Pour une pêche durable

Faisabilité des Unités d’Exploitation et de Gestion Concertées (UEGC)
Ce phénomène est aussi observable à l’échelle européenne. « La capacité de pêche (jauge et
puissance motrice des navires) a diminué très lentement au cours des dix dernières années
(de 2 % par an en puissance motrice). Cette légère baisse a été totalement compensée par le
renforcement constant de l’efficacité des navires de pêche. Malgré la réduction de la capacité
de pêche, les avis scientifiques ne signalent aucune amélioration significative des stocks de
poissons commercialement importants» (communication de la Commission Européenne,
2006).
Le caractère contraignant des POP a en outre renforcé les sentiments négatifs des pêcheurs à
l’égard de l’action communautaire. Selon LEQUESNE (2001), les POP ont « incarné aux
yeux des pêcheurs européens, quel que soit leur métier et leur situation économique,
l’archétype de la régulation centralisée depuis Bruxelles visant à mettre leur activité sous
tutelle. »
Les ministres de la pêche des pays de l’UE privilégient les intérêts nationaux
" La régulation européenne met en jeu non seulement des fonctionnaires de la Commission et
des comités d’experts dont les attentes sont largement déconnectées des cycles électoraux,
mais aussi des acteurs politiques dont la rationalité décisionnelle est fonction de la
préservation de la paix sociale dans les territoires nationaux, y compris lorsque celle-ci est
susceptible d’être menacée par un groupe social très limité comme les pêcheurs. Elle permet
même d’affirmer que les préoccupations des seconds tendent à prévaloir sur celles des
premiers, le maintien de la paix sociale dans les ports primant sur l’avenir des stocks de
poissons " (LEQUESNE, 2001).
La négociation politique privilégie donc la défense des intérêts nationaux alors que l’activité
de pêche n’est pas circonscrite par les frontières des états et la plupart des pêcheries
européennes sont aujourd’hui transnationales.
Une gestion à court terme (1 an) pour des phénomènes évoluant à moyen (5 ans) ou long
terme (10 ans)
Il n’y a rien à gagner et tout à perdre comme ministre de la Pêche. Au mieux, il s’est bien
battu, et a réussi à limiter les réductions de TACs préconisées par la Commission. Cela
n’encourage évidemment pas au courage politique.
S’il faut 3 ans à 1 langoustine ou 5 ans à un bar pour atteindre leur maturité sexuelle, un
ministre de la pêche d’un pays de l’Union Européenne ne reste rarement plus d’un ou deux
ans en fonction. Dans ces conditions, il n’a aucun intérêt à développer une nécessaire
planification stratégique à long terme.
Globalement en Europe, la capacité de pêche est trop importante par rapport aux ressources
halieutiques exploitables. Pour revenir à un niveau soutenable, il faut donc diminuer cette
capacité. A court terme, cette réduction s’accompagnerait d’une diminution des moyens de
capture. Ainsi, les intérêts professionnels arguant de raisons sociales et économiques poussent
logiquement à augmenter les volumes autorisés. Les ONG de défense de l’environnement,
fortes des avis du CIEM, appellent à respecter les niveaux de capture soutenables afin de
préserver les capacités productives des stocks.
WWF France, Programme « Pêche Durable 37