Pour une pêche durable
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Faisabilité des Unités d’Exploitation et de Gestion Concertées (UEGC)<br />
Même s’il existe à l’échelle des commissions spécialisées (voir infra), le débat est pauvre.<br />
Difficile entre scientifiques et professionnels, il est absent entre les professionnels et le reste<br />
de la société. On est loin d’un dispositif de co-gestion (§ 2.4.4).<br />
Une « filière » construite sur <strong>une</strong> logique de quantité en décalage avec le marché français des<br />
produits de la mer<br />
A l’instar de ce que prévoit la Politique Comm<strong>une</strong> de la Pêche, l’aval de la filière halieutique<br />
française a été organisé selon <strong>une</strong> logique de quantité. <strong>Pour</strong> la filière, le but est encore souvent<br />
d’écouler ce qui est pêché et non pas de <strong>pêche</strong>r pour le marché. Ainsi l’augmentation<br />
fulgurante de la consommation en France depuis 20 ans (2%/an en moyenne), a été<br />
exclusivement couverte par l’importation (TANGUY, 2006). Les produits des <strong>pêche</strong>s<br />
françaises ne couvrent plus que 15% de la consommation nationale, et ils peinent à trouver<br />
leur place. Il semble aujourd’hui que les « espèces de la <strong>pêche</strong> française doivent rechercher un<br />
positionnement qualitatif tout en maîtrisant les coûts nécessaires dès la capture »<br />
(PAQUOTTE, 2006).<br />
D’autre part, il faut remarquer que les structures permettant d’organiser l’aval de la filière (OP<br />
et criées) ne concernent pas l’ensemble de la <strong>pêche</strong> française. En effet 34% de l’ensemble des<br />
<strong>pêche</strong>urs sont en dehors de l’organisation économique assurée par les OP (TANGUY, 2006).<br />
De même, 39% des quantités pêchées sont débarquées en dehors du circuit « officiel » des<br />
halles à marée (OFIMER, 2006). Une part non négligeable des produits des <strong>pêche</strong>s françaises<br />
passe donc en dehors de ces « circuits officiels ».<br />
La dissension entre les structures : conséquence du non-choix entre gestion par la quantité ou<br />
gestion par l’effort<br />
L’activité de <strong>pêche</strong> est gérée à la fois par la quantité (via les quotas alloués) et par l’effort (via<br />
les licences). L’utilisation d’un système de licences – géré par les CRPMEM sous l’autorité<br />
administrative – ignore un certain nombre d’acteurs et confie l’essentiel des prérogatives aux<br />
comités. Les OP, élément clé de la gestion des <strong>pêche</strong>s à l’échelle européenne, restent ainsi à<br />
l’écart de ce système.<br />
Un contrôle laxiste qui a encouragé la fraude et la triche<br />
La France est le premier Etat Membre « condamné à <strong>une</strong> amende forfaitaire de 20 millions<br />
d’euros pour avoir manqué à ses obligations communautaires en matière de <strong>pêche</strong> [..] la<br />
Commission a considéré que la France ne respectait toujours pas intégralement ses<br />
obligations en tolérant la mise en vente de poissons sous taille et en maintenant <strong>une</strong> attitude<br />
permissive dans la poursuite des infractions » (Communiqué de presse de la Commission des<br />
Communautés européennes, 12 juillet 2005).<br />
La possibilité de vendre sous taille crée des distorsions au sein de la filière. Elle avantage les<br />
fraudeurs au détriment de ceux qui respectent les règles. Or un système de gestion ne peut<br />
fonctionner que si ceux qui en dépendent peuvent recueillir les fruits de leurs efforts. Par<br />
exemple, les <strong>pêche</strong>urs chalutiers qui respectent le maillage réglementaire pour laisser les<br />
juvéniles atteindre leur maturité sexuelle veulent pouvoir <strong>pêche</strong>r plus tard les adultes, sans<br />
qu’il n’ait été capturé par des <strong>pêche</strong>urs ne respectant pas les règles.<br />
WWF France, Programme « Pêche Durable 48