des écosystèmes marins, en adoptant des quotas pluriannuels et
plurispécifiques fondés sur le principe de précaution, en intégrant davantage
l’environnement et en renforçant et harmonisant le contrôle de la pêche ;
- garantir la viabilité et la pérennité du secteur des pêches et de l’aquaculture, en
aidant les collectivités côtières à réduire leur dépendance à la pêche
(reconversion des marins vers d’autres secteurs d’activité) ;
- promouvoir une pêche durable hors des eaux communautaires, en soutenant les
organisations régionales (ORP), en luttant contre les pêches illégales.
Opération de communication et « alibi politique », ou véritable volonté, l’établissement des
Comités Consultatifs Régionaux (CCR) est l’outil dont la commission s’est dotée pour
organiser et structurer une consultation régionale des acteurs. Par rapport aux problèmes
identifiés, les CCR devraient permettre une véritable avancée à la fois en terme de
gouvernance (implication des acteurs) et en terme d’échelle. Mais l’échelle reste trop grande
pour une « appropriation par le terrain ». Ils offrent néanmoins une plate-forme de
concertation sur laquelle peuvent se raccrocher des initiatives locales.
D’autre part, la pêche reste appréhendée comme une activité purement productive et la seule
conclusion à la surcapacité actuelle de la flotte européenne est de reconvertir les pêcheurs à
d’autres métiers. Or, l’évolution de la demande du public (produits des proximité associés à
un territoire, cf § 2.1.1) devrait amener à réfléchir à des transformations de l’activité
permettant un maintien des emplois et des communautés locales dépendant de la pêche.
A l’instar de l’évolution qu’on a pu observer pour l’agriculture et les agriculteurs, la pêche et
les pêcheurs, dans leur dimension industrielle, sont de plus en plus perçus comme des
destructeurs de l’environnement, vivant des subsides de l’Union Européenne. La prise de
conscience de ce risque doit amener une véritable transformation de l’activité de pêche en
Europe. D’une activité productiviste et destructrice, la pêche doit maintenant évoluer vers une
activité privilégiant la qualité des produits et le respect de l’environnement. Les communautés
littorales vivant de la pêche doivent aujourd’hui anticiper et proposer, agir. Ce sont elles qui
seront moteur du changement. La PCP doit quant à elle s’ajuster à l’échelle de ces
territoires et fixer des objectifs clairs pour un développement durable de la filière
halieutique.
WWF France, Programme « Pêche Durable 39